Chapitre 1

3 1 0
                                    

C'était un coucher de soleil comme un autre, où les vagues rencontraient tranquillement le ciel rose d'été. Le vent m'apportait les odeurs salées de la mer, je les savourais. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un paysage populaire si vide. En fait, il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas posée plus d'une demi-journée à un même endroit. Je fermai les yeux et me laissai emporter par l'écho de l'abîme, quand le bruit d'une branche qui tombait sur le sol me sortit de mes pensées. Il ne fallait pas que je tarde, il allait bientôt faire nuit, je devais me mettre en sécurité. Je me levai précipitamment et ramassai mon sac. Je dévalai la dune de sable sur laquelle j'étais assise pour regagner ma voiture, en essayant de ne pas trébucher. Une fois arrivé sur le parking désert, je mis mes sens aux aguets, et inspectai la petite Twingo bleue que j'avais au préalable « empruntée » près d'un fastfood. Après quelques minutes à étudier chaque détail de la petite voiture, j'entrai. Par chance, ils ne m'avaient pas encore trouvé, me laissant ainsi quelques heures de plus pour changer de pays. J'appuyai sur l'accélérateur, pas très rassurée de voir la lune s'élever dans le ciel. Le chemin n'était pas long, après une dizaine de minutes à rouler à 130 km/h sur une national, j'arrivai dans l'imposante maison isolée qui me servait de domicile depuis la veille. Cependant, je sentais quelque chose d'inhabituel sur les lieux. En effet, de la fumée noire s'élevait dans le ciel. J'essayai de contenir un frisson et m'approchai précautionneusement. J'entendis des voix, fortes et graves, me parvenir jusqu'aux oreilles, suivit de quelques gloussements aigus. Collée au mur, je tournai soigneusement la tête, pour voir une bande de lycéens assis autour d'un grand feu au milieu de l'allée centrale, faisant tourner les bouteilles d'alcool. Fausse alerte, il n'avait pas de danger. Je les regardai s'amuser avec une certaine jalousie, puis me retournai. Malheureusement, je me cognai contre quelqu'un. Mon premier réflexe fut de m'écarter vivement. L'individu rit.

- Oh là, tu ne tiens déjà plus debout ?

J'essayai de sourire, malgré moi, et réfléchis à la façon dont je pouvais me tirer de cette situation.

- Tu vas bien ?

J'hochai la tête, il tendit la main.

- Noah.

Je répondis, sans le toucher.

- Sue.

Ce nom passe partout m'aidait quand je n'étais pas sûre de la tournure qu'allait prendre la fin de l'histoire. Noah fronça les sourcils, et rangea sa main, restée pendue dans le vide quelques secondes.

- Tu es au lycée ? Je ne t'ai jamais vu avant.

- Non, je ne fais que passé.

« Comme toujours » pensais-je.

- Dommage.

Je vis d'autres garçons de sa bande s'approcher.

- Hé Noah, tu ne nous présente pas ton ami ?

Je ravalai un sentiment d'inquiétude.

- Si. Les gars, voici Sue.

Ils répondirent, en parfaite synchronisation.

- Salut, Sue !

L'un d'eux s'approcha et me tendit sa joue. Je reculai. Ils avaient tous l'air gentil, je ne voulais pas les mettre en danger. Les autres le vannèrent, je me retournai pour partir quand un autre m'attrapa par la main.

- Attend ! Tu vas où comme ça ?

- Ne me touche pas !

Trop tard, ses doigts avaient rencontré les miens. A la seconde d'après, son teint se blanchit, ses yeux se figèrent et il tomba sur le sol en un bruit sourd. Le tout sous les yeux de ses amis, abasourdis. Je laissai la panique me submerger, et partis en courant, les larmes aux yeux. Ce qu'il venait de se passer c'était l'effet « mort », et je l'avais trop vécue. Je ne pris pas le temps de rassembler mes affaires et fonçai à toute vitesse loin d'ici.

J & JWhere stories live. Discover now