Prologue

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- Papa, pourquoi on ne mange que de la viande séchée en hiver ? J'ai tellement envie de manger un sanglier rôti, bougonna une petite fille en se débattant avec sa lamelle de biche séchée.

Son père, un homme robuste et barbu, lui répondit :

- Parce que nous n'avons pas le droit de chasser dans les forêts en hiver, tu veux que je te la coupe ?

- Oh oui, s'il te plaît, implora la petite avec de grands yeux bleus pétillants.

Tandis que le père découpait la lamelle en plus petits morceaux, elle posa une autre question.

- Mais pourquoi on n'a pas le droit de chasser dans les forêts ?

- Car nous mettrions les dieux en colère, lui répond-t-il avec une trace de peur dans la voix.

Un fracas se fit entendre à l'entrée du village, suivi de cris et de disputes.

Le père attrapa sa fille et la déposa sur son lit.

- Ne bouge pas de là, je vais voir ce qu'il se passe et si tu m'entends t'appeler, surtout, cache-toi du mieux que tu peux, d'accord ? demanda-t-il en lui remettant une mèche de cheveux blonde derrière son oreille.

La fillette hocha la tête. Son père lui fit alors un bisou sur le front et sorti.

La petite fille attendit quelques secondes puis se dirigea vers la porte d'entrée pour regarder dehors.

La porte était restée entrouverte derrière son père, elle jeta donc un œil par son entrebâillement.

Les hommes du village étaient rassemblés autour de deux adolescents et de la dépouille d'une biche.

- Que se passe-t-il ici ? Où avez-vous eu cette biche ? demanda l'homme qui venait de les rejoindre.

- On l'a attrapée nous-mêmes, annonça fièrement l'un des jeunes.

- Mon avis qu'ils sont allés l'attraper dans la forêt, râla l'un des anciens du village.

- Est-ce vrai ? interrogea le père de la fillette qui se trouvait également être le chef du village.

- Évidemment, où tu veux qu'on trouve une biche de cette envergure ? dit d'une façon agressive le jeune qui avait l'arc dans les mains.

- Et puis ce n'est qu'une vieille légende, les dieux ne viendront pas nous chercher pour ça ! se défendit le deuxième jeune.

- Pourquoi dis-tu cela ? demanda le chef avec toute la patience qui le caractérisait.

Des hurlements de loups retentirent dans la forêt, faisant sursauter la plupart des villageois.

- Ils arrivent pour nous, cria une femme, créant ainsi la panique.

- Tous à l'intérieur des maisons, ordonna le chef.

Tous, sauf les deux adolescents, coururent se cacher chez eux.

- Quoi ? Mais ce sont juste des loups qui ont dû trouver leur repas, pas de quoi s'inquiéter. Aller revenez, une telle prise, ça se fête ! s'égosillèrent les deux jeunes.

- Rentrez-vous mettre à l'abri, répondit le chef du village.

Puis, il alla rejoindre sa fille.

Il l'a pris dans ses bras et barricada la porte comme il put.

Il l'emmena dans la chambre et chercha une cachette pour elle. Malheureusement, la pièce ne contenait qu'un lit, une commode bancale ainsi qu'un petit bureau.

Il comprit rapidement que la meilleure cachette pour elle était sous le lit. Il lui dit alors de s'y cacher et il se plaça face à la porte pour défendre sa seule famille.

Le silence se fit dans le village. L'atmosphère était pesante. Depuis sa cachette, la fillette voyait les mains de son père trembler. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, mais elle avait bien compris qu'un danger arrivait.

Le père attrapa la chaise en bois du bureau et la plaça au-dessus de sa tête, prêt à l'abattre sur l'intrus qui rentrera chez lui.

Le bruit de la porte d'entrée sortant de ses gonds arriva jusqu'à eux, suivis du son de pas traînants sur le sol. Ils retinrent leur souffle et prièrent les dieux de les épargner.

La poignée s'abaissa et la porte s'ouvrit lentement. Le père cria en abaissant sa chaise et il y eu un grand fracas. La fillette ferma fort ses paupières, comme pour faire arrêter les événements de la soirée.

Malheureusement, cela ne fonctionne pas et un bruit sourd se fait entendre.

Elle rouvre doucement les yeux et découvre le corps de son père sur le sol. Elle avait envie de hurler mais se retenait de toutes ses forces, elle savait que la créature était toujours là.

Un pied passa au-dessus du corps et se posa devant le lit. Le deuxième suivit doucement et un genou se posa sur le sol. Une main ridée passa sous le rebord du lit et agrippa celui-ci.

Un soupir se fit entendre, suivit d'une voix grave et lasse.

- Je vous avais pourtant prévenu de ne pas venir chasser dans les forêts en hiver.

La créature souleva le lit et la fillette hurla.

Les protecteurs de forêtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant