Le lendemain matin, je me réveillais au coup de six heures. J’étais toujours fatiguée à cause de la soirée de la veille, et j’avais si mal au crâne que je me disais même que si je bougeais la tête, mon cuir chevelu pourrait lui aussi bouger comme une perruque mal collée. De plus, mon ego ne s’était toujours pas remis de la soirée de la veille. Mais bon, j’essayais de ne plus y penser car cela ne servait à rien de ruminer, je passais donc outre et je me levais pour aller prendre ma douche et m'habiller. Une fois prête, je me dirigeais vers la cuisine où je trouvai ma mère en train de préparer du café. Elle semblait rentrée tout juste du travail, elle portait toujours sa blouse violette d’infirmière et sa mine était épouvantable, pour vous dire, ses traits étaient tirés, ses yeux étaient ornés de cernes et ses sourcils étaient froncés. J’appuyais mes avant-bras sur la table et me penchais légèrement vers l’avant. Ma mère ne faisait toujours pas attention à moi, elle avait les yeux rivés sur la cafetière tout en beurrant les tartines mais je suppose qu’elle avait senti ma présence car, toujours sans relever la tête, elle me demandait :
- Tu as bien dormi ?
- Oui assez, la journée était rude. La vieille a reçu des gens pour son anniversaire, c’était chiant.
Elle émit un grognement réprobateur suivi de mon nom. Ah oui ! Ma mère détestait toutes sortes de mot vulgaire. Je me dirigeais vers le plan de travail tandis qu’elle me rappelait combien un vocabulaire assez fleuri pouvait rendre hideuse la plus belle des jeunes filles. Je l’écoutais d’une oreille distraite. À vrai dire, les tartines au chocolat retenaient plus mon attention. J’en piquais une directement dans l’assiette, ce qui m’a valu un autre grognement. Elle se retourna vers moi avec le couteau à tartiner pointé dans ma direction. Elle ouvrit la bouche, mais quelque chose l’empêchait de parler. Un hoquet de surprise ou de choc sorti de sa bouche. Elle s’exclama :
- Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
Je la regardais d’abord sans comprendre puis je touchais ma joue qui, au contact de mes doigts, était douloureuse. Je mentis tout naturellement en haussant les épaules.
- Je me suis pris un poteau hier.
Elle me jeta un œil sévère et ajouta :
- Maladroite ! Tu vas te défigurer et personne ne voudra de toi. Va dans ma chambre et prends le fond de teint. Tu ne sors pas comme ça sinon les voisins vont croire qu’on te bat.
- Oui, mama. Rétorquai-je par automatisme.
Elle posa un plateau avec une tasse de café et des tartines ainsi que des cachets et me dit de monter ça dans la chambre d'Abuela. Ce que je fis en enfant bien élevée. Une fois arrivée au seuil, je toquai du mieux que je pouvais, car j’avais les mains prise. Je trouvais Abuela assise sur son lit en chemise de nuit rose pâle et cheveux lâchés. Même si telle était sa tenue à chaque réveil depuis des années, cela me faisait toujours bizarre de la voir comme ça. Abuela s’habillait avec classe et souvent de noir ou au moins avec des couleurs sombres. Je me suis toujours demandé si c’est parce qu’elle était veuve. Je chassais vite cette idée de ma tête et déposais le plateau sur sa table de chevet tandis qu’elle était concentrée sur son vieux téléviseur. Elle ne faisait pas vraiment attention à moi jusqu’à ce que je lui dise bonjour.
- Abuela, mama t’a préparé ça. Mange.
Elle tourna enfin sa tête vers moi et prit une mine catastrophée.
- Mon Dieu, mon ange ! Ton visage !
Elle se leva immédiatement et prit mon visage en coupe pour examiner mes blessures, cette manœuvre pinçait mes joues meurtris. Non seulement, j’avais mal, mais en plus, j’avais une tête de poisson. Génial.
- Abuela attention ! M’écriais-je
Elle me claqua l’arrière de la tête en signe de réprimande, visiblement mon commentaire n’était pas à son goût.
- Cesse de faire l’enfant. Je ne sais pas qui t’as fait ça, mais cette personne ne t’a pas raté.
Elle fouilla dans son tiroir pour prendre un tube de crème apaisante et me l’appliqua en bonne dose avec ses doigts. Ses gestes étaient maladroits, mais il était attendrissant de la voir abandonner sa carapace même quelques secondes pour s’inquiéter pour nous.
- Tiens et n’essaie pas de tenter quelque chose de dangereux. Elle émit un hoquet qui se voulait méprisant et ajouta :
- Depuis toute petite, tu es celle qui se fait le plus mal à cause de ta maladresse. Toujours à se cogner n’importe où. Tu me feras faire une crise cardiaque avec tes bêtises.
Je me retins de rouler les yeux au ciel. Toujours dans le drama. Elle ne connaissait pas la demi-mesure avec elle une écharde dans le doigt ou un petit mal de tête valaient une visite chez le médecin. Elle s’inquiétait toujours trop ou parfois carrément elle s’en foutait. C’était tout ou rien.
- Abuela n’abuse pas, c’est juste un petit bleu. Répondis-je un peu blasée.
Et une autre tarte à l’arrière de la tête s’abattit sur moi et elle s’exclama :
- Tu te tais, insolente. Je ne suis pas ta copine, tu roules tes yeux. Allez, tu sais quoi ? Je veux plus te voir. Descends.
Je la pris au mot, mieux valait ne pas l’énerver. Heureusement qu’elle n’avait plus de règles.
J’allais dans ma chambre et pris mon sac, il devait être sept heures trente approximativement et il fallait que je sois au travail dans une heure, soit, huit heures trente. Je me préparais à vive allure pour ne pas être en retard et sorti de chez moi à quarante cinq.
Après un long trajet - ô combien désagréable - j’arrivais à destination. Mais bizarrement, je trouvais devant son immeuble trois voitures de police et une ambulance. Intriguée, je demandai au portier ce qui n’allait pas, mais il n’en savait rien. Je pris l’ascenseur qui s’ouvrait directement sur l’appartement et au ding d’ouverture il y avait tout un tas de policier et le fameux ruban jaune qui barrait chemin. Je passais en dessous pour comprendre ce qui se passait. L’un d’entre eux se dirigea vers moi. Je frémis sans savoir pourquoi. La vue d’un policier est toujours source d’angoisse. Ils ne sont là que pour les problèmes ou en créer. Rien de bon ne peut sortir d’eux. Et vu la tête de celui-là, il ne dérogeait pas à la règle.
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Small And Weak - ou la folie des grandeurs.
Mystery / ThrillerA trop rechercher la lumière on finit souvent par perdre la nôtre. Aria a grandit beaucoup trop vite pour bien grandir. Aria est jeune, belle et ambitieuse assez rusée pour ce monde. Néanmoins quand la recherche de gloire se fait par les larmes et...