Si on m'avait dit qu'à l'heure actuelle je serai assis face à mon bureau, dans une chaise minable, avec seulement un bout de papier et un vieux stylo trouvé dans le tiroir de la cuisine, j'aurais ri au nez de la personne. Et pourtant, c'est bien à cet endroit que je me trouve - la porte de ma chambre fermée à clef qui plus est. Vraiment, je ne pensais pas qu'en essayant de vivre normalement, j'en serai arrivé là. Mais j'en suis bien obligé.
Merci à tous ces... Le mot exact ne me vient même pas en tête, tellement ces "personnes" étaient des êtres uniques en leur genre, indescriptibles tant ils étaient mauvais. Un ou plusieurs prénoms ? Non, aucun ne me vient à l'esprit ; ce qui peut peut-être expliquer pourquoi je suis resté si longtemps dans le silence. Sérieusement, vous iriez vraiment vous plaindre en disant "oui eux, là, tout là-bas...". C'est ridicule. Peut-être que ça vous ait arrivé, je ne juge pas ! Car oui, j'aimerais qu'on en parle de ça, du "jugement".
Je risque de partir un peu dans tous les sens, mais ne vous inquiétez pas, ce n'est que le début. Cette partie de l'histoire me sert plus à me libérer de tout ce que je ressens à l'instant, plutôt que de ressasser les événements passés. Je me tiendrai à ce que j'avais promis, comment j'ai pu passer de cette pauvre victime sans défense à ce criminel qui a brisé la vie d'une fille qui n'avait absolument rien demandé !
Le terme jugement, je disais donc... Peut-être est-ce bien de rappeler sa définition, cela aurait pu s'égarer hors de l'esprit de certains (comme le mot respect...). Le dictionnaire que j'ai sous la main - j'ai oublié de préciser que mes parents m'ont laissé la possibilité d'utiliser un ouvrage dédié à ne pas faire de fautes d'orthographe, car que penserait ma thérapeute si elle voyait que je ne sais pas écrire, aborde le "jugement" comme "l'action de se faire une opinion ; une manière de juger ; une appréciation portée sur quelqu'un ou quelque chose". Dites moi donc votre "jugement" sur moi, cela m'intéresse, bien que j'imagine à quoi il peut bien ressembler...
Je sais, je sais, je m'égare beaucoup dans mon discours. A vrai dire, quand une inconnue, bien que je porte cette dame qui a fait beaucoup d'études en psychologie dans mon coeur, vous donne un devoir à faire, une introspection dit-elle, on finit par s'exprimer un peu trop. On commence à écrire, à se forcer, puis on s'arrête sur un mot et tout défile : les souvenirs, les émotions, la colère, la haine, la rage...J'espère bien que cela ne dérangera personne.
Entrons réellement dans le vif du sujet.
Si je me retrouve dans cette délicate situation d'introspection, c'est pour la simple et bonne raison qu'après le départ de Sasha (que vous connaissez bien) j'ai fait une rechute. La culpabilité s'est emparé de moi et je n'ai plus su quoi faire. J'ai craqué. J'épargne les détails sordides, mais vous m'aurez compris.
Mes parents, témoins de mon état, m'ont emmené voir une spécialiste. J'avais besoin de parler, même si j'étais dans le déni au départ. Je me dégoûtais trop. C'était comme si j'étais devenu quelqu'un d'autre, l'acte que j'avais fait ne venait pas du Dimitri que j'étais. Le Dimitri que vous avez connu, que vous avez si mal jugé, que vous avez tant insulté de tous les noms, ce n'est pas celui qui vous parle actuellement.
Je suis désolé pour ce que vous avez vu, oubliez tout ça je vous en supplie. Faîtes comme si c'était quelqu'un d'autre, s'il vous plaît.
Ecoutez moi. Apprenez à me connaître. Comprenez moi.
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Premier Orage
Genç KurguVous m'avez jugé. Vous m'avez détesté. Mais vous ne me connaissiez pas. C'est à vous lecteur que je m'adresse aujourd'hui. C'est pour vous que j'écris ce récit. Pour qu'enfin, quelqu'un me comprenne.