Chapitre 8

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Martin et moi avons parlé toute la soirée. Le docteur Fost était tellement content de me voir parler avec quelqu'un et m'amuser qu'il a permit à Martin de manger avec moi. C'était le premier vrai repas que je prenais depuis le départ de maman. J'ai essayé de manger tout ce que je pouvais mais je me suis vite arrêtée, prise de nausées. Mais j'ai repris me habitudes de malade responsable, et j'ai donc planté l'aiguille reliée à ma perfusion pour ne pas risquer de faire une crise d'hypoglycémie, ça me fatigue énormément et ça me fait mal.

 Il a débarqué dans ma chambre à six heure de l'après-midi, et, il est repartit à dix heures du soir. Il a beaucoup parlé, moi, un peu moins, j'étais hypnotisée, on aurait dit un poète. 

Martin vient du Sénégal, d'un petit village pauvre où son école a brûlé. Cet événement l'a beaucoup bouleversé, car son école était son refuge, il adorait ça. Son père était toujours très occuper et personne dans son village n'avait reçu une éducation assez développée pour tenir une discussion sur un poème de Victor Hugo pendant deux heures. Il n'a pas reçu la même scolarisation que les enfants de chez moi, il n'a pas eu ma chance, il n'a pas eu toute les discussions sur des problèmes philosophique  que j'ai eu avec mon père et ma mère dès mon plus jeune âge. Alors pour s'occuper, quand il ne jouait pas avec ses copains, Martin allait voir un couple de vieux à qui il s'était très attaché, et ce c'était réciproque. Il était pour eux, comme le petit-fils qu'il n'avait jamais eu. Ces sénégalais avaient tout vu, ils pouvaient tout raconter, alors ils racontaient, à Martin. La vieillarde s'occuper de lui raconter comment vivaient les autres civilisation du monde, celles d'Afrique et celle d'ailleurs. Son maris lui parlait de la guerre qu'il avait vécu, ou de celles qu'il n'avait pas vécu Ces gens là, ils avaient voyagé, ils avaient visité, ils avaient parlé avec les gens, ils avaient mangé des choses, ils avaient vécu des sensations fortes. Et ils racontaient tout à Martin qui pouvait rester pendu à leurs lèvres pendant des heures. Maintenant c'est à mon tour de rester pendu à celles de Martin. Il parlait avec tant de passion, tant d'émotions, on aurait dit un poète, un conteur. Il a parlé longtemps et pour moi ça n'avait duré que quelques minutes, il m'avait embarqué avec lui dans son village, chez les vieux, dans toutes ses aventures, dans toutes sa vie.

 Quand il est parti, cela faisait une demi heure que nous ne parlions plus, nous étions allongés par terre la tête sur les deux oreillers de mon lit, nous regardions le plafond. Mon ciel à moi, rempli d'étoiles. Mon univers personnel, que j'avais partagé avec Martin.

 Un jour, quand je regardais ma chambre d'hôpital, depuis mon lit, je me suis rendue compte qu'elle était banale, qu'elle ne me représentait pas, et comme j'allais rester pendant un temps indéfini, mieux fallait-il que je l'aime. J'ai alors demandé au docteur si je pouvais la décorer. Je crois qu'il commencé déjà à en avoir marre de moi et de mes idées complètement folles, alors il a soufflé et m'a dit de faire ce que je voulais, que les locaux ne lui appartenaient pas et que ce n'était pas son problèmes. J'ai toujours rêvé de toucher les étoiles, je les regardais pendant des heures avec mes parents, je levais ma main, et avais l'impression qu'elles n'étaient pas si loin que ça. J'avais l'impression que ma main de petite fille de cinq ans réussirais à en attraper une. J'ai aussi accroché un dessin de zèbre que Pierre m'avait dessiner quand nous étions petit, alors dans certains moments, comme au bon vieux temps, je regarde mon zèbre que je n'arrive plus à voir, que je n'arrive plus à créer. Il est seul au milieu des étoiles, comme moi au milieu de ce monde que je trouve tellement différent de moi. Martin m'a demandé qu'elle était l'histoire du zèbre accroché à mon plafond. Au début je n'ai pas répondue, et je me suis rendue compte que je ne voulais partager mon zèbre avec personne. Il est le dernier souvenir qu'il me reste de mon amitié avec Pierre. Alors pour toutes réponses, j'ai glissé ma main dans la sienne et il n'a pas insisté, mais j'ai cru le voir sourire au contact de ma peau.

Maladie de cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant