Paradoxe (nouvelle fantastique)

Partie 2

Je marchai jusqu'au bus et m'installai à ma place habituelle, puis commençai à m'endormir, bercée par le ronronnement du moteur.

J'attrapai la main de Niko et le suivit jusqu'à la sortie du lycée. Mon frère Joris nous attendait avec sa nouvelle voiture, il venait de passer le permis et avait insisté pour nous emmener à cette fête, ce qui était aussi une occasion pour lui d'aller passer une soirée avec les amis qu'on avait en commun avant de partir deux semaines chez nos grand-parents à Orléans. Nous montâmes dans sa voiture et roulâmes jusqu'à la maison d'Adrien, l'ami à nous chez qui avait lieu la fête.

Deux heures plus tard, l'ambiance était à son plein. Des adolescents dansaient dans le salon, d'autres discutaient dans le jardin... Je m'amusait avec Niko sans voir le temps passer.

Vers deux ou trois heures du matin, je commençais à me sentir fatiguée : mes paupières devenaient lourdes et mes jambes en demandaient qu'à ce que je m'assoie. Je me tournai vers Niko et lui hurlai à l'oreille pour couvrir le bruit de la musique :

« On peut rentrer ? Je suis fatiguée.

_ Oui, moi aussi. On va chercher ton frère ? »

J'acquiesçai avant de parcourir la pièce d'un regard circulaire à la recherche de Joris. Ne le voyant pas, je me dirigeai vers le jardin, où il n'étais pas non plus. Je demandai donc à une amie à lui, Sandra je crois, qui m'indiqua là cuisine en grimaçant. Quand j'y parvins, Niko à ma suite, je compris son geste. Mon frère était à moitié couché sur la table, une bouteille à la main. Je l'interpellai, et quand il me m'aperçut enfin, il me dévisagea longuement, avant de fixer un point derrière moi. Il pointa soudain Niko du doigt.

« Toi !

Mon copain me jeta un regard d'incompréhension, auquel je répondis par un haussement d'épaules. Mon frère se leva difficilement et tituba vers Niko.

_ Tu lui as toujours pas dit ! », fit-il en me désignant du menton.

Les muscles de Niko semblèrent soudain se contracter, comme s'il avait un frisson de peur, et il sembla lui jeter un regard noir. Cette fois, ce fut à moi de lancer un regard interrogateur à mon petit ami et à lui de hausser les épaules.

« Il ne peut pas nous ramener dans cet état ! » dit celui-ci.

Je hochai la tête.

_ Mmh, on fait quoi ? demanda-t-il.

_ Pas le choix, on dort ici.

_ Ou on peut rentrer à pied, ce n'est pas si loin !

_ Tu es fou ? Il est trois heures du matin !

_ Oui, tu as raison. »

J'allais dans le salon pour récupérer mon sac que j'avais laissé sur le dossier d'une chaise quand je me souvins de l'étrange échange qui avait eu lieu une minute plus tôt entre mon frère et mon copain. Je retournai donc voir Niko.

« De quoi parlait mon frère ?

_ Aucune idée.

Mais je savais quand il me mentait.

_ Dit moi la vérité ! Qu'est ce que tu ne m'as pas encore dit ?

_ Iléna, ton frère est complètement bourré !

_ Justement, il dit ce qu'il pense ! Toi, en revanche, tu mens !

_ N'importe quoi ! »