Partie 1

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(NDLA : les paragraphes en italique sont les flash-back (ou les "rêves"))


Mon réveil retentit et j'ouvris vivement les yeux. Même si, en ces deux semaines, j'avais appris à ne plus faire de cauchemars, on ne peut pas dire que mon sommeil était profond. Je me levai, m'habillai et me forçai à manger avec la même indifférence que j'avais adopté depuis le début des vacances de noël que j'avais passées à Orléans. Une fois dans le bus, où j'étais encore toute seule étant donné que j'habitais le plus loin du lycée, je me posai contre le dossier et réfléchis à ce jour de rentrée. Il fallait que j'oublie le drame qui était arrivé deux semaine plus tôt. Que je ne laisse pas cette sensation de terreur s'emparer de moi et me hanter.

La paysage de campagne défilait à côté de moi, les prés humides et verdoyants, le ciel gris et froid.

« C'est de ta faute...

Je sursautai et me retournai vivement

_ Qui est là ? »

Mais personne ne répondit. Il n'y avait rien. Je fronçai les sourcils, plongée dans une incompréhension totale, et jetai un regard autour de moi, qui me donnai la malheureuse occasion de découvrir l'endroit où je me trouvais. La route était encore tachée de sang.

« Arrêtez vous !

Le chauffeur se retourna vers moi.

_ S'il vous plaît, il faut que je descende. »

J'avais envie de vomir, et une douleur cérébrale commençait à se faire ressentir, de plus en plus forte. Je descendit du bus et le vit.

Le corps de la personne que j'aimais le plus au monde, au milieu de la route, étendu et geignant de souffrance. J'accourus et me pencha sur lui.

« Niko... que s'est-il passé ? Comment... »

Mais il ne pouvait déjà plus parler. Son corps secoué de spasmes baignait dans une flaque de sang. Je me mis à hurler, à pleurer, n'étant pas capable de faire autre chose devant l'agonie de l'être le plus cher que j'avais en ce monde. Je ferma les yeux sur cette scène horrible...

... et les rouvris sur cette route absolument propre, sans aucune trace du terrible drame qui avait eu lieu en son milieu. Étais-je folle ? Je remontai dans le bus et me rassis. Jetant un regard sur la foret à ma gauche, je vis une silhouette courir à travers les bois. Je connaissais cette silhouette, il n'y avais aucun doute, mais qui était-ce ? Je secouai la tête. Il fallait que je me reprenne. Je ne pouvais laisser ni la peur, ni l'incompréhension prendre le dessus.

Je sortis du bâtiment après les deux premières heures de cours que j'avais eu peine à suivre, et mon regard se posa instantanément sur un arbre dans un coin de la cour. C'était l'endroit où j'avais passé des heures, dans les bras de Niko, à rire sans me douter que je vivais les plus heureux instants de ma vie. Je fus soudain prise d'un frisson. Quelqu'un me regardais, sous cet arbre, d'un regard jaune et effrayant. Je m'approcha dans la direction, mais l'ombre se retourna et disparut. Je fronça à nouveau les sourcils : il n'était pas permit d'avoir des hallucinations de cette envergure !

Je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche et je sursauta.

Je l'attrapa et regarda l'écran qui venait de s'allumer. Un message des parents de Niko.

« Même si c'est dur, nous te souhaitons un joyeux noël. L'enterrement à lieu aujourd'hui, nous savons que tu ne peux pas venir, mais nous pensons fort à toi. Nikolas t'aimait tant ! Nous espérons que tu te remets de ce triste évènement. Nous t'embrassons. »

Une douleur me serra le ventre. Même si j'étais encore en Bretagne, à Carville, où nous habitions, je n'aurais pas voulu venir à l'enterrement. Je ne voulais pas laisser les souvenirs remonter en moi, ils étaient trop douloureux.

« Iléna ! On va manger, tu viens ? »

Je suivis ma cousine en bas et m'efforçai de sourire, pour faire semblant, pour prouver à ma famille et à moi-même que j'allais bien.

Ce n'était qu'un message de ma mère, me disant qu'elle serait absente ce soir à cause de son travail.

A la pause de midi, je rejoignis ma meilleure amie Katlyn à une table du réfectoire. Elle n'était pas là le soir de l'accident de mon petit ami, mais elle était au courant et savait que je ne voulais pas en parler. Alors on parlait comme si de rien était, de nos profs, de nos parents, de ses nombreux amours, comme avant. Mais la discussion était fade, vide. On ne riait pas. Je n'écoutais pas vraiment ce qu'elle disait,j'y répondais avec un désintérêt palpable. On le savait toutes les deux, mais on ne savais pas quoi dire d'autre, il régnait donc une atmosphère de gêne qui nous mettait mal à l'aise. J'étais en train d'y penser quand tout à coup, un énorme sursaut me fit me lever de ma chaise. Je l'avais entendu. J'en étais sûre cette fois !

« C'est de ta faute... »

Ce n'était qu'un chuchotement presque imperceptible, mais je l'avais entendu, c'était certain ! Je balaya la salle du regard. D'où pouvait-il bien provenir ?

« Qu'est ce qu'il y a ? Ça va ?

Je ne pouvais pas lui dire. C'était trop étrange, elle ne me croirait pas.

_ Heu... rien. T'inquiètes.

Elle me considéra avec attention.

_Tu sais, si tu as besoin de quoi que ce soit, même pour parler,je suis là, d'accord ?

_ Je... merci. »

Elle me sourit, et j'essayai de faire de même pour la rassurer, mais j'avais un mal fou à remonter les coins de mes lèvres.

A la fin des cours, je me dirigeai vers les toilettes et j'entrai dans une cabine.

Toc, toc, toc !

« Ilé, dépêche toi, on va être en retard à la fête !

Ce soir, j'allais avec Niko et mon frère Joris à une soirée pour fêter les vacances. Ça faisait une éternité que j'attendais ce moment ! Ça allait être génial !

_ Oui j'arrive ! »

Toc, toc, toc !

« Qui est là ?

_ C'est de ta faute »

Je bondit sur mes pieds. J'allai l'attraper ! J'ouvris la porte à la volée et me précipita hors des toilettes. Mon cœur battait si fort que je crus une instant qu'il allait exploser dans ma poitrine. Il n'y avait personne. J'allais donc vers le lavabo, quand la porte de la cabine claqua. Je tourna la tête pour vérifier. An effet, la fenêtre était fermée, il n'y avait aucun courant d'air qui aurait pu déclencher cet évènement. Je m'aspergea alors le visage d'eau, espérant que cela stopperait ces étranges hallucinations.

Paradoxe (nouvelle fantastique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant