Après le crépuscule - TOME 1 -

6. Sander Diamond

Je suis monté à l'étage après avoir regardé cette fille monter les escaliers.
J'étais en salle 113, donc je suis parti me ranger.
Là, je vois une belle affiche sur Strauss, du coup je la lis.
J'ai toujours aimé la musique classique, j'en écoute pas tout le temps mais elle me repose bien.
Strauss est l'un de mes compositeurs préférés derrière Smetana, Beethoven et Debussy.

Il y a encore cette odeur vanillée.
Elle est à l'étage, le même que le mien.
L'odeur vient de ma gauche, alors je redresse la tête et je la vois.
Elle me regarde.
Je crois que je ne me lasserai jamais de sa beauté.
Je lui souris.
Après tout, elle m'avait souris tout à l'heure, je peux faire le premier pas maintenant, non ?
Elle me sourit aussi.
Je n'ai pas envi de quitter son regard, mais ma classe commence à rentrer dans ma salle, du coup je prends mon sac et rentre à mon tour.
Un professeur rentre dans la salle.

- Holà, soy el profesor de Español, el profesor Martés.

L'espagnol, une matière qui ne m'avait pas manqué.
Pendant une demi heure on s'est présenté à l'oral, j'ai dû me présenter et lorsqu'on m'a demandé la profession de mes parents, j'ai dis instinctivement chasseurs, car c'est ce qu'ils sont. Mais quand on m'a demandé de quoi, j'ai répondu de prédateurs.
Ce n'est pas complètement vrai ni complètement faux, mais je n'avais pas trop le choix.
Soudain la porte s'ouvre brutalement et mon père rentre.
Tous les élèves se lèvent, du coup je me lève même si j'en avais pas envi.

- Algonzard Maxime, vennez dans mon bureau.
- Tout de suite ?
- Oui tout de suite.
- Je prends mes affaires ?
- Maxime tu viens tout de suite.

C'est en laissant mes affaires que je suis mon père jusqu'à son bureau.
Il me fait m'asseoir sur le fauteuil installé en face de son bureau.
À tous les coups il m'a vu parlé à une fille.
Il me regarde. Je décide de faire le premier pas.

- Papa ?
- J'ai trouvé la première.

Mon cœur se stop net, et si on avait trouvé la même ?

- Justement papa, je crois en avoir trouvé une aussi.
- Elle m'a tenu tête, mon pouvoir n'a pas fonctionné sur elle.
- Elle dégage une odeur vanillée.
- Elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a remis à ma place.
- Elle a des yeux magnifiques et bruns.
- Elle déteste le mépris et les injustices, comme nous.
- Elle a un charme indescriptible.
- J'aime les lapins qui mangent des nems.
- Elle a un sourire si apaisant...
- MAXIME!

Je sursaute, j'étais pas prêt.

- Oui papa ?
- À quoi tu joues là ?
- Je t'aide pour la description.
- C'est elle Maxime.
- Comment en être sûr ?
- Son nom de famille c'est Diamond.
- Diamond... Comme...?
- Oui.

Je reste figé, c'est donc bien elle.
Je ne réponds pas pendant quelques secondes.
Mon père me sort de mes pensées.

- J'ai besoin que tu vérifies son odeur.
- Je l'ai déjà senti, c'est bien elle la première.
- Tu dois vérifier.
- Et quand ?
- Ça va sonner dans 30 secondes, tu la trouves, tu lui parles, tout ce que tu veux, et une fois que tu as une réponse sûre, tu reviens dans mon bureau, d'accord ?
- D'accord...
- Quoi ?
- Bah en fait...
- Maxime!
- Je voudrais connaître son prénom.

Mon père soupire.

- Elle s'appelle Sander, Sander Diamond.

Une sonnerie retentit et je n'attends pas l'autorisation de mon père pour sortir de la salle. Je cherche son odeur que je ne tarde pas à trouver.
Je la piste, je la suis.
Je prends l'escalier de droite pour fuir la foule et je me retrouve dans la cour.
L'odeur vient du hall.
Merde.
Il y a deux odeurs.
L'odeur de Sander vient du hall, et une autre odeur vient des buissons...
Les buissons sont plus proches, mais c'est celle de Sander que je dois trouver.
Je regarde les buissons, mais voyant qu'il n'y a rien, je cours vers le hall.
L'odeur de Sander devient de plus en plus forte.
Elle est là, à quelques mètres...

PAAAM.

Et voilà ça recommence, j'ai encore heurté quelqu'un. Mais je n'ai pas le temps de me lever que sa voix s'élève et mon sang se glace.

- Je suis désolée, je voulais vite sortir de cet endroit fatiguant à la recherche d'air pur et de liberté, vous allez bien ?

Elle a vraiment employé le  « vous  »?
Je suis sûr qu'elle regrette d'avoir été aussi moyenâgeuse.
Je me redresse, la regarde et commence à voir des petites rougeurs s'installer sur ses joues.
Je l'intimiderais donc ? Je dois répondre un truc.

- Décidément nous sommes tous les deux maladroits.
- Je me méfierai de cette porte à l'avenir.

Je lui souris, mais cette fois elle ne me sourit pas, elle doit être gênée.
En tout cas, maintenant je suis sûr que c'est elle, son odeur est trop reconnaissable, c'est forcément elle et je dois le dire à mon père.
Il faut que je finisse la conversation.

- Bon, j'ai rendez-vous chez le Chancelier, à plus tard Sander Diamond.

Merde.
La boulette !
Je viens de dire son prénom et son nom !
Elle va se poser des questions c'est sûr.
Et voilà j'ai tout foiré.
Mais pour le moment elle ne semble pas l'avoir remarqué.
Je lui souris, elle me sourit, et je me faufile dans la foule rapidement.
Je dois vite aller voir mon père.