Le vert de tes yeux

Chapitre unique

Hey ! Petite précision avant de commencer l'histoire, pour que vous puissiez mieux comprendre :

Dans cette histoire je parle de daemons. C'est un concept que j'ai repris des romans A la croisée des mondes pour ceux qui connaissent, mais je vais expliquer plus en détail pour que tout le monde soit sur la même longueur d'onde.

Les daemons (qui se lit "démons") sont une sorte d'extension de notre âme, comme un bout de notre conscience qui a un corps qui lui est propre, et qui va prendre la forme d'un animal. Ils peuvent changer de forme à volonté, et sont donc relié à leur "réceptacle" par un lien qui est presque incassable mais qui s'use avec la distance (quand on sépare un morceau de son âme du reste, c'est jamais bon signe). Les daemons ne peuvent parler qu'à l'être humain auquel ils sont relié, et entre eux, pour les autres personnes ils n'entendront que des grognements en fonction de la forme animale qu'ils ont à ce moment-là.

Voilà voilà, je pense que c'est tout ce que vous aviez besoin de savoir avant de commencer à lire.

Merci d'avoir cliqué sur cette histoire et bonne lecture !!

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La tempête faisait rage, la neige bloquait toute la vue et le vent ne faisait que corser les choses. Perdu dans ce paysage blanc où on ne distinguait plus le ciel du sol, Katsuki refermait comme il pouvait les fourrures qui lui tenaient chaud autour de lui. Ça faisait une semaine qu'il avait fuit, et qu'il errait loin de chez lui. Enfin, ce qui restait de chez lui.

Il y avait une semaine, un coup d'état avait renversé la famille royale et s'en était pris à tout le monde. Le roi en premier, puis la reine, le personnel qui tentait de les protéger, et en l'espace de quelques minutes la pièce était remplie de cadavres, sous les yeux du prince qui n'avait qu'une seule solution pour s'en sortir : fuir. Fuir aussi loin qu'il le pouvait, pour survivre et échapper à ceux qui voulaient sa tête. Mais en plein hiver, avec la neige à perte de vue, le blond ne savait plus où il allait, d'où il venait, mais il continuait à marcher. Son daemon bien emmitouflé sous la fourrure autour de son cou, il avançait inlassablement, pas à pas, s'enfonçant de plus en plus dans la tempête.

Avec la couche de poudreuse sous ses pas, il marchait difficilement, trébuchait parfois, mais se relevait toujours pour repartir, sans un mot. Lui qui était de nature assez explosive était resté muet pendant tout le long de son voyage. Une seule idée restait ancrée dans sa tête, fuir. Loin. Il s'accrochait à cette idée pour ne pas penser à la mort de ses parents, ni au froid qui lui gelait le corps, ni au silence lourd de l'environnement.

Seulement une semaine, c'était long. Il avait beau tenter de baisser la tête, regardant ses pieds disparaître sous la poudreuse, penser à ne pas s'arrêter, les images ressurgissaient petit à petit. Les cris, la peur sur les visages, le sang qui se répandait sur les tapis brodés d'or, tout ce qu'il tentait d'enfouir remontait à la surface de sa conscience, si bien qu'à sa chute suivante il ne se releva pas.

- Tout va bien ? demanda son daemon.

Il ne répondit pas. Il tremblait, de froid ou de peur nul ne savait, mais il ne put retenir une larme qui gela au contact de sa joue. C'était douloureux, de revivre ces souvenirs encore frais, et la neige qui tombait sans cesse ne faisait rien pour arranger ça.

Les images défilaient sous ses yeux, de plus en plus vite dans une spirale infernale, n'ayant plus en tête que les yeux gris ternes des gens qui lui ont arraché son quotidien. Des iris sans couleur qui voyait le monde en noir et blanc, qui ne voyait pas le rouge sombre qui ornait leurs lames, ni les nuances des tissus qui se déchiraient sous leurs coups. Des yeux gris qui criaient toute la rage qui dormait au fond d'eux en prenant des vies une par une.