Mouvement premier

16 2 2
                                    


Je passe aux infos ce soir encore.

Après tout cela choque encore, ils se gavent de mon procès.

Ils ne comprennent pas, comment pourrait-il ?

A défaut de me comprendre ils me jugent... C'est sûr les juges actuels ne suffisent pas.

J'enfile un sweat noir à capuche et sort, aussi anonyme que possible.

Je cours, vite et loin j'espère.

Un banc me fixe, une invitation si flagrante .

Je m'assieds, mes muscles me tirent.

Mes pensées défilent, je ne prenais même plus la peine d'en retenir.

C'est peut-être à ce moment-là que je me suis dis que je devrai écrire un livre.

Après tout des tas de livres stupides existent, pourquoi ne pourrai-je pas en écrire un ?

Alors voilà, mon livre, mon histoire.

Bonsoir, moi c'est Tom.

Voilà il y a seize ans, j'ai tué deux personnes.

Ce bouquin n'est pas une plaidoirie, je veux juste que quelqu'un comprenne.

Qu'un jour quelqu'un me dise « c'était la bonne chose à faire ».

Parce que même après seize ans, je doute toujours.

Je veux que ça cesse.

Je veux laisser ça derrière moi.

En fait je veux beaucoup de choses.

Comme tout le monde.

Peut-être pas toujours les mêmes choses.

Mais je désire.

Non, en fait je crois que je veux exactement la même chose que bon nombre de gens.

Je veux vivre.

Et je ne vois pas pourquoi certaines personnes auraient le pouvoir de me dire de ne pas le faire.

J'emmerde ces gens.

Je les hais.

Je pourrai commencer par raconter le début de la journée qui m'a rendu célèbre, haha, comment était-elle déjà ? Ah, oui, c'est vrai.

« Par une belle journée ensoleillée, en plein mois d'octobre, je me levais et-... »

Mais je ne le ferai pas, parce qu'alors vous ne comprendriez pas , et ce n'est pas le but, non ?

Vous voulez savoir n'est-ce pas ?

Si je réfléchis bien je crois que cette histoire a eu comme début ma naissance et comme prélude ma conception, qui a assurément duré moins longtemps que ma mise au monde.

Selon mon acte de naissance je suis né un mois de juin de l'année 1991.

Ma mère a souffert pour m'offrir en pâture au monde, comme beaucoup de femmes. Rien d'anormal en soit.

Après ça je ne pourrai vous dire ce qu'il se passe.

Les bébés n'ont pas de souvenirs.


Mes premiers souvenirs remontent à mes cinq-six ans, ce sont les soirs de fêtes dont je me souviens le plus, je ne saurai dire pourquoi, parce que Noël était la période de l'année que j'attendais le plus ou parce que parce que c'était celle qui me faisait le plus mal ?Ah les enfants... Ces monstres d'espoirs.

Chaque Noël je me disais que Les Règles ne tenaient plus.

Chaque Noël je descendais les escaliers, mon petit corps ne produisant aucuns bruits.

Chaque Noël, à défaut d'en avoir eu un , c'est moi qui ressemblais à un dalmatien.


Parfois je me demande ce que peut endurer un Homme avant de devoir craquer,j'imagine que la limite est propre à chacun, certains diront que la mienne était très faible, d'autres pourront se dire qu'ils auraient fait ce que j'ai fais bien avant moi.

Les avis sont subversifs.

Et pourtant... J'ai toujours respecté Les Règles, à quelques défauts près, il y en avait tellement.

Au fond, était-ce vraiment ma faute ?

Je ne cherche pas à me départir d'une quelconque culpabilité, après tout c'était moi qui tenais l'arme, je dis juste que d'autres facteurs étaient présents.

C'est peut-être pour ça que la justice est plus lente que grand-mère Lore, à cause des facteurs.

C'est d'ailleurs avec un facteur que ma mère a eu ma petite-sœur... En fait je ne sais pas s'il était vraiment facteur, il venait tous les matins, vers dix heures, alors j'ai présumé.

Ceci dit un jour je les aient entendu se crier dessus, et le facteur n'est plus jamais revenu, maman était triste, j'aimais ma maman alors je suis descendu.

J'y ai vu ma mère,assise sur le canapé, le visage dans les mains, elle m'a entendu,a relevé la tête, ses yeux se sont fixés sur moi, comme lors de ces Noëls.

Et j'ai eu peur, Dieu que j'ai eu peur, j'avais alors sept ans, je me suis fais dessus...

Son regard à glissé jusqu'à mes jambes puis est revenu à mon visage rouge, de honte ? De peur ?

Elle s'est levé et j'ai fermé les yeux.

Je les aient rouverts à l'entente de la porte d'entrée, mes jambes ont lâchées, je crois que je suis resté longtemps, assis sur le tapis mouillé.

Lorsque mon cœurs'est remis à battre j'ai monté les marches deux à deux pour m'enfermer dans la salle de bain, je me suis nettoyé rapidement et suis sortis à pas de loups pour rejoindre ma chambre.


Une Règle de plus venait de s'ajouter à ma liste déjà bien longue.


TOMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant