promesse

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Wonwoo,
C'est moi, Mingyu.

Il y a quelques temps, je me promenais avec toi, comme nous avons coutume de le faire. C'était un matin à l'air assez frais, caractéristique du climat de notre région, et je craignais réellement que tu ne prennes froid. Je t'ai proposé à plusieurs reprises de rentrer, mais tu semblais décidé à rester près de la rivière. Malheureusement pour moi, lorsque tu as quelque chose en tête, tu n'abandonne jamais. Et mon rôle est tout simplement de t'aider.

Tu t'es alors soudainement mis à me parler de ton amour pour l'écriture. Tu rêves de devenir écrivain. Je pense sincèrement que tu y arriverais aisément, possédant tout le talent et toutes les qualités requises pour cet art. Mais tu ne m'écoute jamais, alors que je te le répète inlassablement. Tu te contente simplement de détourner ton doux visage dont les joues se colorent tendrement. Et puis tu éclates de rire. "Ne dis pas de bêtise Gyu".

Quoiqu'il en soit, tu m'as soudainement conseillé d'écrire. J'ai voulu rétorquer que cette idée était, contrairement à celles que tu as à l'accoutumée, ridicule. Mais tu ne m'as même pas laissé le temps de commencer.

"Tu n'es pas obligé d'écrire des poèmes tu sais, mais tu pourrais raconter tes journées. Ce que tu as fais et appris, ou même comment tu te sens."

L'expression de mon visage à du, une fois de plus, traduire mon incompréhension face à tes pensées et ce, avant meme que je ne te demande le pourquoi du comment d'une telle proposition. Et encore une fois, tu as continué de m'expliquer ton raisonnement avec l'infinie patience dont tu fais toujours preuve à mon égard.

" Je n'ai pas vraiment de raison ... Je pensais seulement à quel point la vie me coûtait avant que tu n'y arrives. C'est dur de rester enfermé, seul dans la pénombre, tu sais ?"

Je me suis contenté de hocher la tête, alors que non, je ne sais pas. J'ai grandis à la campagne, je suis un enfant du grand air. Le teint halé que ma peau arbore est une preuve de mon existence passée sous le soleil ardent. Wonwoo, j'ignore tout de cette souffrance que tu as dû endurer seul, alité et enfermé. 

"Je crois que si je suis parvenu à ne pas devenir fou, c'est parce que j'écrivais tout ce qui me passais par la tête, n'ayant quiconque à le conter."

Tu me tournais le dos, mais je pouvais aisément deviner la mélancolie qui devait alors s'esquisser dans les abîmés de ton sombre regard. Je me suis alors senti affreusement inutile face à la souffrance que tu avais dû supporter, seul. Je me suis donc contenté de me pencher vers toi et de te serrer contre moi, aussi fort que ta faible carrure me le permettait. Car Wonwoo, si tu parviens à s'exprimer par l'écriture, c'est pour ma part par les gestes que je me sens le plus à l'aise.

Tu t'es alors retourné vers moi, tandis que je relevais mon visage qui avait retrouvé son éternel refuge, blotti contre ta nuque. Un petit sourire se dessinait peu à peu sur ton pâle visage, l'illuminant, alors que tes yeux me détaillaient attentivement.

"Mais Wonwoo, moi je n'ai pas de problèmes. Je veux dire, je suis avec toi, tout va bien."

Un gloussement attendri s'est alors échappé de tes fines lèvres.

"Moi non plus Gyu. Mais pourtant je continue, je veux pouvoir garder une trace du temps que je passe avec toi. Ne veux-tu pas pouvoir relire tes écrits et les miens, le jour où je ne serais plus là ?"

Je me suis contenté de te serrer la main distraitement, comme à chaque fois que je réalise que nos moments passés ensembles sont bel et bien comptés. Cette fatalité pèse sur nos deux êtres à chaque instant, si bien que je finis par m'y faire. À tel point qu'elle me revient parfois en pleine figure, tant que s'en est presque douloureux.

Wonwoo, que se passera-t-il pour moi le jour où tu t'en ira ? J'ai souvent peur de ne pas te survivre. Est-il possible de mourir de chagrin ? Si une telle possibilité existe, j'ai bien peur qu'elle représente alors mon funeste destin.

Quand je me retrouverai seul, aurais-je la force, ou même la volonté de me plonger dans les pages de ces carnets ? J'ai bien peur que cela ne soit trop douloureux, et ressasser un passé radieux tandis qu'on est malheureux n'est pas toujours une bonne idée. Mais bien évidemment, je ne t'ai rien dis de tout cela, Wonwoo. Je ne voudrais pas rajouter ma future peine sur le poids qui pèse déjà sur tes frêles épaules. Mon rôle est de t'aider, pas de t'accabler, n'est-ce pas ? Car je ne devrais pas songer à être si égoïste, je le sais, alors je ne m'en plains jamais.

Après tout, sous quelle étoile suis-je né pour que les dieux m'accordent si généreusement toujours plus de temps en ta douce compagnie ? Finalement, rien que de t'avoir rencontré relève du miracle. Alors je ne pense pas avoir le droit de me sentir peiné par cette situation. Je devrais être reconnaissant d'avoir la chance de partager ton quotidien et de connaître ton incroyable monde.

Alors peut-être que oui, peut-être voudrais-je me souvenir de ma vie à tes côtés, Wonwoo. Me souvenir de ton sourire, de ta voix si profonde, de ton allure si délicate. De tous ce que tu m'apprends lors de nos ballades, de ta façon de me rassurer et de prendre soin de moi.

Oublier tout cela serait, tout compte fait, le pire qu'il pourrait m'arriver. C'est pourquoi, à partir d'aujourd'hui, je relaterai mes journées.

Néanmoins, plutôt qu'adresser mes mots aux papiers, je préfère te les dédier. C'est tout à fait idiot, je le sais, car au final c'est moi qui resterai seul tandis que tu t'en ira. Et arriverais-je à me plonger à nouveau dans ces lettres que je te destinais, le jour où tu m'auras laissé ? Peut-être pas.

Mais peut-être y arriverais-je. Et je retrouverai dans ces écrits le témoignage de l'affection et de la tendresse que j'ai pour toi.

"Je ferai du mieux que je peux si tu y tiens, alors."

Je t'ai souris pour accompagner mes dires, avant d'ajuster l'épaisse couverture de laine que j'avais tricotée à ton intention, et qui protégeait tes fines jambes, comme à l'accoutumé. 

"Wonwoo, rentrons avant que tu ne prennes froid."

Tu t'es contenté de hocher la tête, toujours cet air ravi sur le visage. Si j'avais su que te promettre d'écrire et de me souvenir de nos moments passés ensembles te rendrai si heureux, je l'aurai fait bien avant.

alone again ; meanie & soonyoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant