𝐁𝐚𝐜𝐤 𝐢𝐧 𝐭𝐢𝐦𝐞 | 𝐉𝐢𝐤𝐨𝐨𝐤 ✔

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 2

⌅

Un bruit sourd me tire de mon sommeil et je me redresse brusquement dans mon lit. J'entends la voix affolée de ma mère au rez-de-chaussé et je lève les yeux au ciel avant de retrouver le confort inégalable de mon matelas. Bien vite, je constate que je ne parviens pas à me détendre quand inconsciemment je me remémore la dispute de la veille avec mon meilleur ami. Les regrets m'assaillent et je finis par rejeter les couvertures.

Je jette un rapide coup d'œil à mon portable, mais la batterie est complètement à plat et, la veille, dans mon état, j'ai préféré le laisser choir près de mon oreiller, au lieu de chercher mon chargeur dissimulé quelque part dans la pièce. Jungkook attendra quelques heures avant d'avoir de mes nouvelles. Après tout, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine rancœur à son égard.

En rejoignant ma mère dans la cuisine et en manquant de glisser sur le sol parfaitement récuré, je la salue distraitement avant de me servir une tasse exagérément remplie de caféine. La journée promet d'être trop longue, je préfère prendre les devants.

- Jimin... Mon chéri... Vient doucement m'enlacer ma mère sans que je ne comprenne l'origine d'une telle effusion de tendresse.

- Qu'est-ce qui te prend ? Je pouffe doucement en me libérant de son étreinte pour la détailler.

Ses longues mèches sombres nouées dans un chignon frôlant la perfection font ressortir les traits tirés de son visage et l'expression attristée qu'elle me renvoie m'interpelle. Elle détourne brusquement le regard avant de porter sa main à ses lèvres et de fondre en larme.

- Je suis tellement désolé Jimin... c'est affreux je...

- Maman... Qu'est-ce qui se passe ?

Je commence à sérieusement m'inquiéter, je me sens impuissant devant sa détresse évidente. Et alors que je m'approche dans le but de la serrer contre moi, sa paume vient s'abattre sur ma poitrine et elle parvient à souffler, la voix entrecoupée de sanglots.

- Saehee vient de m'appeler Jimin... Jungkook a eu un accident hier soir...

Le vide se fait dans mon esprit et je sens à peine la tasse brûlante s'échapper de mes doigts. Je vacille dangereusement, bat faiblement des paupières avant de retrouver mes esprits, le cœur battant.

- Quoi ? Je ne reconnais pas ma voix, je ne suis pas même certain de l'avoir entendue.

- Jimin, les médecins on fait tout ce qu'ils ont pu, mais ses... Ses blessures étaient trop importantes... il s'est battu... Il s'est battu jusqu'au dernier moment... Mais son cœur a cesser de battre ce matin... Jimin... Mon chérie je...

- Non... ça suffit... arrête... Je la supplie en me retenant contre la surface en marbre du plan de travail.

"Va crever !"

Mes propres mots tournent en boucle dans mes pensées, mes derniers mots pour lui... mon regard se voile, et je ne parviens plus à reprendre contenance. C'est impossible. Je refuse de croire que mon ami à quitté ce monde. Impossible. Pas lui...

Si je refusais de le voir partir loin de moi, comment puis-je désormais appréhender sa mort ? Comment je peux, ne serait-ce qu'imaginer une vie sans lui... Pareille à une douce torture, l'image de mon meilleur ami imprègne mes pensées, voilant mon regard pour ne laisser qu'une vague de souvenirs encore trop présents.

Et comme possédé par mes propres émotions, submergé par la violence d'une nouvelle que je me refuse d'accepter, je ne prend pas le temps d'enfiler mes chaussures et me rue à l'extérieur, foulant le bitume, n'accordant une quelconque importance à la neige glacée recouvrant le sol. Je cours à en perdre mon souffle, mes larmes dévalant mes joues, mon cœur battant douloureusement dans ma poitrine. Je m'enfuis pour tenter d'oublier. Et plus rien ne semble exister autour de moi, si ce n'est la peine insoutenable tiraillant ma poitrine.

Je m'écroule à genoux, inconscient de l'environnement, la douleur trop intense pour espérer me relever. Et ma voix déchire le silence dans un hurlement de désespoir, encore et encore, sans que je puisse trouver la force de l'arrêter, mon corps agit sous l'effet d'un choc trop brusque. Et ainsi, la journée la plus sombre de mon existence, devient le point culminant de ma vie vide de sens. D'un avenir sans couleur, morne, baigné d'une tristesse ancrée trop profondément dans ma poitrine, si vive que j'ai la terrible sensation que jamais je ne parviendrai à la chasser.

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Mv̶ ❥