2 - Nous survivons

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8e jour de la saison du ruisseau 2453

Aujourd'hui nous respirons

Aujourd'hui nous vivons

Le jour comme la nuit sont nôtres

Comme si notre surnom est la survie elle-même


Lorsque nous volons, nous le font en tant que griffons

Notre fierté bien haute dans les cieux

Lorsque nous nous tenons droit, nous le font en tant que titans

Insoumis comme le vent

Lorsque nous rugissons, nous le font en tant que manticores

Sans peur, sans hésitation


Nous allons foncer et rien de moins

Nous n'attendons pas permission

Nous sommes nés libres

Éternelle liberté


Par notre propre pouvoir, nous sommes forts

La nuit était longue et le sommeil ne venait pas. Elle chantonnait la mélodie qu'elle et Tyrath avaient improvisés lorsque le désespoir s'accrochait à leurs dos. Ça lui faisait du bien de l'entendre. Ça lui redonnait des forces.

Elle s'arrêta et leva les yeux au plafond. Sa vision nocturne était assez affinée pour qu'elle puisse y distinguer le capteur de rêves que Teriondil lui avait offert. Le deuxième car l'original avait été perdu dans le sac d'Atgoren. Cette tragédie était connue en tant que déchirement des milles nuances, un nom soi-disant poétique que la Confrérie s'amusait à utiliser et que le reste des moutons avaient adoptés. Azéna sentait la rage bouillir son sang rien qu'à l'entendre.

Elle était étendue dans son hamac, enroulée dans plusieurs couvertures épaisses, certaines en fourrure de lynx, d'autres d'ours. Il faisait si froid. Il faisait toujours froid dans cette cité infernale. Elle savait qu'elle serait plus confortable dans son lit, mais celui-ci la rendait anxieuse donc elle le réservait pour quand elle avait de la compagnie. Tant qu'elle n'était pas seule, ça allait.

Pour ce qui devait être la centième fois ce soir-là, elle s'assura que son trésor, le journal que lui avait légué son père biologique, était toujours sur la table de nuit. Bien sûr qu'il l'était. Personne n'était entré et un objet ne s'enfuit pas.

Elle soupira, son souffle se transformant en vapeur au contact du froid. Son esprit semblait calme. C'était le moment de tenter de dormir. Elle ne devait pas y songer, juste le faire. Tout allait bien. Les couvertures étaient douillettes et la sérénité régnait.

✦×✦

Elle s'éveilla en sursaut, son cœur en panique, son front dégoulinant de sueur, ses muscles si tendus qu'elle en souffrait. Ses mains tremblantes ne pouvaient pas trouver la force d'agripper ses cuisses. Son truc habituel pour se calmer ne fonctionnait pas. Elle ne se souvenait plus de ses rêves et pourtant, elle savait exactement de quoi ils avaient traité. C'étaient toujours les mêmes choses: les horribles épreuves qu'elles avaient dû endurer toute sa vie. Elle avait craquée durant le sac d'Atgoren et n'en avait jamais entièrement récupérer.

4 - La furie des élémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant