Chapitre 1

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- Étais-tu obligé de rester aussi longtemps ?

- J'en avais envie.

- Tu dois faire attention, tu es trop insouciante.

- Je sais.

- Le sais-tu vraiment ?!

- Tamar, dit froidement Ezebel. Nous portons le même poids sur nos épaules, ne m'en rajoute pas alors que j'essaie de vivre un minimum.

Ezebel s'engouffra dans l'une des cabines du bateau et ferma la porte derrière elle avant que Tamar n'ait pu lui répondre. Il soupira et accrocha le regard du Pato qui ne les quittait jamais.

- Quoi ? Ne me dit pas que toi aussi tu n'étais pas inquiet ?

Le Pato lui lança un regard sceptique en guise de réponse et se détourna, retournant à son poste d'observation.

- Je sais que nous avons tous un poids sur les épaules, se murmura Tamar en rejoignant sa propre cabine, mais ça n'empêche que je suis inquiet.

Quelques temps plus tard, le navire passait un rideau de liane et de cascade, entrant dans une grotte à moitié immergée en apparence, celle-ci était en réalité spectaculaire, immense et profonde. Il y avait un petit ponton en bois pour accueillir les navires et les barques, des maisons en bois et en briques avaient été construites dans les cavités de la grotte. Le rideau de liane se referma, la grotte et le bateau étaient désormais cachés, loin des regards curieux et indiscrets. Une fois amarré les enfants aux regards d'argent se purent se détendre un peu, ils étaient rentrés à la Base, leur nouveau chez eux depuis qu'ils avaient dû fuir leur terre natale. Un lieu secret -presque calme- où ils pouvaient être eux même, où les secrets ne quittaient jamais la grotte. Un lieu sur. La Base était une véritable cité intérieur, ayant plusieurs entrées et sorties en cas d'urgence mais la principale était celle qui était camouflé par le rideau de liane, celle par laquelle venaient et s'en allaient navires et bateaux. Cette grotte naturelle, dont les cavités s'étendaient si loin sous la terre qu'on eût dit qu'une ville entière pourrait y loger, était un lieu tenu secret, où toutes sortes de personnes venaient trouver refuges.

Suivant le Pato, mais connaissant le chemin, Ezebel et Tamar se rendaient à la salle du conseil pour faire leur rapport, en chemin ils saluèrent des visages connus et croisèrent des regards méconnus.

- Ezebel, Tamar, les salua un homme à la barbe grisonnante et dont la cicatrice qui lui barrait le visage ne les effrayait plus depuis longtemps.

- Commandant, répondirent-ils en cœur.

Au même moment Robax, le bras droit du commandant entrait dans la pièce avec plusieurs rapports, il les posa sur son bureau avant de saluer rapidement Tamar, Ezebel et le Pato puis s'installa et se prépara à prendre des notes de ce que les deux adolescents allaient leur rapporter.

- Alors, que disent les gens à la surface aujourd'hui ? Des nouvelles sur les déplacements des soldats ?

- On a repérés un mouvement suspect dans la zone portuaire nord, mais rien de vraiment concret. Il y avait plus de patrouille de soldat aussi dans la ville.

- D'après les habitants, d'importants invités du gouverneur arriveront dans quelques jours, qui ? Je l'ignore.

- Mmm, ça correspond aux infos que j'ai reçu des missionnaires du Sud, répondit le commandant. Autre chose ?

- Le prix du melon a augmenté, dit Ezebel.

Le commandant retint un sourire mais Ezebel remarqua clairement la commissure des lèvres du commandant s'étirer en un léger sourire. Tamar roula des yeux et poursuivit :

- Il y avait la présence d'un immense bateau aussi, en apparence il avait l'air de ne contenir que des vivres mais je suspecte un convoi illégal d'esclave.

- Cela expliquerait les mouvements plus que suspect du côté de la zone portuaire nord.

- De plus certains gardes étaient très nerveux, et d'après un contact il y avait également...Sateno, finit-il d'un ton grave.

Un frisson parcouru chaque personne présente dans la pièce, l'ambiance se fit plus lourde. Tamar serra les poings, la rage lui tordait l'estomac, Ezebel baissa le regard et se mordit la langue, le commandant et son second prirent un air sombre et sans que personne ne le remarque, le Pato resserra sa poigne sur la lance qui ne le quittait jamais, vestige d'un héritage perdu et de l'ancien travail sacré qui l'incombait.

- Sateno, hein...Bien, Tamar, ton contact est-il fiable ? Peut-il agir temporairement sous les ordres de quelqu'un autre que toi ?

- Je, oui mais...

- Bien. Robax tu prends en charge l'organisation d'une recherche plus approfondie, tu contacte l'équipe "vieilles étoiles" et tu y introduis temporairement le contact de Tamar, ils seront tes yeux et tes oreilles. N'hésite pas à choisir une personne de confiance pour te seconder dans cette mission.

- Bien commandant, répondit Robax.

- Une dernière chose vous trois, dit-il en s'adressant aux réfugiés de Tanencha Sy Tyrin, interdiction formel de vous mêlez de loin ou de prêt à cette affaire.

- Mais ! voulut répondre Tamar.

- Plus de sorties nocturnes non plus, plus de sorties à long termes, je vous veux à la Base dès dix-huit heures. Vous pouvez disposer.

- Quoi ?! s'exclamèrent Tamar et Ezebel ensemble, même le Pato sembla réagir.

- Fin de la discussion, lança le commandant en articulant et en accentuant chaque mot.

- Bien...commandant, dit Tamar en serrant les dents.

Ezebel prit la main de son frère, en croisant son regard elle sentit toute la colère et la frustration qui empoisonnaient le coeur de son frère, elle puisa le calme qu'elle gardait au fond de son coeur et en transmit une partie à son frère. Tamar sentit son coeur s'apaiser, mais la frustration persistait. Il retira sèchement sa main de celle de sa soeur, lui lançant un regard désolé lorsqu'il se rendit compte de son geste avant de s'enfuir hors de la pièce. Ezebel voulu le poursuivre mais le Pato l'en empêcha d'un geste doux, Tamar avait besoin d'être seul. Ils finirent à leur tour par quitter la pièce pour rejoindre leur quartier. Le commandant soupira et posa son front sur ses mains entremêlés, les coudes sur son bureau et les épaules affaissées, on aurait dit que le poids de ses dernières années venaient de lui tomber dessus.

- Commandant, n'aurait-il pas fallu leur dire pour les "invités importants" qui arrivent en ville la semaine prochaine ?

- Non.

- Alors même qu'il s'agit des "Dragons d'Eau"?

- Hmf, oui, un lien particulier les unis mais j'ignore encore s'il est bon ou mauvais. Pour l'instant je préfère qu'ils ne se rencontrent pas. Pas tout de suite du moins.

- Justement, commandant, ils ont ce lien, et s'ils se rencontrent quand même, par mégarde ?

- Alors nous aviserons le moment venu.

Le secret de Tanencha sy TyrinWhere stories live. Discover now