REAL THING | terminée

dans les songes de liv

Un être, des millions de pensées,
Mercredi 12 octobre

Je sors des cours le plus rapidement possible, suivie de mes deux meilleures amies. Aussi superficielles soient-elles, elles me maintiennent dans cette popularité qui, envahie mon esprit, et m'obsède depuis peu. C'est comme si c'était la dernière chose qui me rattachait à la vie, parce que sans ce statut, je ne suis rien. Absolument rien.

- T'as vu les abdos de Jeff Hernandez ! s'exclame Lexie à mes côtés en prononçant ces mots sur un ton exagérément surjoué.

- J'ignorais qu'il prennait autant soin de son corps, renchérit Luna alors que nous marchons rapidement dans les couloirs. J'aimerais bien savoir ce qu'il cache d'autre, ce beau brun.

Je pouffe bien que je trouve cette conversation complètement absurde. J'aimerais avoir des discussions intelligentes avec des intellectuels. Parler chimie et arithmétiques. Littérature et grands auteurs. À la place, je me retrouve à écouter des débilités affligeantes, sur les abdominaux d'un crétin macho.

- Tu parles pas, Liv, constate Lexie en se penchant vers moi. Ça va pas ?

Je lui lance un regard, et croise les iris verts de la jolie rousse, puis détourne les yeux afin de me concentrer sur l'ouverture de mon casier.

- Je suis fatiguée, dis-je simplement.

Luna s'appuie sur le casier face au mien, et en soupirant, je lui adresse une oeillade.

- Un garçon ? me demande-t-elle.

- Quoi ? Non ! m'insurgé-je. Tout ne tourne pas autour des mecs, Luna !

Je ne me rends compte que je hurle qu'en voyant la mine outrée de mes amies.

- Mais qu'est-ce qui te prend ? vocifère la rousse. On fait des tas d'efforts pour toi tu devrais te montrer un peu plus reconnaissante. Tu sais quoi ? Tu mérites même plus qu'on t'adresse la parole, bouffonne.

Elle crache ça, avant de partir en me donnant un violent coup d'épaule, Luna à ses talons. Tout le monde a tourné la tête, et je me sens profondément intimidée par ces regards sur moi. J'aimerais fusionner avec le sol. Disparaître.

Si j'avais de véritables amies, elles se douteraient que tout ce qui ne va pas va bien présentement, au-delà de mes problèmes relationnelles avec des gars peu recommandables. Celle qui m'a mise au monde est en train de rendre son dernier souffle dans un hôpital, et je me retrouve coincée ici. Entourée par des coeur de pierre.

Une première larme perle sur ma joue. Je claque la porte de mon casier et me dirige en courant vers les toilettes, une main sur ma bouche pour étouffer ces sanglots qui ne veulent qu'être entendus.

Dans ma course, je bouscule quelqu'un, qui fait tomber ses affaires au sol. Malgré ma vision brouillée par les larmes, je peux voir un grand garçon portant un sweet à capuche. Il bafouille une brève excuse avant de s'enfuir en courant, laissant sur le sol un carnet. Je le ramasse et m'apprête à lui rendre, mais il a déjà disparu.

Je le colle contre ma poitrine et continue ma route jusqu'au WC pour filles. Je m'enferme dans une des cabines et toutes mes défenses tombent en même temps que mon mur s'effrite. Je maudis ma vie, maudis les gens de cette foutue ville, maudis les maladies.

Les larmes sont chaudes. Tellement brûlantes que leur contact sur mes joues, embrase ma peau, et flamboie mes pommettes. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à pleurer, assise sur la cuvette des toilettes.

Quand je m'arrête enfin, je pense avoir épuisé mon stock de pleurs. Je me dis intérieurement que tout va bien aller. Je vois le positif dans le négatif. Le positif, dans, le, négatif.

J'essuie mon visage humide d'un revers de manche. Je baisse la tête et découvre que je tiens toujours le carnet de ce garçon encapuchonné. Emportée par ma curiosité, je l'ouvre entre deux reniflements. L'écriture est rapide, penchée, et écrite à l'aide d'une encre noire.

Ce carnet appartient à : Xander Evans

Je lis les premiers mots, puis les phrases suivantes.

Mon souffle se coupe.

×××

premier chapitre, premier point de vue de notre chère Liv

vous aimez ? vous détestez ?

merci d'avoir lu!!

peace ✌🏼