— Assez! Pour une fois, menons à bien ce repas s'il vous plaît !
Des jérémiades incessants s'affaissaient dans la cuisine. Un brouhaha qui résumait que trop bien la relation qu'entretenait les domestiques entre-eux.
Rien de bien méchant, seulement, ils avaient le don de parler bien trop fort pour le peu que pouvaient supporter les oreilles fragiles de l'intendante.
Ce son saillant faisait tourner la tête de cette dernière; presque à la rendre étourdie.
Heureusement que les maîtres n'étaient pas en contact direct avec les serviteurs et qu'ils n'entendaient donc aucun bruit à travers les murs et les plafonds. Car l'espace réservé aux serviteurs couvrait tout le sous-sol. Aucun maître ne s'y aventurait tout comme aucun domestique ne vagabondait dans les appartements privés de leurs employeurs.
Les serviteurs ne se rendaient dans les autres parties de la maison que pour y travailler. Le dernier étage qui était le grenier, était réservé pour leurs chambres et salles de bains.
— Eric, bas les pattes. S'écria madame Enys, la cuisinière, les prunelles jades arrondies en état d'alerte. Ne touches pas avant d'avoir fait ta prière.
Personne ne décidait dans la cuisine de madame Enys. Personne sauf elle. Sous-sol ou pas, c'est elle qui dirigeait toutes les cuisines du château.
Eric, le cocher qui voiturait les maîtres, allait déjà beaucoup mieux. Son mal de tête était passée et il ne semblait plus faire de la fièvre. De quoi rassurer le personnel qui avait besoin de lui dans les jours qui suivent.
— Mais, et Louis alors! S'offusqua le cocher de vingt-cinq ans, d'une moue au visage.
Louis lâcha rapidement la cuillère qu'il tenait en main en prévoyant le regard de madame Enys pivotait vers sa personne.
— Je n'ai aucune idée de quoi il parle. Se défendit le petit en bafouillant, les mains en hauteur. Mais ses bajoues gonflées et sa bouche pleine à craquer disait tout autre chose.
Madame Enys et madame Miles soupirèrent dans une imploration collective.
Chaque soirée, c'était les mêmes cris. Chaque soirée, c'était les mêmes reproches et chaque soirée, c'était la même histoire.
Mais ô comme Louis chérissait ces repas. C'était sa famille à présent. Et il les aimait. À l'exception de certains mais ça ne le freinait pas dans son amour propre ainsi que l'amour qu'il avait à offrir.
De l'amour à donner, ça, Louis en avait. Même un peu trop. Si l'on payait plus d'attention et si l'on s'approchait de plus près, on pourrait constater que cet élan d'amour débordait même de son petit cœur. Car il ne savait pas quoi en faire pour l'instant; de cet amour.
Il était à présent dix-neuf heures et demi.
Lors du dernier repas de la journée, après avoir servi les supérieurs, les domestiques se rejoignirent tous pour discuter, s'échanger les derniers ragots et éventuellement briefer la journée de demain.
Car la plupart d'eux jouait un rôle distribué à l'avance. Entre domestiques, valets de chambre et les bonnes à tout faire, un travail homogène les unissait.
Quel rôle Louis allait-il avoir cette fois-ci? La cuisine? La vaisselle? Le repassage? Ou le raccommodage peut-être? Il espérait pouvoir être celui qui se chargera d'acheter le pain, le lait et la viande le matin car ça lui donnait le temps de prendre l'air à la fois.
Mais avant-tout, il fallait prendre des forces pour pouvoir attaquer la journée de demain.
Garni sur la vaste table pouvant prendre jusqu'à vingt personnes se trouvait un des plus gros poulet farci que Louis n'avait jamais vu de sa vie.
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OS - Larry
FanfictionDes histoires clichées et incontournables sur du Larry, certes lues et relues mais pour le coup, écrites à ma manière.