-3- CHARLIE

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« Le regret me prouve que je ne suis pas dans la bonne direction. »

Franck Dunand

Charlie

Ma tête cognait fort en ce matin. Je sentais la chaleur sur mon visage et je savais qu'ouvrir les yeux ne me plairait pas et ce fut le cas. C'était comme si la douleur s'intensifiait pour me réduire le peu de neurones qu'il me restait et faire ressortir des brides de souvenirs peu glorieux. J'avais bu comme un trou pour échapper aux persécutions de ma meilleure amie et de Logan.

J'avais envie de gerber en sentant la main contre mon ventre tout en me souvenant qu'il ne pouvait s'agir que d'une seule personne. J'aurais pu vomir, réellement mais le bon sens me retenait. Je me glissais hors du lit de la manière la plus rapide avec la volonté de ne pas le réveiller en mode Sioux.

Le réveil sur la table de chevet affichait 8:30.

J'étais grave à la bourre, à peine trente minutes pour me rendre au boulot. Passer par mon appartement était impossible à moins de me faire porter pâle. La migraine qui me percutait la tête était violente comme un marteau piqueur mais je ne me souvenais d'un rendez-vous avec le grand patron.

Putain, comment j'allais survivre à cette journée.

Mes fringues se trouvaient partout dans la chambre, la honte. Il s'agissait bel et bien de Logan, endormi, un bras sous l'oreiller, son autre main à la place que j'occupais. Je récupérais ma culotte, mon jean, mon haut. Dans le salon mes chaussures et mon sac à l'entrée mais pas moyen de remettre la main sur mon soutien gorge, c'était la merde. Il était trop tard pour rentrer chez moi.

D'ailleurs comment j'avais fais pour me retrouver chez Logan ?

En passant la porte de sa maisonnette bordée d'un jardin bien entretenu, je la tirais tout doucement. J'ignorais totalement où je me trouvais, dans quel quartier. Dehors, j'essayais de deviner mais c'était une petite rue résidentielle. En sortant mon téléphone, j'appuyais sur le bouton mais rien ne se passa alors j'insistais plus fort.

— Merde, plus de batterie.

Hors de question de rebrousser chemin alors je continuais mon chemin à pied avec mes seins qui pointaient pour mon malheur. Il valait mieux croiser les bras pour limiter la vue que j'offrais aux voisins. Au bout de ce qui paraissait de trop longues minutes, je tombais sur une avenue commerçante. L'endroit était joli, propre, un peu bohème, des boutiques de fripes et des petits commerces s'alignant. Mais je n'avais pas prévu d'acheter dans le coin, bien trop prêt de Logan. Des brides de la nuit me revenait en mémoire, me filant un coup de marteau dans le citron.

Merde de merde.

Je rentrais dans la première boutique venue sans prêter attention à la devanture demandant un téléphone afin de contacter un taxi de tout urgence. Le hippie à la caisse vêtu d'une chemise à fleurs des années 70 qui me donnait la nausée, était chaussé de lunettes rondes à la John Lenon avec un badge le désignant comme étant « Saffron ». Il me tendait un téléphone antique orange et une carte. Avec un prénom pareil, il pouvait attenter un procès à ses parents. Au bout de la ligne, j'obtenais vite une réponse d'une vieille peau.

— C'est pour aller dans le centre, je répondais à sa première interrogation.

La voix nasillarde de la vieille femme me tapait sur le système.

— Et vous êtes où, chérie ?

Je n'avais toujours pas la réponse à cette fameuse question alors je tournais vers Saffron qui roucoulait avec une jeune femme à la même allure. Je me tenais au comptoir en lisant son prénom « MoonJava ».

Fallen "In the deep"  TOME  1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant