Sous un ciel de Cristal

Nous nous reverrons bientôt

New York, maison de retraite Shady Acres care home, 2017

Plongé dans une amnésie partielle, le vieux roi d'Asgard regardait les écureuils gris tourner autour du vieil arbre du parc. Dans son coin, il revoyait quelques morceaux de son passé. Progressivement, la magie liée au Sommeil d'Odin prenait le pas sur la magie fils. Loki est puissant, mais Odin, le Père de Toutes Choses, l'est encore plus. Lentement, avec la patience d'un vieux chêne, le roi d'Asgard défait les liens magiques qui enchaînent sa mémoire. Une partie de son âme refuse d'être ainsi brimée.

Après deux mois à lutter contre la magie de Loki, Odin réussit à s'extirper des limbes. Il se rend compte que quelque chose ne va pas avec son lieu de vie. Les résidents invalides sont emmenés dans des ambulances, ceux encore valides sont doucement poussés vers la sortie ou envoyés vers des mouroirs comme l'Amérique est capable d'en avoir. Avant que son tour n'arrive, Odin en homme ayant toujours su prendre soin de lui, prend ses maigres affaires et se lance à l'assaut des rues tumultueuses de New York.

En soldat aguerri par des siècles de combat, le vieux roi déambule à la découverte de la cité midgardienne. Ses pas le mènent jusqu'à Central Park. Là, il s'assoit sur un banc baigné d'une douce lumière. Il observe les passants. Son regard est attiré par une scène familière. Une jeune mère essaie de rattraper ses deux garnements. Ses deux garçons turbulents cherchent à échapper à sa surveillance afin de mieux ennuyer leur petite sœur. Un léger sourire illumine le visage ridé du vénérable roi. Il se rappelle les jeux innocents de Thor et de son frère. Leurs courses effrénées dans les couloirs du palais. Les reproches de leur mère mais aussi ses rires face aux pitreries du jeune Loki.

Odin se remémore le visage de sa petite-fille, Nanna, cette frêle enfant, arrivée de nulle part et qui a amené tant de joie et de paix dans sa vie. Il se rappelle l'attitude de Loki quand ils jouaient ensemble. Déjà Loki cherchait à la protéger quitte à prendre les reproches pour lui. Comment avait-il pu être si aveugle ?

Perdu dans ses pensées, il ne voit pas une ombre se diriger vers.

Puis-je m'assoir près de vous ?, dit une voix masculine.

Faites, ce banc est à tout le monde, dit le vieux roi sans se retourner. Ne sommes-nous pas dans un lieu public ?

Vous me semblez bien loin de chez vous, reprend la voix.

Qu'est-ce qui vous fait penser à cela, demande sans siller Odin.

Je sais que vous venez d'Asgard et que son trône est tenu par un usurpateur.

Je suis bien d'Asgard, mais j'ai laissé mon trône au plus jeune de mes fils, gronde Odin tout en se retournant. Loki n'est en rien un usurpateur. Il est MON fils !

L'œil unique regarde avec colère le visage de l'étranger. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux auburn. Une moustache et une barbichette lui entourent la bouche.

Je suis le Docteur Strange et je peux vous faire recouvrer votre place sur le trône.

Je sais qui vous êtes Strange, mais il temps que je laisse ma place. Je me fais vieux et j'entends déjà la voix de ma douce Frigga qui m'appelle.

Alors, je peux vous aider à trouver un lieu paisible pour votre dernier voyage, dit avec douceur le Docteur Strange.

A ces mots, Odin opine doucement de la tête. Il observe le sorcier de Midgard bouger ses mains. Les cercles dorés s'entrecroisent et lui font apparaître différents lieux. Odin les regarde tous, mais aucun ne lui fait penser à un lieu de paix. Doucement, il pose sa main ridée sur le bras de son voisin. Avec la force de son âme, il lui envoie l'image d'un paysage norvégien. Alors, les cercles dorés se rassemblent et laissent apparaître un immense paysage. Sur une falaise couverte d'une pelouse verte, deux hommes apparaissent. Face à eux s'étend l'immensité de l'océan. Odin observe ce paysage qu'il a tend aimé. C'est là qu'il apparaissait aux Midgardiens afin de les guider. C'est là qu'il avait trouvé la paix, quand, le temps d'une trêve, il venait partager la vie des habitants de la Terre. Il se tourne vers son comparse.