Il venait de monter la côte de st Michel sur orge, arrivée prévu au collège Nicolas Boileau. Des gens patientaient sur le côté, voulaient accéder eux aussi à ce bus dans lequel je me trouvais. C'est à ce moment précis que s'est produit ce qui me troublera la matinée entière, peut être même la journée. L'écrit exorcise, c'est ce que beaucoup pense - j'en fais partie : alors bordel, prouve-le en détruisant le démon qui s'est infiltré en moi! Le simple fait de le croiser, lui, le regard du corps possèdé, les gestes de ce corps abandonné d'humanité ... Je veux détruire : rien, tout, tant que le sentiment de culpabilité continuera à m'habiter. Peut-être est-ce le premier disciple de ce démon que je ne connais pas : culpabilité .
Le jeune homme qui me troubla paraissait tout à fait normal, au loin. Certes, en s'approchant, sa physionomie montrait un penchant pour le mal, qui ne devait pas être naturel chez ce garçon ; mais c'est par sa première action que je sentis que quelque chose n'était pas normal avec lui . En effet, au lieu d'attendre comme chaque futur passager sur le trottoir, sous l'arrêt de bus, notre homme se mit sur la route, bloquant l'avancée du bus. Si encore il s'y était mis franchement pour faire chier le monde ... Non, il l'a fait avec une véritable subtilité, avançant à une allure de cadavre pas tout à fait mort. Pour le moment je ne vois que son dos. Puis il se retourne ...
Il portait des lunettes, ce qui aurait put adoucir la violence de son regard qu'il posa sur chaque personne à laquelle il avait accès. Je fus parmi ces élus contraints. Dans le fond de ses yeux, je n ai rien vu ; c'est ce qui me trouble le plus.
Ne rien voir ne signifie pas qu'il n'y a rien ; en ne voyant rien , j'ai ressenti le mal, celui de l'existence, celui de l'être.
Les passagers rentrèrent à l intérieur du bus ; il n'en faisait pas partie. Il a fait son apparition pour mieux nous atteindre, nous étions enfermés et il nous a atteint comme il devait le souhaiter.
Il resta sur le côté de la route, je voyais qu'il était entouré de deux femmes et d'un enfant avec sa capuche sur la tête . Ce qui me fit prendre conscience et qui m'assura la présence du démon en lui, c'est qu'il attaqua d'un seul coup, sans parvenir, le pauvre enfant qui n'avait rien dit ni rien fait. Ce que je vois là c'est le paillasson du mal. Dois-je m'en trouver un ? Celui où je pourrais jouir de violence et autres fantasmé sans limitation ? Est ce que je le veux? En ai-je véritablement besoin ? Le démon qui m'a atteint n'est-il pas en moi depuis plus longtemps ? Cette scène est troublante, car je me suis amusé a voir cet enfant frappé , j'aurais voulu être son bourreau, moi aussi .
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Contes des temps modernes
Short StoryUne compilation de cours récits dont le but est de questionner l'univers merveilleux de notre siècle