Meyx et le Dieu guerrier - 3e partie : Au-delà du Néant

Au-delà du Néant

Je me réveillai en sursaut. Des sueurs glacées perlaient sur mon front étourdi. J'essayai de retrouver mon équilibre. De me redresser. D'ouvrir les yeux.

Je m'empressai de bouger mes membres brutalement secoués. Je retrouvai peu à peu mes esprits. Je sentis de nouveau mon cœur qui battait à un rythme suffisant. Mes sens s'éveillèrent ensuite et s'aiguisèrent à leur cruelle habitude. L'habitude du danger.

De ce voyage cosmique et incompréhensible, ce fut ma vision qui revint toutefois en dernier. Lorsqu'elle se débrouilla enfin, je me dépêchai de contempler ce monde inconnu d'où j'émergeais.

L'absence quasi totale de lumière, combiné à une forte nausée, m'empreignit subitement d'un étrange vertige. Qu'à cela ne tienne, mes yeux d'argent dissipèrent aussitôt cette impression ainsi que les oppressantes ténèbres qui m'entouraient.

Je me retrouvai à présent au cœur d'un long et large tunnel, dont l'architecture et la forme me parurent aussi déconcertantes qu'intrigantes. Ce couloir était entièrement composé d'un alliage en métal aux géométries complexes et étourdissantes. Les murs semblaient parfois brillants et solides, alors que sous un autre angle, ils m'apparaissaient sombres et visqueux. Et plus j'avançais, plus les parois d'acier s'imprégnaient d'une étrange lumière incandescente.

Arrivé rapidement à la fin du couloir, je débouchai, à ma grande surprise, devant des dizaines d'autres tunnels similaires. Ceux-ci étaient tous composés des mêmes amalgames organiques, électriques et mécaniques, qui m'apparurent alors plus dérangeants que majestueux.

Malgré les étourdissements ainsi que ma féroce migraine, je pénétrai en vitesse dans le corridor le plus lumineux. Mon but était d'aboutir à l'extérieur et d'en apprendre un peu plus sur ce lieu énigmatique.

Mais des interrogations subsistaient toujours dans mes pensées troubles : étais-je bien arrivé dans la demeure du Forgeron des Dieux? Ou bien le Zéonith m'avait-il conduit dans un tout autre endroit?

En traversant ce nouveau tunnel de mystères, je jetai brusquement un œil suspect à la fameuse pierre en question, qui brillait de son éclat étoilé au creux de ma main. Je m'assurai ensuite que la hache de Kor et le bouclier d'Elos étaient toujours bien soutenus par ma courroie dorsale, ce qui me rassura brièvement.

C'est à ce moment qu'une pensée froide et soudaine vint aussitôt parasiter mon esprit. Cette réflexion fut brusque et poignante tel le feu du ciel dévalant d'un orage impitoyable.

Pour me venger du chevalier immortel, j'avais traversé mille dangers, combattu maints maléfices, et abouti au-delà des étoiles.

Mais est-ce que j'allais réellement pouvoir accomplir cette quête insensée? Est-ce que moi, Meyx, le guerrier du Nord, j'avais seulement une chance de trouver ici celui que l'on appelait Eldamir, le Forgeron des Dieux? Pouvais-je également demander son aide?

Ou n'étais-je qu'un pauvre fou qui venait de s'égarer jusqu'aux confins de l'Univers?

Je parvins rapidement à chasser cette angoisse de mon esprit lorsque mes oreilles perçurent au loin des résonnements inquiétants. Mon ouïe ne put se tromper : ce que j'entendis était l'écho violent d'une bataille. Avec frayeur et curiosité, j'avançais à la hâte jusqu'au fond de l'immense couloir lumineux et mécanique, là d'où provenait l'étrange vacarme. Sur mes gardes, j'aperçus une grande lumière orangée au bout du tunnel, qui m'indiqua vraisemblablement la sortie de ce gigantesque labyrinthe de métal.

Une fois à l'extérieur, j'entendis le tintamarre des affrontements faiblir jusqu'à cesser complètement. Je fis alors mes premiers pas dans ce nouveau monde, dégainant prudemment ma hache et relevant mon bouclier. J'étais terriblement nerveux. Mais je devais également savoir où diable j'avais bien pu atterrir.