I want it all

A cœur ouvert

Ils étaient là, à s'observer en silence. Crowley buvait son second thé de l'après-midi et Aziraphale semblait beaucoup, beaucoup trop calme.

"Je pense qu'on a oublié de discuter de quelque chose d'important, toi et moi, lorsque nous avons entamé notre relation.
-Nous avons une relation?
-Crowley!"

Pas un bon jour pour le sarcasme, de toute évidence.

"Bon. Et donc?
-Comment présenter cela? Eh bien... Ce que nous attendons tous les deux de cette relation. L'un de l'autre.
-... Quoi?
-Oh, pour l'amour de... quelqu'un! Penses à avant la Non-pocalypse. Comment espérais-tu que nous soyons, après?
-...En vie?
-Comment voyais-tu notre relation évoluer?"

En voilà une épineuse question. Crowley aimerait faire croire qu'il n'attendait rien de spécial du futur, mais c'est totalement faux.

Une petite voix intérieure lui suggéra de ne dire que la vérité.

"Eh bien... Déjà, je nous imaginais ensemble.
-Oui?
-Dans une maison comme nous l'avons. Et tu resterais toujours avec moi."

Aziraphale se retint de réagir trop intensément, frappé de réaliser que le démon souffrait réellement de ne pas le voir tous les jours.

"Et qu'on ferais quelques voyages en amoureux. J'ai envie de revoir certain endroits... avec toi. C'est si facile de voyager de nos jours.
-En amoureux? Mais cela veut dire quoi, pour toi, Crowley, 'amoureux'?"

Un silence lui répondit. Finalement brisé par un sanglot.

"Tu as raison. Un démon comme moi ne doit pas savoir ce que c'est.
-Non! Cesse donc ces sornettes. Je ne remet pas en cause ta capacité à m'aimer. Tu me montres chaque jour que tu m'aimes."

Le Serpent plongea son regard dans le sien. "Alors, que veux-tu dire?
-Je veux savoir ce que tu attends de moi, en tant qu'amoureux.
-Oh, tu le sais bien.
-Justement, non, je ne le sais pas!" Ses joues s'étaient colorée sous l'effet de la gène.

"Je ne veux que toi. Ta présence, ton sourire, ta voix, ton odeur dans mes draps quand je me lève le matin, je veux te voir assis dans un coin en train de lire pendant que je m'occupe de notre jardin, je veux te voir comblé par le repas que je t'aurais offert, je te veux tout entier.
-Et le reste? Comment puis-je laisser une odeur dans tes draps si tu ne me portes pas au lit?"

Il avait presque crié, laissant échapper toute la frustration accumulée. Le coup d'éclat étonna Crowley.

"Euh... Quoi?
-Ne m'oblige pas à le redire!"

Mais aussitôt, c'était au tour du démon de reprendre le contrôle de la conversation. "Et toi, mon ange, comment espérais-tu notre relation?
-... Pareil que toi.
-Ou est le problème alors?
-A un détail près.
-Un détail?"

Soudain, la réalisation se fit dans l'esprit de Crowley.

"Aziraphale..." Ce dernier frissonna. Cela n'arrivait pas souvent qu'il l'appelle par son nom complet. "Aziraphale, je ne t'ai jamais demandé si ça allait, après... la soirée du Ritz."

Il déglutit. Tentant de se persuader que ce n'était rien, qu'ils s'étaient juste laissé porté par leurs sentiments confus après leur grande victoire, il avait surtout espéré ne pas avoir blessé l'ange.

Ce n'avait pas été désagréable, mais ce n'est pas quelque chose que Crowley recherchait. Après tout, il avait eu assez de séminaires pratique en enfer pour savoir qu'il n'aimait pas cela. Vraiment pas son département.

Il pensais que ce serait pareil pour l'ange, qu'il n'aimait pas ça et qu'ils n'en reparlerais plus jamais.

"Tu n'as rien dit du tout, après.
-Toi non plus!" Crowley pris son visage entre ses mains. "J'ai cru que tu m'en voulais, que tu avais détesté. Un ange ne devrait pas faire ça...
-Je m'en fiche de ce que les anges doivent faire! Et tu te trompes, je n'ai pas... détesté."

Crowley songea que c'était peut-être encore pire.

"Tu veux dire par là que tu serais près à recommencer?
-Je ne demande que ça!"

Oh, oui, c'était bien pire.

"Mon ange... Mon ange. Je veux que tu m'écoutes bien attentivement."

L'autre hocha la tête avec empressement.

"S'il te plait, ne pense pas que c'est de ta faute, tout d'abord."

Les sourcils d'Aziraphale se contractèrent. Cela ne ressemblait pas à une bonne nouvelle.

"C'est entièrement de la mienne. Si j'ai agis comme ça ce jour-là, c'est dans l'euphorie du moment..."

Morceau par morceau, les espoirs de l'ange se brisaient.

"Je dois t'avouer que ce genre d'activité ne me fait ni chaud, ni froid, en fait. Je n'ai aucune attirance pour ça. Désolé.
-Quoi? Mais tu es un...
-Un démon, oui, je sais! Cela ne fait pas de moi un crétin libidineux..." Il leva les mains, se rendant compte de sa bourde. "Je ne veux pas dire par là que c'est idiot de ressentir du désir, tu sais! Ce n'est pas mal. Mais ce n'est pas mon cas. Après, je ne dis pas que je ne pourrais pas faire un effort pour toi..."

La mâchoire d'Aziraphale semblait sur le point de se décrocher.

"Tu sais à quel point je veux ton bonheur, et je ne suis pas non plus fondamentalement contre ce genre d'activité, évidemment, cela ne me pauserait vraiment aucun problème de le refaire comme ce soir-là... Bon, peut-être pas trop souvent non plus, hein, mais..."

Il remarqua enfin l'expression d'Aziraphale.

"... Oh, l'angelot, ne me regarde pas comme ça.
-Je... N'avais aucune idée... Et si j'étais plus désirable? Est-ce que ça irait mieux?
-Puisque je te dis que ça vient de moi! Tu es parfait comme tu es. Si confortable pour les câlins. Je peux avoir un câlin?"

Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, achevant leur querelle, le cœur un peu plus léger, peut-être.

Mais Aziraphale n'en avait pas fini.

"Je ne pourrais jamais te forcer à quoi que ce soit. Si tu n'aimes pas ça... d'ailleurs, pourquoi n'aimes-tu pas ça?"

Toujours blottit dans les bras l'une de l'autre, l'ange ne pu voir le regard hanté du démon.

"... Je t'expliquerais un jour, mon ange."

Il leur fallu plusieurs heures pour se séparer, et lorsqu'ils se redressèrent, Crowley tendit simplement la main vers Aziraphale.

"Rentrons à la maison, maintenant. Nous avons tellement de chose à nous dire."

Rouler la nuit était autrefois effrayant, mais l'ange s'était habitué à la conduite de son amour. Cela semblait maintenant l'atmosphère idéale pour les confidences. Ils se racontèrent comment ils avaient vécus les derniers mois, répondants chacun aux questions les plus étranges.

"Je ne t'aurais jamais imaginé aussi obsédé, mon ange.
-Oh, tais-toi.
-Tu pourrais garder tes jouets. Je pourrais même participer, ou regarder, ce que tu veux. Je ne pense jamais pouvoir satisfaire ton grand appétit, de toute manière.
-Crowley!"

Après un silence, Aziraphale se rappela d'un détail qui l'avait tracassé.

"Et cette histoire d'enfant?
-Oh... A ce propos, ne vas pas dans la deuxième chambre. Je me suis un peu emballé dans la déco."

Regardant son démon dans le reflet du rétroviseur, Aziraphale répondit avec un sourire. Ils avaient fait du chemin tous les deux. Il pouvait bien ramener tous les livres de Londres. Et faire une petite place dans leur vie pour un nouveau bonheur aussi.

Et peut-être que cela impliquerais même un berceau.

🐍😇

Voilà, c'est fini! Pour frapper l'auteure, la file commence par ici, m'sieur dame. Pour râler contre l'absence de lemon, veuillez vous munir du formulaire 42C.

J'espère que cela vous a plut et que je ne vous ai pas trop frustré quand même. Bon début d'année à tous!