Le Cirque du Silence

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La nuit est tombée depuis quelques heures déjà sur le grand temple du silence. Au milieu du cirque naturel d'Orsque, la lumière de la lune se divise en rayons dispersés contre les cimes des monts. A l'extérieur, dans une sombre anfractuosité qui forme un tunnel, une silhouette encapuchonnée s'y est glissée fébrilement. Elle arrive dans ce gigantesque gouffre circulaire, où un grand étang laisse des courtes plages. L'humidité du sable laisse comprendre au voyageur que l'eau de l'étang était bien plus haute il y a peu de jour ; probablement n'y avait-il pas de berges alors. Les érosions constantes du tunnel qu'elle avait traversé s'expliquaient maintenant facilement, le gouffre était la source d'un torrent qui affluait à Séquenos, un large fleuve parcourant la moitié du Nold.

Aussitôt qu'elle pénétrait dans l'enceinte, elle se retourna immédiatement ; des énormes herses pleines s'abattaient rythmiquement une à une dans son sillage - fracas assourdissant - un, deux, trois énormes blocs de pierre scellaient à présent l'entrée devenue impénétrable.

Très réjouissant... D'autant plus que la pluie s'annonçait, les lourds nuages noirs n'auguraient rien de bon. La mystérieuse ombre eut le moral déjà bien entamé mais elle pensa au repas chaud qui l'attendait sûrement là-haut. A sa gauche, pas très loin, était sculpté un escalier en diagonale se retournant dans la direction opposée à peu près tout les quatre-cent mètres. Elle entama des marches qui ne se comptaient pas. Elle ne put toutes les gravir en une seule fois ; des paliers toutes les deux-mille marches lui permirent de s'arrêter au deuxième sous le coup de la fatigue.

Le personnage était parti le jour précédent dans la matinée et avait parcouru une distance littéralement incroyable pour un homme ; personne ne le croirait quand il rentrera... Sans lire la lettre qu'on lui avait donné, il était parti immédiatement dans la direction que son supérieur lui avait décrite.

Au palier sur lequel il s'arrêta, il y avait, par chance, un chalet.

En y rentrant l'obscurité était telle qu'on aurait cru que l'ombre se détachant de la nuit était un fantôme. Il rentra, il n'y avait qu'une seule pièce remplie par, une cheminée centrale, des lourds tapis poussiéreux servant de lits, et un vieux coffre. En tentant de l'ouvrir, il en força les charnières trop rouillées. Il y avait à l'intérieur, des appâts, une canne à pêche ainsi que quatre tubes en grenadille, percés, et de longueurs différentes. Il y trouva surtout un briquet, et alluma le bois sec de la cheminée sans faire attention au fait qu'il était recouvert de résine de pin.

Les flammes montèrent donc bien plus haut que prévu et allumèrent une mèche de longs cheveux qui se révélèrent être blonds. L'homme qui se révélait être une femme, souleva rapidement sa capuche et écrasa la flammèche entre son pouce et son majeur.

Elle se coucha et tomba dans les bras d'un sommeil et d'un silence profond.

OrmiseWhere stories live. Discover now