Chapitre premier

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A peine engagée dans l'allée, je commence déjà à regretter mon éclat de courage. Mes bras sont crispés autour de mes affaires, alors que j'entends quelques chuchotements s'élever sur mon passage. « Tiens, c'est Hermione Granger. Elle a drôlement maigri, tu ne trouves pas ? » ; « Je sais pas pour vous, mais moi je l'avais pas revue depuis la guerre. » ; « Elle était passée où ? — Sûrement terrée quelque part. » Ce ne sont que des paroles en l'air. Ce ne sont que des paroles en l'air. Je me le répète longuement, alors que j'avance peu à peu entre les différents compartiments, dans lesquels chaque élève prend le temps de tourner la tête pour me scruter de la tête aux pieds. Je ne peux empêcher un frisson de me parcourir l'échine. Qu'est-ce que je représente exactement aux yeux de tous ces gens ? Celle qui les a sauvés ? L'amie d'Harry Potter ? Une née-moldue, une Sang-de-Bourbe inutile ? Je ne sais plus vraiment ce que je dois penser de moi-même. Est-ce que j'ai été lâche de fuir l'Angleterre lorsque tout fût fini ? Certainement. Non, en fait, c'est même sûr. Je n'ai pas bien compris ce qui m'a pris, mais j'avais ce besoin impérieux de les revoir. Si j'avais su ce que cela donnerait... Non. Non, il faut que j'arrête avec tous ces "si". J'avais le droit d'y aller. J'ai bien fait d'y aller. Ou alors je tente simplement de m'en convaincre... 

Ces temps-ci, j'ai l'impression de ne plus être moi-même. Mes pensées sont diffuses, ridicules et sans le moindre sens. J'ai toutes les peines du monde à me concentrer sur mon travail, et je n'oserai jamais l'avouer face aux autres, mais j'ai même du mal à utiliser ma baguette magique. Tout ça, c'est à cause de ces vacances. Je crois qu'elles ont fini de me détruire. Oui, c'est ça : elles m'ont achevée.

Perdue dans mes pensées, je me fige lorsque je me retrouve nez-à-nez avec un blond que j'aurais préféré ne pas croiser tout de suite. Ses yeux bleu-gris me fixent intensément, et sans réussir à mettre le doigt sur le problème, je sens que quelque chose cloche. Malfoy, face à moi, fronce les sourcils et ouvre la bouche comme s'il voulait dire quelque chose. Je m'attends à tout : une insulte, une remarque sarcastique, une moquerie. Mais certainement pas à l'arrivée soudaine de Blaise Zabini qui s'interpose nerveusement entre mon regard et celui du blond. C'est à mon tour de froncer les sourcils. Je suis encore capable de faire preuve de logique et de bon raisonnement tout de même, et je sens bien que quelque chose est différent. Zabini, voyant certainement que je m'apprête à poser une question, me coupe avec empressement.

« Granger, bonne rentrée, souffle-t-il seulement. Allez Draco, viens, ajoute-t-il rapidement, empoignant fermement le bras de son ami pour le tirer à sa suite. »

Je n'ai pas eu le temps de dire un seul mot. Malfoy non plus. Il s'est laissé faire sans rien dire, sous mon regard stupéfait. Tout mon être me hurle d'agir, de faire quelque chose. J'ai besoin de tirer ça au clair. Mais à peine ais-je fait un pas vers la porte de leur compartiment, qu'une main se pose gentiment sur mon épaule.

« Hermione ! Moi qui commençais presque à croire que tu avais loupé le train, s'amuse Ginny, avant de me serrer dans ses bras, m'arrachant un doux sourire.
— Certes, j'avoue que j'ai bien failli le manquer, mais je ne me le serais jamais pardonné, je ris légèrement. Je suis contente de te revoir, tu ne peux pas savoir comme tu m'avais manquée.
— Ah oui, vraiment ?
se moque la rouquine en haussant un sourcil inquisiteur. Tu dois donc avoir une très bonne excuse pour ne pas nous avoir donné de nouvelles durant ces deux longs mois. »

Il était certain que mon silence radio serait le premier sujet à être mis sur le tapis. Je m'y attendais, bien sûr. J'avais préparé une excuse en béton, d'ailleurs. Mais face aux yeux émus de Ginny, je ne peux rien faire d'autre que rougir. A moins que cela ne soit pâlir, j'ai bien du mal à différencier les deux.

« Ginny... Je pense... Que je ne suis pas encore prête à en parler. Mais je t'assure que je le ferai, j'ajoute précipitamment.
— Ne t'inquiètes pas 'Mione. On avait tous compris que tu avais besoin de temps pour toi à l'écart de tout le monde. Même Ron l'a compris, c'est pour te dire. »

Mon visage a dû se décomposer, car Ginny se mord légèrement la lèvre.

« Désolée ! Je ne voulais pas...
— Non, non ! Ce n'est rien, je t'assure.
— Bon...,
reprend doucement Ginny, un peu gênée. Les autres nous attendent : ils ont hâte de te revoir !
— Et moi donc !
je renchéris avec autant d'enthousiasme que possible. »

J'ai bien vu que Ginny n'était pas dupe, mais je ne m'en formalise pas. Je suis sûre qu'en un seul regard, elle avait déjà réalisé que je n'étais plus tout à fait la même. Elle me connaît trop pour ne pas le voir. Je la suis cependant le cœur réellement léger, impatient de retrouver ces personnes qui font partie de ma vie et que je n'ai pas vu depuis bien trop longtemps. Lorsque Ginny ouvre la porte du compartiment, j'ai juste le temps d'entendre quelques exclamations joyeuses avant qu'Harry ne se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras. Je réponds volontiers à son étreinte, heureuse de pouvoir enfin le revoir. Il s'écarte après quelques secondes, le regard pétillant et les cheveux toujours autant en bataille. Cette vision m'arrache un sourire nostalgique, qui fait soupirer mon meilleur ami.

« Moi qui pensais que tu serais la plus heureuse de nous tous à l'idée d'être de retour ici, tente-t-il avec un maigre sourire. Je le suis reconnaissant d'essayer de détendre l'atmosphère.
— C'est la réalité. Disons juste que certaines choses ont changé..., j'explique simplement, les mains tremblantes. »

Harry ne dit rien de plus. Il se contente de m'offrir un sourire de plus, qui me réchauffe un peu le cœur. Je le vois se rasseoir et Ginny ne se fait pas prier pour s'installer sur ses genoux avec un sourire victorieux qui me fait plaisir à voir. Mon regard balaye les visages de mes amis, jusqu'à ce que je croise deux pupilles agacées. Je trésaille violemment en reconnaissant Ron, qui semble être le seul à me fusiller du regard. Je reste un instant hébétée, sans savoir que faire. Lui n'a aucune hésitation : il se lève et force le passage jusqu'à la porte en bousculant vivement mon épaule. Je me rattrape in-extremis sur le mur, un peu choquée par ce qu'il vient de se passer. Le silence règne désormais entre nous, et il ne me faut pas plus d'une seconde pour sentir la moutarde me monter au nez. Je claque la porte que cet idiot n'a pas pris la peine de fermer et je me laisse tomber sur la première place vide que je trouve sur la banquette. J'ai beau faire la fille énervée, mes jambes tremblent affreusement, et j'ai envie de pleurer. Je jette un regard perdue à Harry et Ginny, qui semblent tout aussi désolés que les autres. Mais cette pitié qui teinte leurs pupilles, je ne veux pas la voir. C'est pour ça, que je n'ai toujours rien dit. C'est pour ça que je ne veux pas en parler. Je ne veux pas qu'on me considère comme « la pauvre Hermione qui a tant souffert ». Je suis une grande fille, je suis encore capable de me débrouiller seule. Enfin, je crois.

« Ce n'est vraiment qu'une bouse de dragon, marmonne Ginny qui s'est accroupie face à moi. Il va m'entendre celui-là !
— Ginny, s'il te plaît. Je crois que je ne veux plus trop entendre parler de lui... »

Et cela me fend presque le cœur de le dire, même si je le pense de plus en plus fort. Bien sûr que je l'aime encore comme une folle. Bien sûr que je n'ai qu'une seule envie, c'est l'embrasser. Mais quand j'ai pris l'initiative de lui avouer que j'avais besoin de m'éloigner un peu de tout, Ron ne l'a pas bien pris du tout. Il a fait son Ron tout craché et m'a dit : « Je ne dois pas compter autant que ça si tu ne veux plus me voir. Visiblement, je crois qu'on va en rester là. » J'ai eu beau tenté de lui expliquer, il n'a rien voulu entendre. Je pensais m'éloigner tout en pouvant compter sur lui, mais ce fut tout l'inverse. Et je ne crois pas m'en être remise. Désireuse de détendre l'atmosphère, je claque légèrement des mains et me redresse.

« Bon ! Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire... Qui commence ? je demande avec un sourire. »

Je sais que détourner l'attention des autres vers quelqu'un d'autre que moi-même ne marchera pas très longtemps. Je sens toujours les regards pesants de mes amis sur mon visage, mais je tente de faire bonne figure. Je souris, papote avec tout le monde, comme Hermione Granger l'aurait fait. Mais suis-je toujours Hermione Granger ?


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Voici le premier chapitre (youpiii enfin) de Mémoire perdue ! Je viens de voir que pour le prologue, je n'avais mi aucun petit mot !! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, comme toujours je me ferai un plaisir de tous vous répondre :)

Bonne fin de journée à vous, et faites bien attention à vous et à vos proches en cette période particulière <3

xoxo

na-nouu

Mémoire perdue | DRAMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant