Chapitre 2

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Encore un réveil. Avant de plonger dans les songes, une souffrance, puis une fois endormi, la récompense. Pour la première fois. Je voyais un garçon, peut-être un peu plus âgé, quelque part, au fond de moi, son visage est ancré, pourtant, je n'arrive pas à le visualiser. Quelque chose m'en empêche. Même sa voix.. c'est comme si il était incomplet. Des morceaux de souvenirs que je dois retrouver.

Je me lève, une légère douleur au cou, je me regarde un instant dans le miroir et constate les dégâts, une trace légèrement rouge marque ma gorge. Mes cernes commencent à disparaître. J'ai l'impression de voir ses mains, partout sur moi. Sur mon ventre, sur mes cuisses... il me dégoute. Pourtant je refuse de le dénoncer. L'orphelinat où j'étais n'est pas très loin. Pourquoi je me résigne comme ça ? C'était le paradis...

Je ferme les yeux, puis revoit ce paysage, un champ vert, un léger vent. Puis j'ouvre brusquement les yeux, il était là.  Le même homme que dans mon rêve, c'est un souvenir ? Je ne dois pas trop y penser.

Je retourne me préparer et regarde la météo. Un temps plutôt clair, quelque nuage et une température fraîche. Je vais mettre un foulard, pour cacher ça.  Une fois prête, je me dirige dans le salon, encore une fois les rideaux sont fermés.  Je les ouvres, la lumière me pique les yeux. Où est-il ? D'habitude il dort sur le canapé. Chambre ? Rien, cuisine ? Rien, la salle de bain alors ? Toujours rien. En repassant par la cuisine, je remarque un morceau de papier. Il est écrit maladroitement "Je suis en retard, bonne journée à toi, j'espère que tu n'as pas eu trop de mal à mon retour." Il est encore rentré ivre, il me parlait comme un chien et m'a encore forcé. Quoi qu'il fasse, mon âme me dit de le protéger, au moins jusqu'à ce que je lui révèle tout ça. Peut-être que comme ça, il arrêtera, ça règlera tout. Plus que deux mois à supporter ça, ce sera son anniversaire, quel meilleur cadeau qu'une révélation qui détruira tout ? Je serais tranquille, je pourrais avoir une vie normal, enfin, à moitié.

Me voilà dans la rue, le soleil se glisse entre les nuages blancs qui traversent le ciel. Je me plonge dans mon monde, me noie dans une multitude d'émotions que transmettent les musiques que j'ai téléchargé. Je m'isole, je n'entend plus les bruits agaçant de la rue, les voitures qui se plaignent du trafic lent, ceux qui se battent pour un oui ou un non. Les gémissements plaintif des chiens errants ou encore les bougonnements de la vielle voisine. Je marche lentement, étant en avance, je me dis que peut-être la douce brise qui me salue chaque matin pourra m'emporter. Mais encore une fois, je me retrouve devant ce portail en fer.

Et comme toujours, les corbeaux jacassent. Je pénètre dans l'enceinte de l'établissement en refermant derrière moi le petit portail qui sert à faire entrer les élèves. Je retrouve à nouveau le surveillant, il a l'air encore plus fatigué qu'hier.

Je continue ma route et me dirige vers la cour, j'évite les regards qui me transpercent. Soudainement, je sens quelqu'un s'approcher de moi, interrompant mes pensées.

"-Excuses moi, mes amis n'arrêtent pas de me répéter que tu as vendus ton corps. C'est vrai ?"

Je mis du temps à répondre, il était petit semblait naïf, je ne voyais pas de mauvaise intention  dans son regard, mais les serpents cachent bien leurs venin.

"-Ne les écoutes pas, d'accord ? Tes amis sont cons de croire tout ce que les gens racontent. À toi de ne pas être comme eux et de ne pas participer à ce genre de chose."


Quelque part, j'aurais aimé continuer à lui parler, ça me manque, le contacte social. Il est parti comme il est venu. La période des examens approchent, le stress arrivent, la saison des pluies et des pleurs aussi. Je ne veux pas voir ça.

Le ciel se voile petit à petit, le soleil qui rayonnait laisse ainsi place à la grisaille, la pluie arrive. Même les moins populaires ont quelqu'un à retrouver ici. Mais moi elle est ailleurs et je ne sais même pas si elle est encore en vie. C'est étrange mais tant que j'y pense, j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre. Comme si une bulle se formait lorsque ce souvenir remonte.

Parfois j'aimerai que ma vie soit un de ces livres, où au milieu d'une histoire ennuyeuse, l'héroïne découvre un pouvoir qui va l'aider à tout surmonter mais ici, ici, ce ne sera pas le cas, ma vie sera toujours ennuyante, cela dit, je règlerais mes problèmes d'une manière où d'une autre.

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⏰ Dernière mise à jour : May 27, 2020 ⏰

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