Nous avions roulé durant des heures. La nuit commençait à tomber et j'étais épuisée. Ce fut quand je commença à m'endormir que le conducteur de mon taxi se gara au pied d'une colline habillée d'arbres. Les yeux gris du chauffeur se fixèrent sur le rétroviseur pour mieux me regarder. Pour la première fois depuis le début du trajet, il se décida enfin à m'adresser la parole :
_ Je vais devoir vous déposer ici mademoiselle. Je n'ai pas le droit d'aller plus loin.
L'angoisse me saisit. Je ne savais même pas où je devais me rendre. Je savais juste que je devais aller dans une maison de repos pour une durée indéterminée.
Je descendis donc du véhicule, les jambes engourdis par le trajet et une horrible envie d'aller aux toilettes. Le chauffeur fit de même, ouvrit le coffre de sa petite voiturette afin de me rendre ce qui m'appartenait, et me laissa sans se faire prier seule avec ma pauvre petite valise.
La neige n'arrêtait pas de tomber ce jour-là. Frissonnant, je rentra un peu plus mon menton dans mon écharpe en laine rouge que m'avait tricotée ma grand-mère. J'adorais le rouge.
Autour de moi, il n'y avait rien d'autre que de la route, des forêts, et puis cette colline. C'est là que je le vis. Je devais être vraiment fatigué pour ne pas l'avoir aperçu au premier regard ; au sommet se dressait un gigantesque et ancien château. En m'avançant un peu plus, je tomba sur un chemin de terre entre la forêt de la colline. Peut-être celui qui mène au château, je décida donc de le suivre. Que pourrais-je faire d'autre de toute façon ? Satané chauffeur, ma mère avait dû encore faire les choses à moitié, ne lui donnant sûrement pas assez d'argents pour me faire emmener à bonne destination... Peut-être y aurait-il une âme charitable dans ce domaine qui pourrait m'y déposer ? La route fut longue, je ne sentais plus ni mes orteils, ni mes doigts. La nuit était désormais totalement tombée, l'angoisse me saisissait de plus en plus à chacun de mes pas. En effet, je m'engouffrais entre les arbres, me donnant une impression de film d'horreur.
La gorge serrée, j'arrivai devant un grand portail. Sans grande conviction, je tenta de tourner la poignée. Bingo, contre toute attente, les propriétaires ne l'avaient pas verrouillé. Ils ne s'attendaient certainement pas à recevoir de la visite dans cet endroit reculé de tout signe d'humanité. Je due marcher encore quelques minutes avant d'atteindre une grande porte en bois. Un heurtoir en forme de tigre y était fixé. Visiblement, ils n'avaient pas investi dans une sonnette et avaient préféré garder le style ancien du domaine. Je m'y résous donc à m'en servir, la main tremblotante. Trois coups d'un bruit sourd retentirent. Puis je recommença une nouvelle fois. Personne. Désespérée, au bord de la crise de nerf et complètement perdu, je m'apprêta donc à faire demi-tour quand un horrible et long grincement se fit entendre dans mon dos. Ça eu le don de me faire sursauter.
Un homme d'une trentaine d'année sorti la tête de l'embrasure de la porte, et me fixait sévèrement de ses yeux sombres. Il me rendit tout de suite mal à l'aise, me donnant l'unique envie de prendre mes jambes à mon cou. Mais n'ayant pas le choix, je m'avança vers lui, la voix tremblante :
_ Je... je suis désolée de vous déranger, je suis perdu. Mon taxi devait me déposer à une maison de repos, mais finalement il m'a déposé ici, un peu plus bas, et...
_ Ça, c'est bien dommage, me coupa t'il. On ne sait pas sur quel fou on peut tomber quand on est une femme seule en pleine nuit...
J'avalais de travers. Effectivement, il n'avait pas tort et je crois bien que je suis tombée dans les griffes de l'un d'eux. L'homme dû se rendre compte de mon malaise car il rigola, dévoilant ainsi une très belle dentition.
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Enfernal - Johnny Depp
RomancePourquoi je suis ici ? Je ne sais pas. Je n'ai plus souvenir de rien. Et il y a cet homme, John, ou Johnny Depp, l'homme le plus beau du monde et meilleur acteur de tout les temps comme il se présente. Depuis les premières secondes, je ne l'ai pas s...