Prelude

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Le jugement des autres m'a toujours terrifié, se transformant en angoisse, jusqu'à ce que je découvre que je souffre d'anxiété. Tout le monde peut en souffrir me diriez-vous ? Avant un examen, lors d'un exposé devant une cinquantaine de personnes, ou même quand il y a trop de monde autour de vous. Cela avait commencé ainsi. De petites crises d'angoisse par-ci, par-là, pour des raisons excusables.

Mais, plus le temps passait, et plus je paniquais pour rien. Et c'est là que j'ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Aucun événement ne justifiait vraiment ces paniques, mes membres qui tremblaient, ma respiration qui manquait.

Je vivais un vrai handicap.

Pourtant j'avais des amis avec qui je passais de très bons moments. Nous rions, nous jouions à des jeux vidéos ou des jeux de cartes. On aimait se balader en vélo, aller à la plage ou encore passer des soirées dans les salles d'arcade.

ça me manque.

Jamais je ne pourrais revivre tous ces instants. La faute à qui ?

A moi, rien qu'à moi. J'ai tout gâché, comme je l'ai toujours fait.

J'imagine que vous ne comprenez pas vraiment où je veux en venir et qu'est-ce que je peux bien raconter. J'ai l'air énigmatique, mais ça n'a jamais été dans ma nature. On peut dire que c'est comme une carapace, pour me protéger des autres et de ceux qui pourraient me faire du mal, encore. J'aimerais retrouver ce sourire, cette joie immense que je ressentais.

En changeant de lycée, je pensais que c'est ce qui allait arriver. Que tout mon passé était derrière, que je pouvais enfin tout oublier et reprendre à zéro.

Mais, c'était un enfer.

Pas comme la première fois, c'était bien pire.

Je n'étais pas la victime.

J'étais le coupable.

Je n'étais pas le harcelé.

J'étais le harceleur.

Et je regrette d'avoir causé autant de mal à une fille qui n'avait rien demandé, qui ne souhaitait qu'être heureuse avec celle qu'elle aimait.

J'étais peut-être jaloux, de ne jamais avoir pu ressentir cela : le fait d'être désiré, d'être aimé.

Je n'en sais rien. C'est flou dans ma tête.

Cependant, ce qui s'est déroulé avant l'histoire que vous avez lu, je m'en souviens parfaitement et c'est pourquoi j'aimerais changer l'estime que vous avez de moi.

Oubliez qui vous pensez que je suis.

Car je ne suis pas une ordure, un salaud ou un connard.

Je ne suis que Dimitri. 

Premier OrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant