Le temps était lourd, l'air électrique. Un orage de fin d'été s'apprêtait à éclater sur la ville.
La rue était déserte en ce début de soirée. Puis, au détour d'un café elle apparut.
Elle était jeune, son regard vide, figé vers le lointain. Sa chevelure châtain flottait au vent, ses bras restaient étendus le long de son corps, se balançant au rythme de sa marche, lente mais régulière.
Elle ne portait qu'une fine robe noire, ses pieds nus poursuivant leur progression sur le goudron encore chaud de l'après-midi ensoleillée. Elle ne savait pas pourquoi elle se trouvait là. Elle était incapable de réfléchir, un brouillard épais occultant ses pensées. Elle voyait cependant défiler des images, des personnes, des moments, des souvenirs sûrement. Plus elle essayait de s'accrocher à l'un d'entre eux, plus celui-ci se brouillait, s'estompait, jusqu'à s'effacer pour disparaître entièrement de sa mémoire. Les visages, eux, se rassemblaient en tourbillon dans sa tête, l'assaillant de toute part. Elle redoutait de s'effondrer à tout instant ; mais poursuivait sa route inéluctablement. Elle connaissait ces personnes, il ne s'agissait pas d'une simple illusion émanant de son cerveau. Cependant elle était incapable de se souvenir qui ils étaient. Quels étaient leurs noms ? Avait-elle été proche de tous ces gens ? A chaque pas sa mémoire se troublait un peu plus. Un pas, un souvenir. Un pas, un nom. Ses oreilles bourdonnaient, la réalité semblait lointaine, comme si une cage de verre la séparait du monde qui l'entourait. Elle n'avait plus conscience de ce qu'elle faisait, de ce qui l'entourait. La panique s'apprêtait à la submerger lorsqu'elle l'entendit.
La mélodie. Seul élément lui parvenant encore de l'extérieur. Il lui permit de s'assurer qu'elle avait encore conscience d'exister. Ce chant doux, suave, l'hypnotisait, lui dictait d'avancer, de poursuivre son chemin. D'où provenait cette musique ? Tout était si confus ; elle ne s'était pas aperçu du son qui s'écoulait en elle, rythmant les battements de son coeur depuis maintenant un long moment. Au début, la musique s'était faite discrète. Elle s'était insinuée doucement, sournoisement. Mais à présent, son esprit vide de toute pensée, elle ne ressentait plus que cela, ce chant qui la guidait vers une destination inconnue.
Le ciel était à présent entièrement voilé, mélange de noir et de pourpre. Il n'y avait pas de vent, il semblait s'être figé, tout comme le temps. Et c'est cet instant, cet instant où tout semblait cesser d'exister, que l'averse s'abattit. Elle ne vit jamais cette averse, elle ne sentit pas son corps ruisseler de l'eau qui s'écoulait en un flot dense et ininterrompu. La première goutte tomba, silencieuse, mais à la fois si bruyante, venant troubler ce calme avant la tempête. Sa chute sembla durer une éternité ; mais dans un tourbillon d'urgence, menant vers un possible inconnu, elle coula sur sa main gauche.
A cet instant, tout devint noir.
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Elya : Origines
ParanormalElle ne portait qu'une fine robe noire, ses pieds nus poursuivant leur progression sur le goudron encore chaud de l'après-midi ensoleillée. Elle ne savait pas pourquoi elle se trouvait là. Elle était incapable de réfléchir, un brouillard épais occul...