Observation, Réaction

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Il est installé sur le banc en face de l’accueil, et scrute l’horizon dans l’espoir de la voir. Elle vient toujours à la même heure, s’assoit au coin du grand chêne et écrit sur son carnet. Il se demande à chaque fois ce qu’elle peut y noter.

Pour se fondre dans la masse, il se munit de son objectif et mitraille ce qui l’entourent. Oui ça fait un peu psychopathe de surveiller quelqu’un avec un appareil photo, mais il ne faut pas voir le mal partout, hein ?

Il est surement timide même si cette femme rousse et ses yeux azur le font craquer. C’est son idéal féminin, ça l’a toujours été. Quand il l’a vue, il a tout de suite flashé, il la lui faut coûte que coûte.

Avant de venir au Park, Sam est passé chez le fleuriste pour acheter une rose blanche. Il l’a dissimulée dans le journal qu’il a pris juste avant, il n’a plus qu’à attendre qu’elle se lève. Cela lui laissera le temps de la déposer au pied de l’arbre et de partir aussitôt. Au bout d’une heure, elle se décide à se lever pour aller remplir sa bouteille, à la petite fontaine, comme à son habitude.

Voilà le moment qu’il attendait, Sam se précipite vers l’arbre et s’y accroupit pour y déposer la fleur. Sam commence à se relever, quand il aperçoit le carnet. Pendant un laps de temps, il se demande s’il doit le prendre pour savoir ce qu’il y a dedans, mais il n'a pas le temps de tergiverser. Il se remet debout et part dans la direction opposée. Le voilà nez à nez avec elle, il sent ces joues rougir et ses lèvres s’étirer de plus belle.

— Bonjour ! dit-elle en lui souriant.

— Euh, bonjour et bonne fin d’après-midi.

Sans attendre qu'elle entame la conversation, il presse le pas. Il ne peut faire que ça, la pression de ce face à face non prévu le met en difficulté.

Tu es très bel homme, à demain et merci pour la rose. dit-elle de loin.

Maintenant, il est passé au pas de course et détale comme un lapin. Une fois à bonne distance du parc, il peut enfin respirer. Il sait qu’il plaît, son physique est plus que plaisant à regarder. Ses cheveux d’un noir intense font ressortir ses iris gris. Il a toujours su envoûter les femmes, avec son sourire communicatif. Un vrai apollon.

Il est temps de rentrer chez lui, enfin, c’est un bien grand mot. Son patron lui loue un petit studio accolé à sa maison. Sam ne se plaint car pas c’est mieux que rien, et puis c’est son cocon. Personne n’y vient, donc pourquoi avoir plus grand ? Il est seul dans cette grande ville, il n’a que son travail, ses collègues et son désir de trouver sa muse, une nouvelle fois.

Sa famille est restée en Australie, et c’est mieux ainsi.

L’achat d’un vélo devient urgent, car après une journée de travail combiné à ses recherches, ses jambes n’en peuvent plus, mais c’est pour la bonne cause. Installé sur son canapé-lit, il repense à la phrase de la jeune femme.

« Tu es bel homme, à demain ».

Pourquoi lui avoir dit à demain ? Sa discrétion et elle à revoir ? Pourquoi n’a-t-elle pas eu peur alors ? Son plan n’est -il pas en train de tomber à l’eau ?

Toutes ces questions le fatiguent et l’effraye. Tout doit se dérouler dans le sens qu’il a choisi et pas l’inverse. Elle ne doit pas prendre le contrôle, sinon il n’y arrivera pas et il ne l’acceptera pas. Pas après toutes ces années d’efforts. Il doit réfléchir vite et bien.

Il sait déjà qu’il ne la laisse pas indifférent, et la belle rousse n’a pas froid aux yeux, pour draguer un inconnu. Il se met à rire du tempérament de sa future valentine, il repense aux souvenirs liés à son adolescence. Cette femme lui rappelle ces moments passés, les plus beaux de sa vie, les mêmes qu’il espère revivre un jour.

Changement de plan, demain, il ira lui parler et peut-être l’inviter à boire un café. Après tout, il sait tout d’elle, donc la conversation sera plus facile. Une bonne dose de confiance rajoutée à son charme et la damoiselle fondra comme de la braise face à lui. L’horloge de la cuisine affiche dix-heures trente, Sam était parti loin dans ses pensées. Son ventre gargouille, réclamant férocement d’être nourri. Un peu comme son cœur qui a faim d’amour, le seul et l’unique. Il le retrouvera.

En ouvrant le réfrigérateur Sam le découvre vide, il faut vraiment qu’il fasse des courses. Ces après-midis sont tellement chargés que quand il rentre l’envie de sortir dans les grandes surfaces le fuit. Heureusement pour lui, au bout de la rue, se trouve un snack. Arrivé devant celui-ci, il pénètre à l’intérieur et se place devant le comptoir.

Bonsoir Samaël, tu as encore oublié de faire les courses ? dit Bill en rigolant.

— Oui pour pas changer. répond Sam d’un ton amusé.

— Toi, tu es encore amoureux ! Tu sais, tu n’es pas obligé d’attendre la saint-valentin pour cela. le gérant lui fait remarquer en rigolant encore.

Je sais, mais c’est comme ça, et te plains pas, depuis cinq ans, je te fais ton chiffre d’affaire de février.

— Ce n’est pas faux ! Bon, je te sers ton Américain comme d’habitude ?

— Oui m’sieur.

Son repas préparé, Sam salut Bill et rentre chez lui. Le repas fini, son ventre ne crie plus, il est rempli. Affalé devant la télé, il zappe sans rien trouver de bien à regarder. Vingt-trois heures, il est temps d’aller se laver puis de dormir.

Beaucoup de travail l’attend demain

un valentin pas si saintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant