C'est le dernier jour de l'année. Contrairement à Noël, John et Sherlock n'ont invité personne pour fêter le nouvel an. Mrs Hudson a préparé du pudding et est partie chez sa famille.
Sherlock joue du violon.
John soupire. Cela fait deux ans qu'il connait Sherlock. Et plus d'un an qu'il en est amoureux. Enfin, qu'il accepte d'en être amoureux.
Dans une heure, on changera d'année.
Généralement, John considère qu'il est chanceux d'être l'ami de son merveilleux sociopathe. C'est déjà énorme, le connaissant, de compter un peu pour lui.
Mais tantôt, il se dit que ça ne suffit pas. C'est parfois difficile de voir de si belles lèvres et de ne pouvoir les embrasser, d'observer ses cheveux bouclés sans pouvoir y glisser ses doigts, de ne pas pouvoir lui prendre ses mains si fines et légères.Les yeux dans le vague, il écoute le violon chanter.
Il se dit que sa mélodie reflète si bien ce qu'il ressent que c'est troublant. Et Sherlock, qui semble plongé dans sa musique, tente désespérément d'exprimer ce qu'il ne sait pas dire. Les notes se succèdent, lentes ou passionnées. Elles racontent des sentiments bien trop forts pour celui qui pensait ne pas avoir de cœur, elles pleurent et crient, mais sont toujours harmonieuses.
Enveloppés dans la musique, ils pensent tous les deux que leur amour n'est pas partagé.
Il reste quelques minutes avant le nouvel an. Sherlock s'arrête de jouer et s'éclipse. C'est à peine si John le remarque, il est somnolent. Un appel le fait sursauter :
« John ! Viens ! »
La voix de Sherlock provient de la cuisine de Mrs Hudson. John se lève, s'y dirige et se demande qu'est-ce qu'il se passe.
Le détective consultant remplit deux verres de champagne. Il sourit. Déclare que c'est presque le nouvel an, et qu'il faut trinquer.
« - Sherlock ? Je croyais que tu t'en fichais ? Tu te sens bien ?
- Mmh ? Mrs Hudson m'a dit que ça te ferait plaisir que je me plie un peu à ces traditions... »
Pourquoi semble-il rougir ? John s'approche de lui pour prendre son verre et sourit, étonné. Et... Sherlock lève les yeux vers le plafond.
Une branche de gui y est accroché, par une... étrange coïncidence. (L'univers étant trop paresseux pour en faire, Mrs Hudson en a inopinément créé une.).
« - Mrs Hudson m'a raconté une tradition très très importante. Elle m'a dit qu'il fallait absolument que je la fasse pour que tu passe un nouvel an réussi, et que c'était vraiment primordial. Elle a beaucoup insisté, d'ailleurs...
- Et... c'est quoi exactement cette tradition ? »
John sourit encore.
Sherlock pose lentement sa main sur son épaule; il le regarde dans les yeux, avec ce regard qui, le premier, a fait douter John.
Le brun avance ses lèvres vers son visage.
Elles atterrissent pas tout à fait sur sa joue, et pas tout à fait sur sa bouche, par un mouvement fortuit.
Ils deviennent très rouges.
Et puis... c'est peut-être le peu de champagne qu'ils ont bu, ou la musique qui les a engourdis, mais brusquement, leurs doutes s'envolent.
Il est minuit.
DING !
Les deux mains de Sherlock prennent le visage de John...
DING !
Leurs corps se rapprochent...
DING !
Leurs lèvres s'effleurent d'abord...
DING !
Puis c'est un baiser...
DING !
Un baiser plus appuyé...
DING !
Sensuel...
DING !
Passionné...
DING !
Ils reprennent à peine leur souffle...
DING !
Et continuent, pour rattraper le temps perdu...
DING !
Et John peut enfin glisser ses mains dans la chevelure de Sherlock...
DING !
Et les fameuses mains de ce dernier furètent sur le corps de l'autre...
DING !
Ainsi ils ont leur premier baiser, aux prémices d'un nouvel an qui commence décidément bien...
Et pendant que tout le monde fêtent jovialement le passage annuel, John et Sherlock le fêtent aussi, bien que plus... charnellement...
En rentrant au 221b, Mrs Hudson se demande si ses insistants conseils relatifs aux traditions ont porté leurs fruits. En prenant en flagrant délit d'embrassements ses deux chers protégés, qui, déjà levés, se délectent de chaque instant, la vieille logeuse sourit. Elle en était sûre...
//Boooonne année cher lecteur ! J'espère qu'elle te sera heureuse !
Cet OS est le premier que je finis en Johnlock, je suis joie là. Il fait précisément 666 mots, c'est un signe. Et j'espère qu'il t'a plu !
Ah, et c'est précisément le fanart qui est en media qui m'a brusquement donné envie d'écrire ça, l'après-midi de Noël. Intéressant, n'est-ce pas.//