Retombant dans l’eau après mon saut, je nageais avec aisance jusqu’à un coin où je n’irais gêner personne. C’était au tour des dauphins de faire leur numéro et je dû bien avouer que j’étais soulagé, je pouvais me reposer quelques minutes.
Mon regard se porta sur le public qui avait arrêté de me fixer pour profiter de la danse des dauphins. Je les comprenais, moi aussi je trouvais ça magnifique. Il n’y avait aucune erreur, ils bougeaient avec une telle grâce que j’aurai pû en être jaloux. Leur nageoire n’était pas des plus belles mais dégageait quelque chose de majestueux. Comme si cette espèce avait été créée pour être admirée.
Même si une dizaines de coups de fouets avaient été nécessaire pour aboutir à ce spectacle.
Reposant contre un rocher non loin de la scène, j’avais une vue totale sur le public ainsi que sur le spectacle présent devant moi. Contrairement aux autres animaux marins, lorsque j’avais fini mon numéro, je me devais de rester présent dans le grand bassin que représentait la scène. J’étais une créature bien trop rare et aimée pour me retirer ne serait-ce qu’une seconde en dehors de la vue des spectateurs.
Le patron aimait montrer sa collection, son sourire rempli d’un désir de possession scotché aux lèvres. Il aimait montrer aux autres, même quand j’étais en arrière plan du spectacle, qu’il avait réussi à obtenir une sirène. J’étais un trophé, un trophé bien trop précieux, et il était ce genre de personne à vouloir faire en sorte que tout le monde l’enviait.
Soit, cela ne me regardait pas vraiment. Si être comparé à un objet me permettait d’avoir de meilleures conditions de vie, alors ainsi soit-il. Pour être honnête, derrière la scène, on reposait chacun dans un bac d’eau bien plus petit. Tellement petit que les orques pouvaient à peine bouger. Ça les rendaient fous, ils étaient habitués à la liberté de pouvoir nager. Je préférais donc être en arrière plan sur scène mais profiter de cette eau bien plus propre et de cette pseudo-liberté.
Mes yeux semblaient balayer le public du regard alors qu’inconsciemment, je me mis à chercher une personne en particulier. Une personne que j’ai fini par trouver assez facilement… C’était un homme qui avait réussi à attirer ma curiosité.
Nous faisions une tournée dans toute l’Europe, mais cette région était très animée alors, tous les deux jours pendant deux semaines, nous faisions un spectacle ici.
Et lui, cet homme aux yeux uniques et au visage impassible, venait tous les deux jours depuis maintenant une semaine. Je ne sais pas pourquoi il venait souvent. Peut-être que, lui aussi, avait ce désir malsain de vouloir posséder la rareté ? Pourtant, ayant été traîné devant plusieurs humains, il n’avait pas l’air d’être comme les autres.
Il m’intriguait, je ne saurai mettre un mot sur ce que je ressentais. Peut-être parce que je n’arrivais pas à savoir à quoi il pensait. Sûrement. J’aimais avoir des réponses à mes questions, je voulais toujours savoir ce qui m’était inconnu. J’avais systématiquement besoin d’avoir une logique à une chose, sinon ça me tracassait.
Lorsque le maître autorisait aux spectateurs, à la fin, de pouvoir venir me voir et toucher mes écailles, il venait toujours. Il était le dernier, il voulait l’être. A chaque fois, il me portait un regard de compassion. Il me regardait dans les yeux et lâchait un sourire timide, comme s’il avait peur que quelqu’un d’autre que moi le voit.
Ses gestes étaient emplis de douceur, il posait ses doigts avec une délicatesse hors norme sur ma queue de poisson. Il m’observait, fasciné et curieux. Il n’était pas comme les autres… Il voyait au-delà de mon apparence mythique. J’avais toujours l’impression qu’il voulait me parler mais bien vite, le maître lui disait que c’était fini.
Même face à la danse des dauphins, il continuait de me regarder, malgré le fait que je ne fasse rien d’autre que de m’asseoir. Vérifiant tout de même, je profitais du fait que ce soit le seul à me voir pour étirer mes lèvres, lui offrant un sourire. Un vrai sourire. Le seul vrai sourire que j’ai offert en trois ans d’existence avec les humains.
Je pense qu’il a compris que mon sourire était bien plus rare que mon espèce car il se mis à sourire également, comme par automatisme. C'était une sorte de remerciement, je le remerciait de prendre soin de moi. Même pendant quelques secondes.
Oh c’était bientôt la fin. Je me mis automatiquement devant tout le monde et les laissais s’approcher de moi. Mon beau brun se leva de sa place, la même à chaque fois, celle où l’on me voyait le mieux. Quand tout le monde fut partit, c’était à son tour de pouvoir me toucher.
Je le regardais, m’enfermant dans une bulle imaginaire où nous étions les seuls à l’intérieur. Ses yeux m’hypnotisaient, j’avais envie de le regarder de plus près, encore plus près. Son visage était agréable à regarder, je n’y voyais aucune imperfections. Sa peau, semblable à de la porcelaine, paraissait douce au toucher. Je me retenais vraiment de le toucher.
Sa main s’avança d’elle-même, prenant la mienne dans la sienne. Surpris par ce contact, mes joues se mirent à se teinter de rouge tandis que mon regard se baissait sur nos mains liées. Et comme si je lui avais posé la question, il me répondit de lui-même.
« Levi… »
Je le regardais, sans vraiment comprendre, avant qu’un sourire prit place sur mon visage. J’hochais la tête, ravis de pouvoir mettre un nom sur cet humain intéressant.
« Eren… »
A son tour de sourire, me donnant des crampes aux joues. Sa main lâcha la mienne et je fus presque étonné lorsque l’idée de le quitter me brisa le coeur. Il m’adressa un dernier regard avant de partir, me ramenant à la réalité.
Levi… J’avais tant de questions sans réponses… J’avais tant hâte d’être dans deux jours...
Premier chapitre après un an d'abandon de cet ancien OS. Qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à me donner vos avis en commentaires, qu'ils soient positifs ou négatifs. Tous commentaires m'aident ! ^^
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Mermaid
FanfictionDerrière la magie du spectacle se cache l'envers du décor. Commencé : 20 octobre 2018