19. Je vais rencontrer sa famille.

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En sortant de la douche, j'enroule une serviette bleu ciel autour de mon corps et mon regard se pose sur un miroir où je peux m'observer.
Je penche légèrement ma tête sur le côté et passe les doigts sur la marque violette que Kyle a laissé dans le creux de mon cou.
Et, plus je me regarde, plus je me dis que la fille qui se trouve en face de moi dans cette glace a tellement changé. Elle n'est plus la même qu'avant et c'est son plus grand regret.
— Tout va bien ? Demande Kyle me sortant de mes pensées
— Non, dis-je en souriant timidement
Il est tant d'affronter la réalité, je crois que c'est le moment, le moment que je m'en sorte.
De une, pour mes amies qui doivent supporter mes sauts d'humeur chaque jour, et de deux, pour mon petit frère, Jérémy. J'ai pas été présente pour lui lorsqu'il était triste, anéanti par la mort de notre sœur. Je dois l'être, je sais que l'on pourra tous les deux s'en remettre, mais pour ça il faut que l'on se soutienne.
La douleur ne disparaît jamais, c'est vrai, mais elle s'estompe avec le temps.
Je me souviens que le lendemain de notre rencontre Kyle avait prononcé ses mots :
« Je sais que tu n'es pas toi-même »
Et il avait raison.

— Et je l'avais lu dans tes yeux ce jour là. C'est pour ça que je suis resté et que je resterai Quinn.
Mon cœur rate un battement et il m'est difficile de retenir mes larmes. Je n'ai jamais aimé pleurer devant quelqu'un, qu'une personne me voit faible car j'ai toujours montré que j'étais forte. Cette façade ne s'était jamais fissurée, mais ça, c'était avant.
Je m'effondre littéralement et tombe à genoux par terre. Mes nerfs lâchent, mon corps me lâche, ainsi que mon cerveau.
Seul mon cœur me fait comprendre qu'il est encore là.
Ma vue se trouble, c'est tout juste si j'arrive à voir Kyle. Mais il s'agenouille devant moi et prend ma main qu'il serre si fort.
Je suis pathétique.
De l'autre, il agrippe ma nuque pour m'approcher de son épaule et une fois ma tête posée dessus, il caresse mes cheveux.
Je renifle, tente d'effacer mes larmes de sous mes yeux, je suis parfaitement consciente que je dois être horrible.
J'essaye d'articuler :
— Je suis-je suis désolée.
Il secoue la tête négativement et pose ses mains de chaque côté de mon visage.
— Ne fais pas ça, dis-je en tournant la tête pour ne pas qu'il puisse me voir clairement dans cet état qui est pitoyable.
— Regarde moi, insiste t-il
Je ne le fais pas, je campe sur ma position.
Il roule des yeux et se met de façon à me voir complètement.
— Je te déteste, dis-je en essuyant mes yeux
— C'est faux, rétorque t-il.
Un silence s'installe. Nous sommes tous les deux par terre, assis au milieu de cette salle de bain. Lui vêtu seulement d'un jogging, et moi, une serviette de bain entoure mon corps.
— Ne sois pas désolée. Quinn, tu ne sais pas à quel point ça me brise le cœur de voir tes magnifiques yeux, aussi rouges et imbibés de larmes. Mais on sait tous les deux que tu en avais besoin.
Il fit une pause puis reprit :
— Est-ce que la vraie Quinn va enfin me faire le plaisir de se présenter à moi ?
Je sais à quoi il fait référence. Il sait très bien que la fille qu'il a eu en face de lui pendant toutes ces semaines n'était pas elle-même. Que l'image qu'elle renvoyait était son parfait contraire. Et pourtant, une partie d'elle était bien à ses côtés lorsqu'elle le voulait.

— J'aimerai beaucoup la rencontrer, même ci j'ai déjà fait la connaissance d'une petite diablesse, dit-il en plaisantant
Il a réussi à me décrocher un petit sourire mais il reprit rapidement son sérieux, et passa délicatement ses deux pouces sur chacune de mes joues afin de repousser mes larmes.
Il m'aide à me relever en prenant mes mains et me fixe longuement. J'ai l'impression qu'il hésite à me dire quelque chose.
— Qu'est ce qu'il y a ? Demandai-je alors
— J'ai oublié de mentionner hier...
En attendant ce qu'il a à me dire, j'enfile mes vêtements.
Il souffle un bon coup sous mon regard interrogateur.
— Mes parents et Alexandra viennent dîner ici demain à midi.
J'ai vraiment envie de lui hurler dessus et de l'étrangler mais je ne peux pas passer sur le fait qu'il m'a réconforté quelques minutes auparavant.
Je vais rencontrer sa famille et il ne m'en a même pas parlé.
— Tu... Je ne sais pas quoi dire, avouai-je
— À vrai dire, je ne voulais pas t'effrayer. Je savais que tu ne voudrais pas venir si je te l'aurais dit.
— En effet, dis-je en fuyant son regard
— Quinn, t'en fais pas, c'est rien. Je veux dire, ne te comportes pas différemment, reste comme tu es.
— Kyle, tu me demandes de rencontrer ta famille ce n'est pas... Rien. Dans quel direction on va, sincèrement ?
— Tu le sais très bien, Quinn, dit-il en se pinçant les lèvres
— Je t'ai dit que je ne voulais pas de tout ça Kyle ! Merde je-... Je sais ce que tu penses mais je ne peux pas m'engager dans quelque chose de sérieux, je n'en ai pas envie, je peux pas, fis-je à bout de souffle
— Bien, dit-il en faisant une pause de quelques secondes, Regarde-moi dans les yeux et dis moi que tu ne ressens rien pour moi.
Il vient littéralement de me clouer le bec. Je n'arrive pas à me prononcer, et dieu sait qu'à ce moment précis j'aimerais le faire. Il me fait douter, je ne comprends pas pourquoi, c'était pourtant très clair dans ma tête. C'est difficile à décrire, je n'arrive pas à poser de mots sur ce que je ressens. Mais je décide quand même d'être honnête, il faut que je le fasse pour redevenir celle que j'étais avant.
— Je n'en sais rien, c'est pas assez clair dans ma tête, tu comprends ? J'ai besoin de me retrouver.
Il ne répond rien et passe ses mains dans ses cheveux, puis sur sa barbe naissante.

— Tu ne peux pas nier que l'on est fusionnels, dit-il subitement
— Non, c'est vrai, je ne peux pas.
Sur ces paroles, je sors de cette pièce, j'en ai eu assez, c'est trop pour moi.
Je me dirige vers le salon et remercie Hilona de m'avoir accueilli et lui dis bonne nuit.
Lorsque j'entre dans la chambre, Kyle porte un simple tee-shirt noir et est en caleçon, visiblement déjà prêt à se mettre au lit.
Je m'appuie contre la porte, mets mes mains derrière mon dos et ne le quitte pas des yeux.
— Je t'apprécie réellement, dis-je en hochant la tête, Mais je pourrais répondre à ta question que lorsque j'aurais répondu aux miennes.
— Je comprends, dit-il simplement en s'allongeant sur le lit sans défaire la couverture
Je lui souris faiblement en m'approchant.
Il se met sur le côté et pose la tête sur son coude, de façon à pouvoir me détailler.
Je déboutonne mon jean et ne reste vêtue que d'une culotte et d'un tee-shirt. Je lève la couverture pour m'y faufiler puis Kyle le fait à son tour. Il éteint la lampe qui est sur la table de nuit et, grâce à la lune qui éclaire la pièce, je peux voir son ombre sur le mûr, le voir enlever son haut.
Lorsqu'il pose la tête sur l'oreiller, je me blottis contre lui. Ça peut paraître étrange, mais je tiens à lui et, il m'aide énormément, il m'apaise et me rassure.
Il dépose un baiser sur le haut de mon crâne et je ne peux m'empêcher de sourire, il ne m'en veut pas.
Étant dans les bras de Kyle, je réussis à m'endormir très facilement.

* 4 ans et demi plus tard *
Mon cœur battait si fort, j'allais savoir si je pourrais être à nouveau heureuse, si ma tristesse pourrait laisser place à un peu de bonheur.
Assise par terre dans la salle de bain, ayant attendu plusieurs minutes, le résultat s'afficha.
— Quinn ? Entendai-je
Les bruits de pas se rapprochèrent.
— Quinn, tu es là, chérie.
Il s'arrêta brusquement et son regard se bloqua sur ce que je tenais entre mes mains.
Je ne veux pas me faire de faux espoirs, la dernière fois j'ai été trop anéantie, j'ai trop souffert, et je souffre toujours, même si ce qui est affiché sur ce bâton est tout ce dont j'ai pu rêver.
Je vais à nouveau prendre goût à la vie.
Bébé, tu-... ? Prononça t-il difficilement
— Oui, dis-je en lui montrant le bâton, Oui, dis-je en souriant.
Je ne pus m'empêcher de retenir mes larmes, de jolies larmes de joie, et surtout, c'était la première fois depuis quatre mois que je souriais.
Que je ressentais enfin une émotion puissante.
Que mon cœur se remplissait autant d'amour.
Il se précipita à mes côtés et me prit dans ses bras.
— Je t'aime, mon amour.
— Moi aussi je t'aime, dis-je en continuant de sourire
— On va être heureux tous les trois, je te le promets. C'est notre miracle, Quinn.

Anesthetized HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant