La paix

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J'ouvre mes yeux et regarde le plafond de ma chambre. Déjà lundi! Ça m'exaspère! Qui peut aimer un lundi matin d'ailleurs? Surement le plus odieux des menteurs?

J'entends ma sœur faire son sac? Ah, la parfaite est déjà sur pieds? Bien...

Sans un bonjour, je me dirige vers mon bain.

Après m'être préparée, je descends prendre mon petit déjeuner. De passage, je jette un coup d'œil vers l'ancienne chambre de Max et maman.

La porte est encore par terre depuis ce fameux soir et l'intérieur est resté intacte. Joli musée! Sérieux, elle joue à quoi, maman?! Celle qui arrête le temps?! "Humm, attends jusqu'à la fin de tes jours ma petite maman."

-- Salut et Aurevoir, criai je assez fort pour que tout le monde puisse m'entendre.

C'était comme à l'accoutumé. Pourquoi ça devait changer? Harry et moi étions les seuls à nous être relevés de ce coup bas!

Maman faisait peine à voir. Elle avait des cernes qui ne partaient plus et maigrissait de jour en jour. Et ma jumelle... Benh, on va dire qu'elle fait pire que s'enfuir. Moi, j'appelle ça se cacher.

Personne ne se parle plus. Tous les matins, chacun prend son argent de poche sur sa table de chevet et part de son côté. Ça dure depuis maintenant 18 semaines.

-- Attends moi, Tessie! crie une voix à l'étage

Je sursaute! Je viens tout juste de dire que personne ne se parlait dans la barraque. Et c'était vrai... jusqu'à ce que Caïssa m'interpelle.

C'est bien la seule à me surnommer Tessie. Et ça fait tout bizarre d'entendre sa voix. Je vous jure qu'à un moment j'ai pensé qu'elle était devenue muette. Et ce matin, c'est à moi qu'elle cloue le bec.

-- On prend le bus ensemble? me dit elle en descendant les marches. J'ai à te parler.

"Elle veut me parler??! Pour me dire quoi??!"

-- Bah, le bus c'est fait pour tous, non? Allons y!

-- Bien! Ça... ça a été la nuit? commença t-elle en m'ouvrant la porte.

"C'est pas vrai! Elle va pas me saouler!"

-- Parfaitement bien! C'est plutôt le trajet qui s'annonce mal.

"Tiens, comprends moi et boucle là!"

-- Ahah, je vois!

Elle et moi, nous marchons vers le point d'attente. Le bus ne tarda pas. Je prends place et elle se met à mes côtés.

-- Bon, vas y! Crache le morceau mamzelle la carpe.

Bah, c'est vrai que je suis impatiente. En plus, Caïssa et moi, on se confie plus l'une à l'autre depuis l'âge de huit ans.

A cette époque, on faisait tout ensemble et on s'était juré de faire équipe à part. C'était nous deux contre les autres. On se partageait tout. Je pouvais sentir ses maux n'importe où.

Puis, Mme Jacquet m'a envoyée en 4e B et elle en A. Et il a fallu qu'elle se trouve une meilleure amie. Elle m'avait trahie. On s'est de plus en plus éloigné. Sans compter qu'à la maison, c'était déjà le cahos. J'ai bien ri l'année suivante, quand elle s'est retrouvée seule. Raphaella avait quitté la ville... Et moi, j'avais ma troupe.

Je me tourne vers Caïssa. Elle a l'air heureuse. Je me suis peut être trompée. Elle ne parait pas tant affectée que ça au final. Et là, elle me sourit radieusement, en me déclarant:

-- Je veux qu'on fasse la paix, Tessie.

Jamais FragileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant