🧸𝑷𝒓𝒐𝒎𝒆𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒎𝒆𝒊𝒍𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔🧸

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Le 02 octobre 2017

Sur le chemin que j'emprunte tous les matins pour aller chercher le petit-déjeuner de mes réfugiés, l'orphelinat de la ville se dresse devant le ciel gris. Alors, une crise de souvenirs me prenant soudainement, je m'arrête. Du bout des doigts, je caresse le mur qui sert de clôture jusqu'à arriver au portail. J'observe le visage de ses êtres tristes à travers les fenêtres jaunies par le temps. Je dévie le regard vers les pierres qui se désincrustent des murs, la grille en fer forgé rouillée et grinçante, laissant apparaître des orphelins jouant au printemps, se prélassant sous le préau en été, sautant dans les flaques en automnes et regardant de leur regard vide le ciel grisâtre en hiver. Je repense aussi à ses années passées dans ce grand bâtiment...

J'ai fait partie de ces gosses moroses. Comme eux, abandonnés aux mains de ses dames rigides et froides. Comme eux, j'avais cet espoir d'une famille aimante, d'un toit chaud et d'une vie heureuse.

J'ai pu quitter l'orphelinat à ma majorité, j'avais trouvé un endroit où dormir et un petit boulot, j'ai hérité de la grande maison de mon propriétaire en 2004 et j'avais enfin trouvé une stabilité dans ma vie.

Après cela, tout s'est passé très vite. Mon travail dans un bar m'a permis d'avoir une place dans une maison de disques. J'ai eu du succès pendant quelques mois, et puis plus rien. Mon talent était passé et plus personne ne voulait d'une voix jolie mais bien trop banale. Alors, j'ai quitté la maison, je vivais de l'argent des ventes et de mes quelques économies.

Et, pendant le jour où j'ai perdu mon travail et ce 24 août 2012, j'ai réfléchi. Je voulais faire quelque chose, pour ces enfants abandonnés avec un talent. Je voulais faire quelque chose pour qu'ils touchent les étoiles. Je voulais les prendre sous mon bras et les aider.

Ce 24 août 2012, je suis partie de chez moi, avec de la détermination dans les yeux, Louboutin rouges au pied, direction l'orphelinat. Le soleil était déjà plutôt haut dans le ciel, une brise matinale se mêlant dans mes cheveux roux. J'ai poussé la grille avec un léger sourire et une boule dans la gorge. Je suis passée devant un groupe de petites filles qui jouaient avec une corde à sauté effilée, elles m'ont fait de magnifiques sourires et une lueur d'espoir s'était installée dans leur jolis petits yeux bridés.

Je suis rentrée par la suite dans le bâtiment, comme je m'y attendais, une odeur de renfermé m'a accueillie à bras ouverts. Une dame est venue me voir, elle avait un air surpris collé à son visage ridé.

- Jeong GyeongA !
- Madame Choi !

Elle a accouru vers moi et a pris mon visage entre ses mains abîmées.

- Comme tu es belle. Que nous vaut ta visite ?
-Je suis venue adopter.

Elle m'a amenée dans la salle commune, tous les enfants ont arrêté de jouer pour me regarder.

-Hum... bonjour ?

Attaquée. Par des enfants.

Ils voulaient tous que je les prenne dans mes bras. J'ai essayé comme je pouvais de leur offrir un peu de tendresse. Puis, je suis revenue vers Madame Choi pour lui demander si tous les enfants étaient là, elle m'avait répondu que non. Il y en avait un qui restait toujours dans son coin, à combler les lignes de partitions jaunies.

J'ai demandé à le voir. Son teint était tellement pâle, ses cheveux bruns bouclés tombaient dans ses yeux marrons. Dans son sweet noir élimé, il semblait tellement... perdu. Oui, c'était le mot. Perdu.

Je lui ai alors demandé son prénom.

- Je m'appelle Christopher.
- Christopher...
- Les autres m'appellent Chris, ou Chan, c'est plus court...

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