Les vingt-quatres coup de minuit

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La pièce est désespérément vide, les murs décrépis dont la tapisserie part en lambeaux reflète légèrement la lumière de la pleine lune arrivant péniblement à travers une fenêtre. Dans le silence oppressant, se fait entendre le bruit du mouvement si caractéristique d’un balancier d’horloge. Dans la pénombre j’aperçois au pas de la porte une flaque d’un liquide semblant relativement foncé et opaque.

D’un coup, les cloches de l’église non loin de là se mettent à retentir et annoncer minuit. Dès lors, la pièce dans laquelle je me trouve se mets à retrouver sa splendeur, ses richesses… son âme de jadis et deviens instantanément baigné de la lumière douce et rassurante du soleil. Sa chaleur venait réchauffer ma peau alors frigorifiée. Des visions me prirent et j’ai pu apercevoir une famille vivant dans cette pièce pleine de richesses. Ils ne me voyaient pas alors que je les voyais moi, devant mes yeux, à portée de main. Je restais immobile, observant là cette famille jouer ensemble dans la joie et l’amour.

Peu à peu, je voyais ces visions idylliques devenir un véritable cauchemar. Les gens face à moi étaient en train de maigrir à vue d’œil, leur peau commençait à s’effriter, partir en lamelle se décollant lentement de leurs corps, laissant la chaire à nue. La famille continuait de jouer, comme si rien ne se passait, je continuais de les observer, comme fasciné par le lugubre spectacle se déroulant face à moi. Leur sang s’est mis à couler le long de leurs yeux, de leur poitrine ainsi que par le ventre. Les orbites se sont mises à se creuser, les muscles à se détendre et la chaire à pourrir sur les squelettes de ces personnes qui jouaient toujours ensemble, l’air de rien. Ils se firent un dernier câlin avant de tomber en poussière.

Au vingt-quatrième coup de cloche, tout s’est mis à disparaitre. Le soleil a disparu, la nuit et la douce et timide lumière lunaire ainsi que le froid plus mordant que précédemment se sont réinstallé. Je me lève, désireux de partir, d’essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, pourquoi et comment j’ai pu voir cette scène d’horreur et d’amour. Je récupère donc mes esprits et tente de partir par la porte baignée dans la pénombre. Elle est verrouillée. D’un coup, mes forces se mettent à m’abandonner et je me retrouve à terre. Je m’inspecte, voir si je ne me suis pas blessé. Je vois sur mon corps ma peau partir en lambeaux, je sens mon sang couler sous mes yeux… la flaque n’était pas réapparue sans que je ne m’en rende compte. Je suis exactement à sa place, me vidant de mon sang, commençant à pourrir et à me décomposer.

Mon Heure est arrivée.

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