Chapitre 2

3 0 1
                                    

Dans le chapitre précédent :

Elle sortit de la maison rassembler ses idées. La rue était assez large, bien qu'il y ait seulement quelques maisons. Personne n'était venu les questionner depuis son arrivée, malgré les voitures de la brigade qui stationnait depuis maintenant plus d'une heure, pourtant, les voisins devaient bien se connaître dans ce patelin, perdu au milieu des champs.

Les voisins devaient bien se connaître, et devaient être plus bavards que Monsieur De Comminges...

Vandelbarr examina un court temps la maison d'en face, et traversa la rue.

«Ferdinand Latorres» indiquait la sonnette sur laquelle la commissaire appuya sans hésiter. Elle attendit quelques minutes avant qu'un petit homme grossièrement vêtu ne lui ouvre. Bien qu'étonné par la visite imprévue d'un agent de police, il semblait bon vivant.

«- Commissaire Louise Vandelbarr de la brigade criminelle, se présenta-t-elle en sortant sa carte.

- heu... bonjour

- Puis-je vous poser quelques questions ?»

Ne sachant comment réagir, il l'invita à entrer ce qui surprit légèrement Vandelbarr, qui néanmoins accepta.

« - Asseyez-vous, enfin, heu faites comme chez vous... Un café ?

- Je veux bien merci. »

Pendant que Monsieur Latorres préparait la boisson, la commissaire ne put s'empêcher d'examiner la demeure. Quelques trophées de chasse ornaient des murs, des faisans empaillés surplombaient les étagères en bois sombre tandis qu'une grande pendule donnait la cadence des secondes avec lenteur. Un très bon chasseur, ou en tout cas, un passionné songea Vandelbarr.

Le retour de ce dernier la sortit de ses pensées :

«- Si vous êtes ici, c'est qu'il s'est passé quelque chose de mauvais n'est-ce pas ?

-Quelque chose de mauvais, en effet.

- Ah je le savais bien en voyant les policiers débarquer comme ça...

- Dites-moi Monsieur Latorres, vous connaissiez bien les De Comminges ?

- C'est donc eux, enfin je le savais bien en voyant les voitures en face et tout ça mais enfin... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Répondez d'abord à mes questions voulez vous ?

- Oui, oui excusez-moi. C'est que, vous voyez, c'est angoissant tout de même.

- Je comprend, bien sûr. Vous étiez donc proche d'eux, amorça la commissaire.

- C'est que je mange tous les mardis soirs chez eux depuis quatre ans vous savez, ce sont de braves gens. Enfin, c'étaient, ... songea-t-il en hésitant

-Continuez, continuez.

-Ah oui, pardon. Ils occupent la maison d'en face depuis une dizaine d'années je crois, depuis que leur fille est partie en Angleterre avec ses enfants, ils ont déménagé ici. Ils voulaient un cadre calme. Breteville-le-Rabet c'est bien vous savez, pour quand on est un peu vieux.

- Si vous le dites.

- Enfin, un jour Bernard est venu à la chasse avec moi, et depuis, on s'entend très bien, on mange ensemble une fois par semaine. Le plus souvent Francine nous fait du rôti avec des champignons et des patates.

- Racontez-moi votre dernier dîner avec eux, s'il vous plaît.

- Ah, oui, oui... C'était mardi donc. Eh bien, je suis arrivé chez eux vers dix-neuf heures trente. Bernard mettait la table, il faisait un peu la tête, mais bon il est grognon c'est comme ça. C'est Francine qui m'a accueillit, elle par contre elle est toute joyeuse. Elle a tout de suite commencé à me parler de Lili et Lila, comment elles la font rire, comment elles mangent, elle ne fait que en parler depuis six mois je crois. Enfin, je ne les ait jamais rencontré mais elles m'ont l'air sympathiques ces petites. Bernard, lui, il en a un peu marre que sa femme ne fasse qu'en parler. Dès qu'il l'a entendu il lui a hurlé d'arrêter de parler de ça. Bon, Francine l'a un peu mal pris, mais elle n'a rien dit. Ensuite on a mangé le rôti, on a parlé de la chasse en buvant un petit verre de vin, ah oui il était bon ce vin. Je ne sais plus le nom, il avait un goût bien fruité. Enfin, je ne suis pas expert non plus mais, pour sûr, c'était du bon vin. Ensuite, Bernard est parti se coucher tôt, c'est que, lui, il ne fait pas de sieste alors il est vite fatigué. Je suis resté à discuter avec Francine jusqu'à neuf heures, on a bien rigolé. Francine, elle oublie vite alors c'est amusant de causer avec elle.

- D'accord, très bien. Je vous remercie monsieur, je repasserai peut-être vous poser quelques questions dans la journée. Mais merci pour tout. »

Ils se saluèrent et Vandelbarr rejoint la maison du meurtre. Elle récapitulait tout ce qu'elle savait dans sa tête. Latorres, un très bon chasseur, qui fait des parties de chasse avec De Comminges qui est « grognon ». Mais Francine n'avait pas été blessée par balle, ce qui rendait cette information inutile.

En réfléchissant, les informations fusaient dans tous les sens. Les lustres en bronze, le carrelage de la cuisine, l'assiette, l'aquarium, l'horloge de mauvais goût, le fil de fer, les trophées de chasse, le café...

Les roses de HarlevilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant