1.Manipulée

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On avait appris à Elisa à ne pas aimer les arabes parce qu'ils volent, à ne pas être amie avec les noirs parce qu'ils étaient tous débiles à l'école, à ne pas apprécier les asiatiques qui se ressemblaient tous, à rejeter les pédés parce c'est dégueulasse.

Elisa était un jeune blonde, au physique élancé, mince, avec de jolis yeux bleus. elle savait faire courir les garçons après elle d'un seul regard, elle savait également provoquer la jalousie des filles par sa beauté naturelle, elle savait apaiser toutes les colères de son simple sourire angélique.

Elisa consacrait la majorité de son temps à juger, mépriser ceux qui ne marcheraient pas dans sa même direction, s'enorgueillir chaque jour un plus de sa propre beauté devant la glace, et sortir avec tous les garçons, puis les remplacer par d'autres. 

Mais finalement la jolie blonde avait juste peur d'être rejetée, alors elle faisait comme tout le monde, elle était un mouton pour être aimée de tous.

Inaya, elle était française, mais avait la peau ébène, tout le monde s'en foutait, de toute façon elle est noire donc forcément africaine. Elle habitait dans les banlieues en raison de sa situation délicate mais avait réussi à entrer dans ce prestigieux lycée au cœur de Paris grâce à ses efforts. N'oublions pas, c'est juste une renoise qui venait d'un endroit pauvre, elle avait beau être bonne à l'école, les préjugés restaient des préjugés alors elle ne sera jamais aimée par ses camarades blancs et sera toujours méprisée.

Elisa aimait s'acharner sur les personnes différentes, sur les plus faibles et les plus seules, surtout Inaya parce qu'elle était grosse, noire et qu'elle n'habitait pas dans les beaux quartiers de la villes, elle ne va pas en soirée coucher, boire comme tous les lycéens, elle ne peut pas, elle devait travailler dur pour devenir quelqu'un plus tard, gagner de l'argent pour soigner la maladie de sa maman. Inaya n'avait pas tout ce temps à gaspiller. Elle rassemblait en elle tous les préjugés.

Alors Elisa ne se retenait pas de la bousculer de temps à autre lorsque la jeune ébène marchait dans les couloirs de l'établissement, lui cracher dessus, l'humilier en public ou encore la traiter de "sale noire dégueulasse" Elisa était appréciée au sein du lycée, alors les autres la suivaient et humiliaient Inaya pour faire comme elle.

La jeune ébène gardait son courage, la tête haute "un jour je deviendrai quelqu'un et je serai respectée" se promettait-elle chaque soir avant d'être enlacée par les bras de Morphée.

  Après les cours le soir, les lycéens dépravés fumaient et buvaient sur les nouveaux sons des rappeurs tous les jours et foutaient en l'air leurs études et ceux qui ne venaient pas en soirée étaient simplement les intellos coincés du culs ou alors juste les rejetés comme Inaya.

Jeudi, à la fin des cours Elisa et Aaron traversais le grand jardin pour rentrer chez eux, mais c'était un chemin différent qu'ils empruntaient. Aujourd'hui Elisa avait envie de fleur alors ils passaient par le beau jardin silencieux, ils s'assirent sur un banc vert, Elisa s'allume alors une cigarette sortie du paquet qu'elle avait réussi à obtenir en faisant les yeux doux à Raphaël quelques heures plus tôt. Et Aaron fumait tranquillement son joint.

De loin, du côté du grand Lac bleu, ils aperçurent Inaya, qui dansait, et chantait d'une douce voix une chanson aux paroles étrangères, peut-être étaient-ce sa langue natale, ou alors simplement des mots dénués de sens ? Inaya, virevoltait, dansait à travers les fleurs multicolores, elle était naturelle et les feuilles des arbres semblaient suivre ses mouvements légers, sa voix résonnait harmonieusement dans le jardin. Inaya était gaie, elle souriait, riait aux fleurs. Il était vrai qu'elle était belle lorsqu'elle dansait seule.

Aaron sorti son nouvel Iphone et filma Inaya tout en commentant.

- Putain, elle est vraiment archi grosse, et elle ose danser avec son corps dégueulasse. Pouaah ! ça m'fout la gerbe !

- Ouais, t'as vu ça, elle trop laide. dit Elisa.

- Qui voudrait d'elle sérieux avec sa gueule de renoise.

- De toute façon c'est qu'une sale gouine.

- Elle aime les chattes c'tte fayotte. Non seulement elle est laide, elle est grosse, fallait qu'elle soit lesbienne.

- Bah parce qu'aucun mec ne veut d'elle, alors elle cherche une chance chez les filles. 

- Même chez les filles elle n'a aucune chance !

Aaron hurlait de rire, Elisa remit sa mèche de cheveu derrière son oreille, son copain termina l'enregistrement de la vidéos et tous deux quittèrent le jardin.



LE CHANT DE NOS STÉRÉOTYPESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant