Chapitre 1

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Margot




— Maman, je m'en vais, criai-je pour qu'elle m'entende.

Je n'attendis pas sa réponse et sortis de la maison. Mon travail commençait bientôt et si je ne voulais pas arriver en retard, il valait mieux que je me dépêche. Je trottinai jusqu'à l'arrêt de bus et regardai l'heure. Ouf, il arrivait dans 5 minutes. Je m'assis sur le banc, tout en consultant mon téléphone. Un message de Mélanie, ma meilleure amie m'avertit qu'elle serait présente à Thanksgiving avec son mec. Génial, j'avais hâte de la revoir.

Le bus arrivait, les écouteurs dans les oreilles, je me trouvai une place assise. À la descente du bus, je m'aperçus que le temps était menaçant. Mince, il allait pleuvoir et je n'avais rien prévu. Pourtant je devrais le savoir, il pleuvait toujours ici. J'accélérai le pas quand je sentis les premières gouttes tomber. Le temps d'arriver à l'entrée du poly's et j'étais trempée. Quelle poisse !

Je passai le seuil de la porte, Nate, mon patron était derrière le comptoir, en train d'essuyer des verres. Je m'approchai de lui et le saluai.

— Salut, Nate, comment ça va aujourd'hui ?

— Salut, Margot. C'était calme, mais maintenant que tu es là, je suis sûr qu'on aura plus de clients.

— Enfin, Nate. Tu sais très bien que les clients sont là pour voir ta belle gueule !

— Ouais, c'est ça, rit-il.

Je posai mon sac rapidement dans l'arrière-salle et me séchai les cheveux à l'aide d'une serviette. Heureusement, j'avais toujours une trousse de maquillage dans mon sac, un peu de rafistolage et j'étais prête pour une soirée de boulot.

J'avais trouvé ce job deux mois auparavant. Théoriquement je n'avais pas l'âge légal pour y travailler, mais les autorités n'étaient pas vraiment regardantes sur le travail au black. Je ne pouvais certes pas avoir de contrat, mais les pourboires me suffisaient amplement. Normalement, je devais intégrer l'université, mais mon père avait perdu son travail il y a quelques mois. Il avait perdu du poids et les cernes sombres sous ses yeux trahissaient de nombreuses nuits blanches, tracassé par les difficultés financières qui s'accumulaient. Je me devais de les soutenir dans cette crise passagère. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais fait que recevoir, insouciante. Alors en voyant son air de plus en plus abattu, je me suis remise en question et je n'ai pas hésité à saisir cette opportunité, le temps que mon père retrouve un travail. Ils étaient réticents bien sûr. Qui voudrait que sa fille travaille dans un bar ? j'avais bien essayé le fast food du coin, mais il payait très mal, et les pourboires n'en parlons pas ! Avec peu d'heures le soir, je m'en faisais le double. En leur exposant le problème sous cet angle, ils s'étaient adoucis. Pour eux, les études étaient primordiales, mais pour être honnête, je n'avais plus envie d'aller à l'université. Je vouais une passion au maquillage et la mode, cela pouvait paraitre superficiel de ma part, mais c'était ce que j'aimais le plus. Quand la situation s'améliorerait, je leur parlerais de mes projets, de ce qui me tenait à cœur. Et j'espérais que mes parents comprendraient ma décision.

Je nettoyai les tables avant que les habitués arrivent. La télévision dans un coin de la pièce informait d'un nouveau casse qui s'était passé en ville cette nuit.

— Tu as vu, Margot ? Ils recommencent, me dit Nate.

— Oui, ils remettent ça. On a été tranquille pendant un moment, et maintenant ils sont de retour.

Je passai derrière le comptoir et finis de ranger les verres avec lui.

— Ces gars-là sévissent dans la région depuis un moment et la police ne les arrête pas, continua-t-il.

Kaze: une romance New AdultWhere stories live. Discover now