Chapitre 3

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Il n'y a pas que son nom qui la suit. Tapis dans l'ombre, un homme l'observe. A distance. Méfiant. Prudent. Il l'observe de loin, ne souhaitant pas se dévoiler pour le moment, mais il sait qu'il le faudra tôt ou tard. L'homme se relève, rabat sa casquette et range ses jumelles dans sa sacoche. Il se dirige vers l'échelle qui lui a permis de monter sur son point d'observation, avec une agilité déconcertante, il saute pour atterrir sans mal sur le ponton. Il replace la lanière de sa sacoche, qui avait glissé puis prend la direction que Erin vient de prendre, quelques instants plus tôt. Alors qu'il remonte vers la ville, il voit un groupe de cinq hommes regarder la bateau dans lequel la jeune femme était, puis se mettent à remonter la rue. Il ne faut pas longtemps à Raphael pour comprendre qu'ils sont à la recherche d'Erin. L'homme siffle entre ses dents puis accélère le pas. Ce n'était pas ce qu'il avait prévu, mais il n'a pas le choix. 

Erin ne cesse de se frotter les mains, qui sont pleines de sang. Il a fallu qu'elle affronte ses deux hommes. Inutile d'avoir la science infuse pour comprendre qu'ils étaient là pour l'éliminer ou pour avoir des informations sur son père. Quelles informations d'ailleurs ? Même si elle est la fille de Frédérico Delvago, il n'empêche qu'elle n'était pas au courant du quart de ses affaires ou même de sa fortune. Elle l'a aidé dans beaucoup d'affaires, particulièrement la réception de marchandises, mais jamais son père ne l'autorisait à faire plus que certains contrôles. Et encore, il choisissait lui-même le lieu et la marchandise. Si elle avait le malheur de lui désobéir, il le lui faisait comprendre. La cicatrice derrière son oreille droite, juste à la base des racines de ses cheveux est là pour le rappeler. Cet homme était aussi craint qu'impitoyable, même avec sa propre fille. Un enfant qui la pointe du doigt, lui fait prendre conscience qu'elle est à découvert. Ses yeux scrutent les alentours et elle fini par apercevoir un magasin vendant des souvenirs ainsi que certains vêtements. Elle s'approche d'un présentoir, se saisi d'une casquette, arrache l'étiquette et alors qu'elle la place sur sa tête, son regard se porte sur le petit miroir près d'elle et elle aperçoit un groupe d'hommes se diriger vers elle. Erin rabat la casquette sur ses yeux, dissimulant une partie de son visage puis reprend son chemin, comme si de rien était. Cela ne l'empêche pas de jeter quelques coups d'œil furtif dans la direction du groupe. Au croisement d'une ruelle, elle se met à courir. Sa sandale se coince dans un pavé, manquant de la faire tomber. La lanière s'est cassée, l'obligeant à enlever l'autre chaussure et courir pieds nus. Elle ne cesse de jurer mais accélère d'avantage le pas lorsqu'elle entend le groupe d'homme derrière elle, hurler qu'elle ne leur échappera pas. Erin voit un grillage délimitant une partie de l'impasse. Les hommes derrière se mettent à rire, pensant que la jeune fille est coincée, mais ils sont loin de se douter qu'ils se trompent. Erin prend une grande inspiration, de l'élan puis saute sur le grillage. Elle grimpe puis saute de l'autre côté, avec l'agilité d'un chat. Elle se retourne vers le groupe d'hommes, sourire aux lèvres et leur fait un doigt d'honneur. 

_A la prochaine, desgraçados (batards) ! 

Elle se retourne puis reprend son chemin, victorieuse. C'est alors que quelqu'un se saisit de son bras et la plaque violemment contre le mur. Sa tête est tenue par une main alors que la jambe de l'inconnu se glisse entre les siennes pour l'obliger à les écarter, de façon à être immobilisée. Erin se met à grogner et ne perd pas son sang froid. 

_Non pas que l'idée de le faire dans cette position me déplaise, mais j'aimerai avant tout voir le visage de mon partenaire. 

_Jamais je ne coucherais avec une Delvago. 

_Tu ne sais pas ce que tu perds. 

Raphael fait pression sur la tête d'Erin, lui faisant lâcher une plainte de douleur. 

_Je ne ferais pas trop la maligne à ta place. 

La jeune fille essaie de le repousser à l'aide de son dos, mais c'est comme essayer de bouger un rocher. Elle gesticule dans tous les sens, mais l'homme la maintien si fort, qu'elle ne fait que se fatiguer pour rien. 

_Qu'est-ce tu me veux ? 

_Ce que tout le monde veut. Ta mort. Voir tous les Delvago mort. Mais avant ça, j'ai besoin de ton aide. 

_Désolé, mais j'ai d'autres plans et je ne suis pas du genre généreuse. Alors, si tu veux bien me relâcher, que je puisse vaquer à mes occupations. 

Raphael tourne la tête pour voir le groupe d'hommes escalader le grillage. Il soupire, pose sa main sur la nuque d'Erin et vient lui chuchoter : 

_Tu viens avec moi. 

N'ayant d'autres choix que de le suivre, Erin se laisse traîner par le bras mais dès que cet homme, dont elle n'a toujours pas vu le visage, sera distrait, elle en profitera pour lui fausser compagnie. Il faut qu'elle s'en aille et très rapidement. 

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