Chapitre 1

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Le vent est faible contrairement à la pluie qui, elle, est torrentielle. A l'abri sous une toile de laine, un couple de marchands ambulants et leur fille de cinq ans conduisent une vieille carriole. Heureusement pour eux, la forêt les protège partiellement de l'eau.
Toutefois, leurs protections commencent à laisser passer l'humidité. Ils savent qu'eux et leur marchandise seront bientôt trempés, mais heureusement, celle-ci ne craint pas l'eau. En effet, ils ne transportent pas d'étoffes et les trois quarts de ce qu'ils transportent sont stockés dans les pots de terre cuite.
La famille se recroqueville sous le poids de la laine gorgée d'eau. Ils espèrent pouvoir tenir jusqu'à leur destination.

A cause de l'eau, le chemin qu'ils utilisent devient de plus en plus boueux. L'âne qui les tire peine à avancer. Ses sabots glissent sur le passage escarpé et la fatigue commence à le gagner.

En temps normal, les marchands ambulants se seraient arrêtés pour laisser à l'âne le temps de se reposer. Mais pas dans cette forêt où, à la nuit tombée, le danger vient rôder. L'âne le sait et il ne s'arrêtera pas. Il connaît les dangers que représente cette forêt.

Heureusement, au bout de cette forêt se trouve leur destination. Un petit village entouré par l'une des plus grandes forêts du pays qui le coupe du reste du monde. Les marchands ambulants sont donc leur seul lien avec l'extérieur.
Dans des conditions normales, ils ne leur resteraient qu'une petite demi-heure avant d'arriver, mais avec ces intempéries, cela va être plus long.

Entre les arbres, le village apparaît doucement. Les deux époux sont soulagés car le ciel commence à s'assombrir.
Mais même s'ils voient le village, il leur reste de la route car une rivière bloque le passage et le pont permettant le passage a cédé lors d'une tempête et les villageois ne l'ont pas encore réparé, au grand regret des voyageurs. Il leur faut donc traverser sur le deuxième pont qui se situe un bon kilomètre plus loin.
C'est leur seule solution.

Soupirant, le père de famille allume une torche et dirige l'âne vers la droite afin de prendre le chemin qui mène au second pont.
Ce trajet n'étant emprunté que depuis quelques mois, il est encore plus boueux et moins large que celui dont ils sortent et leur carriole passe de justesse en largeur.
C'est dans ces moments-là que le couple peut s'estimer heureux que leur moyen de transport ne soit pas haut car ainsi, il accroche moins de branches sur son passage.

Plus ils avancent et plus la nuit tombe. Avec l'arrivée de celle-ci, la forêt s'éveille avec ses mystères et ses dangers. Des bruits se font entendre dans les broussailles et, sous la lumière de la torche, les amoureux pensent apercevoir des paires d'yeux les fixant. L'âne, sentant cela, presse le pas et atteint enfin le pont qu'il traverse aussi rapidement et prudemment que possible car celui-ci n'est plus tout jeune et donc fragile.

Dans le village, les lumières s'allument les unes après les autres et les habitants aperçoivent les marchands. Certains commencent alors à préparer l'étable qui accueillera l'âne. D'autres les encouragent avec de grands gestes afin de ne pas trop attirer l'attention de la forêt sur eux.

Enfin, la famille de marchands ambulants atteint sa destination et tous posent enfin pied à terre, s'extirpant avec plaisir de la lourde toile de laine. Ils confient leur fidèle compagnon à l'écuyer du village, garent leur caravane dans une grange prévue à cet effet et avec l'aide des villageois, ils étendent leurs affaires imbibées.
Un sourire fatigué sur les lèvres, ils rentrent finalement au chaud dans l'auberge du village.

Les villageois fêtent l'arrivée des marchands en s'enfilant pintes d'hydromel sur pintes d'hydromel tout en les inondant de questions sur les nouvelles du monde extérieur.
Pour l'occasion, l'aubergiste a même sorti une cruche d'hypocras dont l'existence étonne toute personne présente à cause de son prix. Peu sont ceux qui y ont déjà goutté.

Ils passent la soirée en discutant, mangeant leur premier repas chaud depuis des jours. Après un bon verre de lait chaud pour la petite fille et quelques pintes pour les parents, ils racontent ce qu'il s'est passé à l'extérieur de la forêt ces derniers mois, des conflits aux alliances par mariages forcés, de la perte de nombreuses récoltes aux nouvelles découvertes...
Les villageois sont totalement fascinés par ces nouvelles et certains en oublient même de fermer la bouche.

La fillette s'est endormie dans les bras de sa mère depuis quelques heures déjà. Ils se rendent donc dans la chambre que l'aubergiste leur a gracieusement prêtée à condition qu'ils fassent leurs ventes dans sa salle de réception et mettent leur fille dans le lit.

Lorsqu'ils se couchent à leur tour, ils soupirent d'aise d'enfin s'allonger dans un vrai lit douillet.

La famille s'endort rapidement tandis que dehors, la pluie bas les toits des maison et que le danger rôde. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 10, 2020 ⏰

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