Aller simple pour Destiny City - Chpt 2

63 4 0
                                    


Jude m'a donné son numéro si jamais j'ai besoin dequelqu'un pour me faire visiter la ville et de rencontrer dumonde. Il vit dans une collocation sur le Plateau, mais je nesais pas encore ce qu'est le Plateau puisque le taxi medépose à mon hôtel avant lui. Me voilà arrivée à l'HôtelVictor, rue St-Hubert et visiblement en plein centre-ville. 

La fille à la réception m'accueille avec un « Salut! Ça vabien? », et me donne les clefs de ma chambre, quand je luiprends des mains et la remercie, elle me répond« Bienvenue », je savais que je serais celle sans accent unefois à Montréal, mais je ne pensais pas que je passeraispour si nouvelle. Finalement je comprendrai plus tard quece n'est pas noté sur mon front, mais que quand onremercie quelqu'un ici, plutôt que de lui dire « de rien » ou« pas de quoi » ou encore « je t'en prie », on répond plutôt« bienvenue » ou « ça fait plaisir ». Je monte dans machambre et traîne péniblement ma valise derrière moi. Lespresque 7h de trajet et les 6h de décalage commencent àfaire apparaître les premiers symptômes du jet lag. Avantde tomber littéralement de fatigue, je prends juste lenécessaire et décide de m'occuper du plus urgent : metrouver un numéro de téléphone. Heureusement pour mesjambes qui ont du mal à me porter arrivée à ce stade de lajournée, mon hôtel se trouve proche de la Station de MétroBerri-UQAM, qui semble être le carrefour de toutes leslignes de métro, et donc proche de la rue principale, Ste Catherine. La rue est grande est pleine de magasin, je suis dans ce qui semble être le Village Gai si j'en crois ce qu'endit mon guide. Mais en levant la tête et en regardant lesbars et commerces du coin, je me rends vite compte que lesdrapeaux arc-en-ciel sont sur toutes les devantures, ainsique les photographies d'hommes torses-nus pour attirer lesclients. Je finis par arriver devant le magasin d'un opérateurtéléphonique, et lui indiquer pourquoi je suis là. Je choisismon forfait et les quatre derniers numéros de montéléphone, 1964, l'année de naissance de ma mère. Levendeur prend mon téléphone, et met la SIM, pas de codepour la déverrouiller, pas de cheque, paiement ou même decompte en banque demandé. Simplement mon adressemail sur laquelle ils enverront mes factures. Je suis assezsurprise, mais je ne suis pas contre un peu de facilité pourdémarrer ma nouvelle vie. Au passage on m'indique que jepourrai me connecter au Wi-Fi presque partout ici,notamment dans la rue. C'est donc la première chose que jefais en sortant, et je vois les notifications s'accumuler surl'icône bleue de Facebook. « Bon voyage! », « Commentétait ton vol? », « Alors, les caribous, tabernacle?! », et un« Coucou ma chérie, appelle-nous quand tu es arrivée etque tu as internet ». Je me pose dans le parc ÉmilieGamelin, et j'en profite pour passer un appel en visio à mesparents. Le décalage horaire fait qu'il est beaucoup plustard chez eux que là où je me trouve, mais quand ilsfinissent par décrocher je vois qu'ils attendaient mon appelavec impatience avant d'aller se coucher. Je sens mes yeuxse gonfler d'eau à nouveau quand je les vois sur mon petitécran, et je sens que je ne suis pas la seule émue et ma mère me fait promettre de la rappeler le lendemain pour latenir au courant de mes avancées. Faut dire que j'ai priscette décision mais que je ne suis pas la seule que ça aengagée. Bien sûr en partant seule, j'ai dû couper un lienavec ma famille principalement, alors que tout allait bienentre nous. Et maintenant que je suis là, c'est comme si jedevais justifier cette coupure, ou tout du moins fairequelque chose ou trouver quelque chose que je n'avais paschez moi, pour justifier pourquoi je suis partie. Comme si jepensais qu'ils ne me suffisaient plus ou que je ne les aimaisplus. C'est plutôt moi qui ne me suffisais plus à moi-même.      Après avoir entrepris de marcher jusqu'à la stationMcGill et aux grands mall du centre de la rue, je me suis viterendu compte qu'ici j'allais muscler mes mollets et j'aidécidé de retourner à l'hôtel, répondre à tous mesmessages, et essayer de me reposer pour me aborder lesjours qui viennent avec motivation! 

Après quelques jours j'ai enfin un compte en banqueCanadien, un numéro d'assuré social, ma carte Opus pour lemétro et une idée des différents quartiers qui m'entourentaprès y avoir marché quelques kilomètres, seule et enprenant mon temps pour en photographier chaque détails,notamment dans mon esprit. On n'a cessé de me répéterqu'il fallait que je profite de cette expérience au maximumparce que je ne la vivrai qu'une fois. Cela fait maintenant 5 nuits que je suis arrivée et àl'hôtel, ou j'avais initialement prévu de rester pour 7. Il esttemps pour moi de passer activement aux recherches d'appartements ainsi qu'aux visites si je veux trouver dansle temps qui m'est imparti. Après être allée chercher moncafé au Starbucks du coin, je m'installe sur mon ordinateuret je fais une liste pour mes recherches :


 - Seule ou en collocation 

- Plateau Mont-Royal 

- Rosemont 

- Beau bien- Maximum 800$ 

- 3 ½ ou 2 ½, soit nos F2 ou F1 Bis 

- Étage ou demi-sous-sol

Visites après visites, je finis enfin par trouver monbonheur. Je signe le bail le 1er Juin et je n'ai dû rajouter quedeux nuits d'hôtel sur mon planning d'origine. Liv, 24 ans,Française à Montréal, avec un petit appartement surl'Avenue Chateaubriand proche de la station Beau bien, avecpour seul meuble personnel : une valise, aucune vie socialeet un compte en banque à la recherche d'un travail.Heureusement pour moi, l'appartement est équipé avec lefour, le frigidaire, la machine à laver et le sèche-linge... Deux jours après ce qu'on pourrait appeler unemménagement éclair, me voilà dans mon salon, assise surun coussin qui me sert de canapé réduit, face à monordinateur. Je dois me trouver du travail avant de meublertout ça, même si j'ai les fonds suffisants pour acheter cequ'il faut, je vois toujours le pire côté des choses et jem'imagine à devoir repartir dans une semaine, effrayée parla vie seule et loin de là où elle aurait dû se dérouler, avec mes meubles à revendre, et plus assez d'argent pour mepayer mon billet d'avion retour. Quoiqu'il en soi, il me fautun travail. J'ai étudié le journalisme pendant 5 ans enFrance, et j'ai accumulé quelques expériences diverses. Onpeut dire que mon curriculum vitae n'a rien de vraimentstructuré, mais qu'il est plutôt décousu. Mes stages étaientbien sûr en rapport avec mes études, mes emplois parcontre... C'est autre chose. 6 Mois dans une banque, 2 dansun salon de toilettage, 8 pour un petit magazine gratuit dema ville, 5 dans une école de danse et 3 au servicecommunication de la mairie d'une petite commune, 2années de bénévolat pour une association culturelle de maRégion et serveuse les weekend en extra pendant 1 an et 1semaine dans un bar du centre-ville. A défaut d'avoir unevie originale, on peut dire que mon CV est quant à lui...Atypique. Comme celui de plus en plus de personnes de magénération en France.

Après m'être renseignée sur les forums et groupesconcernés, je sais qu'il me faudra obtenir une expériencelocale qui me servira de référence pour trouver un emploiplus important par la suite. « La première expériencequébécoise » qu'ils disent... Le départ, l'avion,l'appartement, maintenant le travail, il semble qu'en unesemaine et demie j'aie déjà passé quelques étapes.

Aller Simple pour Destiny CityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant