Tout en allumant son ordinateur, le petit brun sortit ses affaires en les disposant méticuleusement sur la table. Fiches, trousse, tablette. Tout pour bien travailler. Il accrocha ensuite soigneusement son badge « je suis un livre » sur sa poitrine et s'étira longuement avant de se mettre à réviser, le gobelet de café fumant non loin de sa main.
Min YoonGi, étudiant en troisième année de médecine, était de retour dans sa ville natale pour les vacances.
Sa tante l'accueilli généreusement chez elle malgré qu'elle soit au Japon pour le mois. À vrai cela ne tombait pas mieux. L'étudiant était en pleines révisions alors être entouré d'une famille composée de trois enfants bruyants, très peu pour lui. Ses examens arrivaient à grands pas et l'anxiété de les rater aussi. Pourtant, attaché à cette femme, il regrettait de ne pas la voir et d'avoir son soutien moral et ses encouragements maternels. Mais cela ne s'appliquait qu'à elle et non à ses rejetons.
Ses journées, YoonGi les passaient à la bibliothèque de la ville, son petit refuge.
Le bâtiment de trois étages l'avait accueilli durant toutes ses années au lycée si bien qu'il salua familièrement la documentaliste en entrant ce matin.
Et alors que le rez de chaussée était prisé par les ordinateurs mis à disposition, le premier étage était dédiée aux enfants. Les poufs et coussins colorés trouvaient rapidement preneur lors des sorties scolaires ou pour les séances de lecture durant les vacances.
Alors YoonGi vagabondait dans les deux derniers étages, le plus haut était décoré dans les styles cocooning et lors des jours pluvieux, il y venait toujours pour profiter des coussins moelleux qui étaient disposés sur les banquettes ou directement au sol. Son petit péché mignon, quand il venait à cet étage, était la place près du radiateur et en même temps contre une fenêtre, lui permettant de faire des pauses durant ses révisions pour admirer la pluie s'abattre sur la vitre. Ainsi durant les jours humides, son sac était un peu plus rempli que d'habitude, une fine couverture venait dans le bâtiment avec lui pour lui permettre d'être vraiment à l'aise.
Le second étage qu'il appréciait, surtout au printemps et en été, était une vraie serre intérieure. Différentes plantes y vivaient, créant ainsi des murs et des cloisons florales. La lumière baignait la pièce et égayait le petit étudiant. Il troquait alors dans ses moments ses habituels cafés pour des smoothies aux diverses senteurs.
Cependant les journées maussades étaient au rendez-vous. L'hiver s'était installé il y a peu et avait ainsi entraîné la démotivation de l'étudiant. Il espérait alors qu'en revenant ici il trouverai un regain d'énergie pour se remettre à travailler sérieusement.
Repositionnant correctement ses lunettes sur son nez, son regard anthracite se posa sur son téléphone qui affichait une notification qu'il venait de recevoir. Il fit craquer ses doigts avant de prendre son gobelet de café qu'il fit venir à ses lèvres pour rien. Il était vide. Il fit une légère moue boudeuse avant de prendre son cellulaire.
Cela allait lui faire une pause.
Il dévala les escaliers avec rapidité avant de s'incliner face à la jeune femme qui l'attendait. Il s'excusa avant de s'éclipser quelques minutes pour aller chercher un autre café dans l'échoppe adjacente. Il revient un peu essoufflé et c'est un peu plus lentement qu'il retourna à sa table délaissée avec son aînée. Il rangea rapidement la petite table alors que son vis-à-vis sortait son carnet de dessin.
Il ne la connaissait pas, elle non plus. Et pourtant il allait lui parler de sa vie dans presque les moindres détails pendant qu'elle, elle allait surement le dessiner.
Ainsi une demi heure, temps qu'elle avait choisit, il lui parla de lui. Non pas par narcissisme mais car la jeune femme était là pour ça. Être un livre n'est pas simplement une étiquette que l'on accroche à son tee-shirt pour faire joli. Être une livre c'est raconter une histoire, son histoire.
Créé dans les années 2000, le concept de bibliothèque humaine vit le jour grâce à Ronni Abergel, à Copenhague.
Ce concept, déjà présent dans plus de quatre vingt pays, consiste dans le fait que des personnes souvent marginales ou rejetées par la société pour leurs caractéristiques morales ou physiques se réunissent dans une bibliothèque afin de pouvoir être « lues ». Ainsi elles partagent leurs expériences, leurs histoires avec qui bon veut écouter.
Elles peuvent se libérer de leur tourments entre ses murs avant de redevenir un habitants lambda de la ville. Elles viennent ici pour trouver un soutien, des amis, une famille. Quelqu'un qui les comprend, qui s'intéresse à eux.
YoonGi aimait cela.
Il avait découvert cette option dans cette bibliothèque et s'y était rapidement intéressé. D'abord en tant que lecteur puis certains événements de sa vie le poussèrent à se confier, timidement en premier lieu, puis cette sorte de thérapie, gratuite comparée à un psychologue, lui faisait avoir l'esprit léger.
Il ne savait dire si le rôle le plus prisé était le lecteur ou l'ouvrage car beaucoup était les deux. Il se souvient du jour où une ancienne avait longuement écouté un transsexuel et qu'ensuite, ils échangeaient leur rôle. C'était ainsi qu'il avait su qu'il voulait être les deux. Il voulait soutenir et être soutenu.
Il partageait ses craintes, ses douleurs, il extériorisait ses pensées les plus noires. Ça lui faisait un bien fou...
Mais ses études l'ont poussé à aller à la capitale. Et bien que le concept y était repris dans un café, il se trouvait dans un quartier très populaire et fréquenté par les étudiants de sa faculté. Sa timidité avait refait surface dans ce monde bien plus grand que DaeGu.
Bien qu'il avait accepté qui il était, il n'était cependant pas près à s'ouvrir à d'autres personnes que les inconnus qui venaient à sa rencontre à la bibliothèque.
Quel paradoxe non ?
Alors il attendait patiemment ses vacances pour retrouver la chaleur de son cocon et de manifester les mauvaises pensées qui s'étaient accumulées depuis.
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