La dernière Guerre Sainte

La Naissance D'une Étoile

Depuis les temps mythologiques les Guerres Saintes ravagent la Terre tous les 200 ans, opposant dans une violence sans pareille Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, chargée de la protection de la planète bleue et Hadès, son frère régnant sur les Enfers et dont le but est d'asservir la Terre, d'y répandre une marée de ténèbres éternelles. Accompagnée de ses chevaliers, la divinité garante de la paix doit repousser l'invasion des spectres sur le monde des vivants. Il était écrit qu'un jour Hadès surpasserait sa soeur et lui ôterait la vie, lors de la Guerre qui ne verrait pas l'éveil de l'âme du chevalier de Pégase, le seul homme capable de vaincre les dieux. Tous ont tremblé lors de la Guerre du XXè siècle lorsque Athéna s'est donné la mort. Mais la déesse renvoya une fois de plus Hadès dans les ténèbres, jusqu'à sa prochaine résurrection. Et le cycle recommença.

Les hommes ont tant craint qu'Athéna périsse lors de l'une de ces Guerres, mais comme un chien que l'on craindrait de moins en moins parce qu'il est attaché, les hommes se sont finalement habitués et n'envisageaient plus la possibilité que leur chère protectrice puisse être vaincue par le mal. Mais ce chien ligoté est une force grandissante, sa rage, sa violence et sa haine ne font que grandir au fur et à mesure que sa proie lui passe sous le nez et lorsqu'il se libère enfin il n'en fait qu'une bouchée. Le moment est bientôt venu, une nouvelle Guerre sainte est sur le point d'éclater car en cette soirée d'automne du XIVè siècle le Sanctuaire est réuni au pied de la grande statue d'Athéna pour saluer l'apparition de leur déesse.

Sanctuaire, Grèce.

Athéna était née. Là sous la pluie battante d'un ciel orageux de Septembre, la déesse s'est réincarnée. C'est son jeune disciple qui l'avait trouvée, hurlante aux pieds de la grande statue surplombant le sanctuaire, tel qu'elle l'avait fait depuis ces 400 dernières années et maintenant elle tenait entre ses bras le petit être abritant le pouvoir le plus puissant sur Terre. Jamais de son existence et de sa vie de Grand Pope elle n'aurait pensé avoir ce privilège un jour, voir la naissance d'une nouvelle Athéna.

Cependant cela signifiait aussi qu'elle vivrait une nouvelle Guerre Sainte, qu'elle assisterait de nouveau à des morts par centaines, une guerre comme celle qui lui avait pris sa mère deux siècles plus tôt. Cette bataille qui se profilait à l'horizon signifiait aussi qu'il était temps que son apprenti lui succède, il fallait que les chevaliers soient réunis le jour où elle éclaterait. À ce moment là elle ne pourrait assumer son rôle de Grand Pope et endosser l'armure du Bélier. Elle avait tant espéré que ce moment ne vienne jamais, que son cher petit n'ait pas à subir la querelle dévastatrice provoquée par l'avidité du dieu des Enfers. Mais il le fallait. Son disciple deviendrait le prochain chevalier d'or du Bélier, il ne pouvait en être autrement, leurs puissants cosmos hérité de leurs aïeux devaient servir à protéger la Terre.

Rive du Gange, Inde.

L'orage grondait au-dessus de la bâtisse branlante de ce couple hindi. La fureur du tonnerre dissimulait les cris de douleurs d'une jeune femme étendue sur le lit familial. Son mari lui tenait la main, l'encourageait autant qu'il le pouvait. Le travail avait commencé depuis maintenant plusieurs heures et la pauvre femme souffrait le martyr, accablée par l'épuisement. Mais elle ne renoncerait pas et dans un dernier sursaut farouche elle poussa, elle poussa de toutes ses forces avant de s'écrouler sur l'oreiller, haletante.

Puis vinrent les bruits. Le bébé ne cria pas, ne pleura pas. Il rit, ses yeux d'un vert d'eau particulier grands ouverts et ses quelques cheveux blonds comme les blés collés sur le front. C'était une petite fille. Elle se portait merveilleusement bien. La jeune femme sentit des larmes d'émotion rouler sur ses joues, bientôt rejointe par son époux. Un miracle, c'était un miracle, toutes deux étaient en vie et le bébé avait accueilli son nouveau monde en riant, comme enchanté par ses beautés qu'il lui étaient pourtant impossible de distinguer.

-Sadhana, murmura la jeune mère à son mari, la voix débordante d'amour pour leur petite fille gigotant entre ses bras, à la recherche du sein.

-Ce nom lui va à ravir, approuva-t-il en caressant la tête du bébé avec toute la douceur du père le plus aimant.
Sadhana, "La Vénération", tu seras la plus forte et la plus belle des femmes en ce monde, tu déplaceras des montagnes et tu seras aussi puissante que le soleil, ta mère et moi t'en font la promesse.

Son père était bien loin de savoir que ses paroles étaient à des lieux de ce que sa fille accomplirait dans le futur, mais peut-être les étoiles qui ont brillé un instant dans ce ciel orageux lui ont accordé d'apercevoir une bribe du destin prodigieux de l'un des derniers espoirs de l'humanité.

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*L'image ne m'appartient pas*