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Je l'admire triturer machinalement son bracelet à breloques. Je tends une main et en attrape le fer à cheval. Elle a un léger geste de recul, mais je ne la laisse pas s'éloigner. Puisqu'elle peine à démarrer la conversation, c'est moi qui donnerai le coup d'envoi.

— Il reflète bien ta fougue et ton impétuosité. Mais c'est surtout pour ta motivation que tu l'as reçu.

Je vois bien dans ces yeux toutes les interrogations se former. Toutefois, je ne lui laisse pas le temps de rétorquer que j'enchaîne :

— Tu te demandes sûrement comment je peux savoir tout ça. Ma Luciole, j'ai tellement à te dire et il y a tellement plus que tu dois savoir. Cette breloque, tu l'as reçue lors de ton 22ème anniversaire. Tu refaisais difficilement mais sûrement surface après la perte de Papilou.

Sans que je ne l'anticipe, elle lève vivement la main, et c'est à la brûlure sur ma joue que je comprends qu'elle vient de m'asséner une gifle magistrale.

— Je t'interdis de parler de lui ! Tu n'en as plus le droit non plus.

Ses yeux s'emplissent de larmes et je la laisse déverser toute sa colère. Elle en a besoin. Elle ne sait juste pas que moi aussi, sa mort m'a anéanti et que même les milliers de kilomètres n'ont pas atténué la douleur de sa perte. Elle s'essuie rageusement les yeux laissant sur son visage une longue traînée de khôl. Malgré tout, même dans la peine, la morve plein le nez, elle reste la plus belle des femmes qui m'ait été donné de rencontrer. Reprenant rapidement de sa verve, elle repart à la charge.

— Tu étais où quand la première crise cardiaque l'a mis à terre ? Où étais-tu encore quand la deuxième lui a été fatale ? Et où étais-tu quand moi j'ai cru mourir de chagrin ? Quand me lever le matin m'était quasi insurmontable ? Quand le gouffre dans mon cœur menaçait de m'étouffer littéralement ? Où étais-tu tout ce temps ?

Je m'étais fait la promesse de rester fort, d'encaisser sans broncher tous ses reproches injustement mérités. Mais là, ses mots me frappent comme des uppercuts redoutables en pleine face. Les larmes qui dévalent son joli visage de poupée fait pour les rires et non les pleurs, sa souffrance et son ton blessé ; tout cela a raison de mon calme et c'est dans un cri déchirant que je lui réponds :

— MAIS J'ÉTAIS LA ! J'étais là ! J'ai toujours été là, avec vous, avec toi. J'étais là, je lui murmure plus doucement en attrapant le poignet portant le bracelet à breloques que je pose sur son cœur puis sur le mien.

— C... Comment ? Non, ce n'est pas possible ! souffle-t-elle quand la lumière se fait petit à petit dans son esprit.

Grâce à Papilou et Mamina et avec beaucoup de leur aide, j'ai participé à chacune des étapes de ta vie, bonne ou mauvaise, depuis mon départ. Ce bracelet que j'alimente chaque année depuis dix ans, symbolise ma présence et tout mon soutien, dans l'ombre depuis tout ce temps.

J'attrape chaque breloque une à une pendant que je lui révèle ma contribution cachée.

— La tortue pour célébrer la fin de ton cursus en école vétérinaire et te souhaiter la longévité que tu souhaites dans cette voie quand tu as décidé de poursuivre par un DESV (Diplôme d'Etudes Supérieures de Vétérinaire). Le papillon, quand je t'ai vu te métamorphoser en pratiquant le métier de tes rêves. Le cygne pour te dire de m'attendre car je t'aime. Tous viennent de moi...


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Coucou à tous !

Comme promis, nous revoici Mathias, Lucile et moi !

Quel petit cachotier ce Mathias ! Il en a caché de belles choses en 10 ans.

Et encore, vous ne savez pas tout ! 

Je vous quitte sur une note musicale, sublime version à 3 voix ! <3

Prêtez une attention toute particulière aux magnifiques paroles ; elles sont très à propos pour ce chapitre et en disent bien plus qu'il n'y paraît.

A très bientôt !

Namsra

Lucile, Amour et DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant