Une transaction... inhabituelle.

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La camionnette avait quitté le centre-ville depuis une vingtaine de minutes, et se dirigeait vers un endroit inconnu aux trois hommes. Le chauffeur avait pris l'autoroute, la camionnette tremblait par l'appel d'air des voitures qui allaient beaucoup plus vite qu'elle. Il entraînait le véhicule à une vitesse ni trop rapide, ni trop lente, pour ne pas paraître suspect, car il savait qu'un contrôle policier résulterait en une tuerie. Deux des hommes arboraient des armes lourdes, pour protéger le dernier, John. Assis sur une des banquettes, il buvait un whisky, avec un sourire qu'il ne quitte jamais. Sa bonne humeur ne résultait pas de l'alcool, mais d'histoires plus sombres, reflétées par l'atrocité de son métier.

La camionnette tourna ; elle quittait l'autoroute. Un des hommes chargés de la sécurité se leva de sa banquette, et regarda par la fenêtre teintée.
- Un désert. Quelle idée, sérieux. Qu'est-ce qui empêcherait cet inconnu de vous abattre, dans ce terrain plat et vide ? C'est ridicule. Il suffirait d'un sniper pour que vous rejoigniez vos marchandises.
- C'est bien pour ça que je vous aie embauché avec ton collègue, répondit John.
- Pourquoi vous ne le flinguez pas ? rétorqua le second garde, en insérant le chargeur dans son arme. Ça vous ferait une pierre deux coups, vous empocheriez deux corps pour le prix d'un, vous feriez des économies en payant Marc non ? Il le terminera rapidement, finit-il en souriant, assis à nouveau sur la banquette.
- Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Nous n'achetons quasiment jamais chez des particuliers d'habitude malgré qu'ils soient beaucoup moins chers. Alors si nous commençons à les tuer un par un, ce serait contre-productif. De plus, je n'ai aucun intérêt à récupérer des corps morts. Marc n'est payé que pour assassiner, non enlever.

John but une gorgée.

Et je suis assez curieux de savoir pourquoi il nous le vend.
- Vous risquez votre vie pour une simple curiosité ?
John soupira.
- Vous essayez de faire quoi ? De me décourager d'y aller ? Vous ne souhaitez pas être payés ?

Il se leva.

Eh bien il n'y a que la moitié qui fonctionne dans votre plan : comptez sur moi pour en toucher deux mots à River, je veux plus vous voir après cette affaire.
Les deux hommes se regardèrent, avalant leur salive, tandis que John se rassit.
Eh bien, tout de suite quand on lève le ton ça change d'attitude à ce que je vois.
- On trouve ça simplement ridicule de risquer gros pour une simple curiosité. Vous pourriez vous faire plus en prenant le vendu, et le vendeur. Vous postez Marc pas loin, avec un mouchoir imbibé de gaz endormant, et le tour est joué.
- Je te l'ai déjà dit. Il n'enlève pas. Il tue.

Le premier garde se releva.
- C'est quoi votre entreprise, sérieux ? Il ne sait pas se contrôler l'autre ? Ce n'est pas compliqué d'enlever sans tuer !

John se leva, fixa l'homme dans les yeux.

- Cette Entreprise dont tu parles là. Dans moins d'un an, tu supplieras pour la rejoindre, et tu seras bien content que Marc ne fasse que tuer, car ça permettra d'embaucher. Maintenant reste à ta place et apprend à la fermer tu veux ?
L'homme s'exécuta en soufflant.
- Nous sommes arrivés, annonça le chauffeur.
- Enfin.
Les deux hommes sortirent de la camionnette, arme à la main, et se postèrent des deux côtés de la porte latérale. Une voiture, noire, assez vintage, les attendait. John finit par sortir de la camionnette en posant son verre sur la banquette. Devant le silence, il engagea.
- Je ne pense pas que ce soit possible de parler business avec une voiture.
Les deux gardes regardèrent les alentours, doigt sur la gâchette, craignant une embuscade.
Une voix sortit de la voiture, qui bougeait de temps à autre.
- Qu'est-ce qui me fait dire que vous ne me tuerez pas dès que je sortirais, pour m'emmener avec ce que je vous vend ?
Les deux gardes sourirent. John leur jeta un regard noir et répondit :
- Parce que je n'en ai pas l'intérêt.
- Dites à vos hommes de poser leurs armes, la mienne est rangée.
Un silence arriva. Le vent souffla dans le désert, tandis que la voiture bougeait, secouée par ce qu'elle transportait.
- S'il vous plaît, rajouta la voix.
Nouveau silence.
- Posez vos armes à vos pieds, ordonna John.
Les gardes se regardèrent, soufflés par cet ordre.
- MAINTENANT, cria John.
Les armes tombèrent la seconde suivante.
La portière de la voiture s'ouvra. Un jeune homme d'une vingtaine d'années en sortit. Il était brun, de taille moyenne, dans un gros manteau qui lui donnait une fausse envergure. Les yeux verts, il scrutait les environs, sans trembler pour autant.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
Il se dirigea vers le coffre, contenant le produit qui allait être vendu. Celui-ci était bâillonné, avec un sac en papier sur la tête, percé de telle sorte qu'il puisse respirer.
- Lève-toi et avance, lança le vendeur en lui donnant un coup de pied.
Le bâillonné s'exécuta en pleurant.
- A genoux.
Il se trouva au milieu entre John et le jeune homme, à trois mètres de chaque groupe.
- Le voilà.

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⏰ Last updated: Dec 28, 2019 ⏰

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La chute d'un hommeWhere stories live. Discover now