Échec & mat

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Je ne suis pas baptisé, ma mère n'était pas croyante, j'ai appris l'existence de ce concept à l'école... Dieu-Tout-Puissant. Je me suis dis que se serait lui qui viendrait me sauver, punir les méchants et tout le bordel. Force m'est de constaté que j'ai rempli sa part du marché.

Souvent j'ai prié quand j'étais enfant, parce que je n'avais que ça, parce que c'était la bonne chose à faire, parce que je voulais aller au Paradis, comme tous les bons petits garçons.

A mon sens Dieu n'est destiné qu'à être éphémère, présent quand l'humanité à besoin de croire en quelqu'un, de croire à un remède qui résoudra tout, croire à une vie après la mort, de la rendre moins effrayante.


J'aimais bien l'école. Les enseignantes étaient douces avec moi, j'avais quelques amis aussi, pas beaucoup parce que mes bleus faisaient peur aux autres enfants, moi je ne les voyais même plus.

Il y avait David, tout maigre et prêt à s'évanouir à chaque instant ; Danielle, qui était noire, que les enfants insultait, qui était incomprise, qui était toujours ravie de rentrer chez elle. Et puis il y avait Eric, il était gros, je vous passe les surnoms (qui sont franchement à hurler, on se demande qui sont les parents pour avoir des gosses aussi cons), c'était mon meilleur ami, il était adorable et était tout le temps entrain de s'excuser pour tout.

Ce que j'aimais le plus à l'école c'était la petite bibliothèque au fond de la classe, je lisais dès que je pouvais, Eric venait toujours avec moi, il aimait autant les livres que moi.

C 'était les livres de pirates qui m'inspirait le plus, des êtres sans foi ni loi, naviguant au gré de leur envie, libre comme l'air, qui parcourait le monde. Si j'ai la chance de me sortir de cette histoire libre j'irai au milieu de l'océan sur un bateau avec moi comme seul maître.

Sans Eric.


Je disais donc que j'ai eu une petite-sœur, elle était si belle,si petite. J'ai vu ma mère grossir et puis, un jour, elle est pas rentré.

Quelques jours après elle est revenue avec un petit paquet gémissant, c'était Noël.

Quelques mois après ma petite-sœur n'était plus qu'un souvenir, trop petite et trop fragile. Trop nécessiteuse.

C'était clair pour moi, ma mère ne savait pas s'occuper d'un bébé. Elle se mettait en colère quand elle pleurait, repoussait ses repas et ses couches.

C'était pourtant évident que le bébé ne survivrait pas dans notre famille, jamais je n'aurai dû l'aimer, mais elle si minuscule, si fragile et elle avait tellement besoin de moi. Quand ma mère n'était pas là je passai mon temps collé à elle, essayai de la nourrir,mais ç'a n'a pas suffit. Ça ne suffit jamais.

Ma mère ne m'a jamais donné son prénom alors j'ai décidé de l'appeler Charlotte parce que j'adore ce prénom.

Un matin, alors que j'allais partir à l'école je suis parti faire un bisou à ma Charlotte, je l'ai trouvé dans son berceau et elle dormait. Je me suis penché et ai posé mes lèvres sur sa petite joue toute froide, chose étrange pour un printemps alors j'ai ramené des couvertures et je suis parti pour l'école.

J'ai pas réalisé.

Comment j'aurai pu ?!

J'avais que sept ans, pas assez pour comprendre comment on mourrait mais assez pour en comprendre le concept.

Quand je suis rentré chez moi j'ai été accueilli par un silence différent de ceux qui règnent habituellement chez moi. Un silence qui m'a glacé et effrayé bien plus que les regards de ma mère.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 08, 2020 ⏰

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