2) Me présenter?

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Pdv Sonia:
24 août 2027

Deux jours que je suis ici.
Deux jours que je moisis dans cette pièce.
Deux jours que je me demande quand la police va arriver accompagnée de mes parents et de ma fratrie.
Deux jours que l'homme vient me rendre visite.

Je commence à le connaitre par cœur:

Si je veux m'occuper avec des crayons et des feuilles, il souffle un vague non.
Si je veux le suivre à l'étage, il refuse
Si je veux prendre une douche, il grogne négativement.
Si je veux manger, il me lance un fruit quelconque.
Et si je veux sortir, il me claque...

Il n'est pas bavard. Il m'a rien expliqué.

Ni ce à quoi je lui servais.
Ni celui à qui je suis destinée.
Ni pourquoi il m'a enlevé.

Il ne répond pas souvent aux questions et quand il y répond c'est vaguement. Parfois d'un hochement de tête, des fois d'un grognement presque imperceptible... Et quand il donne une vraie réponse, elle est formulée pour qu'une autre question se pose a la suite...

J'ai observé toute la pièce. Une petite cave d'environ 15m² (un peu comme ma chambre). Un escalier y descend. L'homme arrive par l'escalier à chaque fois. Il n'y a pas d'autres issues de toutes façons... Les murs sont tapissés de motifs discrets et assez abstraits.La pièce est toujours sombre. La lumière vient seulement d'une petite vitre haut dans le mur. Et pourtant la fenêtre montre le sol de près. Ce qui veut bien dire que je suis dans une cave sous le sol... D'ailleurs le sol de la cave est recouvert d'un carrelage glacé et très sombre.

En une seconde, la cave fût éclairée. La luminosité me brouilla la vue. Deux jours que je voyait vaguement la luminosité extérieur par la petite vitre... Et aujourd'hui, Il allume la lampe. J'avais vu l'ampoule. Mais, comme à chacune de ses visites, Il ne l'allumait pas, j'étais persuadée qu'elle ne fonctionnait plus... Le plafond était légèrement plus bas que ce que je m'étais imaginée.
L'Homme était à la moitié des escaliers, la main sur le mur ou plutôt sur l'interrupteur sur le mur.
Il n'avait pas changé, juste de tenue. Aujourd'hui Il portait un jean foncé et un tee-shirt toujours aussi moulant. Il avait un sourire ravageur collé sur sa gueule d'ange... Il ne m'aurait pas enlevé, j'aurai pu baver devant Sa tête...

Il descend lentement, Ses doigts glissant sur le mur quand Il avance. Ses pas tonnent dans ma tête et s'amplifient à force de cogner ma boîte crânienne. Je ne bouge pas mon regard et continue de Le fixer.

Il s'avance vers le lit où je me trouve. Je reste assise, stoïque face à Son regard sombre. Assise en tailleur sur un vieux lit face à un homme grand et debout équivaut à une souris face à un géant! Il s'assoit près de moi en mettant Sa main sur la mienne. Je décroche mon regard en une fraction de seconde et recule jusqu'à ce que mon dos touche le mur. Face à ma réaction peut-être infantile, Il sourit.

"Tu as peur de moi?"

Sa voix rauque me surprit tout autant qu'elle me rassura. Entendre une voix autre que la mienne fait toujours du bien. Je baisse la tête et porte une admiration sans faille à mes pieds et à ce vieux matelas pour éviter Ses yeux. Il approcha sa main de mon visage et Il caressa mes cheveux.

"Tu sais que ça fait 2 jours que tu es ici et que tu ne parles que pour me demander quelque chose?"

Je n'ose pas bouger. Il m'effraie tellement... Comment j'ai pu me laisser prendre comme ça... J'ai été si bête! Il paraissait si gentil au début...

"Parle moi de toi..."

Je secoue négativement la tête. Raconter ma vie n'est pas dans mes priorités. Surtout s'il a prévu de me tuer juste après... Qu'il arrête ce massacre et me tue de suite alors!

"C'est une obligation ma belle!"

Je frémis. Je ne sais pas si c'est son ton autoritaire, sa façon de m'obliger de présenter ou juste son《ma belle》qui me donne des frissons...

"Je m'appelle Sonia...

_Ton nom?

_Beckers...

_Ton âge!?"

A chaque fois qu'il me posait une question il s'énervait.

"_J'ai 12 ans...

_Par contre je vais pas te poser toutes les questions! Présente toi!"

Il s'énervait super vite. Je frissonna, je ne savais pas quoi dire... Qu'est-ce qu'il voulait savoir? Si j'avais appelé les flics? Si mes parents sont riches pour leur demander une rançon? Si j'avais peur de la mort?

Ses traits se durcissaient au fil des secondes du silence. J'ai peur de lui... Je rapproche mes jambes à mon corps, les entourent de mes bras, me mettant dans une position de sécurité. Une larme m'échappe. Je l'essuie le plus rapidement possible.

"Tu pleures, bella?"

A son ton doux, je sût qu'il s'était calmé. Je resserra mes bras autour de mes jambes et plongea ma tête dans le creux.

"Saches que je ne voulais pas m'énerver... Tu m'as cherché, c'est tout..."

Toutes les émotions emprisonnées en moi se libèrent en une seconde suite à cette phrase: la peur, la haine, la douleur, l'adrénaline... Je relève ma tête et le regarde le plus méchamment possible.

"Ne pas vous énerver? Vous me demandez quelque chose d'impossible à réaliser! Je ne suis pas une poupée qui a une vie parfaite! Je vous ai pas cherché! Vous cherchez des emmerdes tout seul! Et c'est comme ça que vous finirez, tout seul, si vous enlevez des filles!"

Ma joue me brûla instantanément et je mis une seconde avant de réaliser qu'il venait de me gifler. Une fois de plus...

"Encore un monologue de ce style et je te supprime tous tes bonus, c'est-à-dire ton lit, les toilettes ou autres, c'est clair?"

Il se leva en touchant brièvement mon genou. A ce contact tout mon corp se crispa.

"Je te laisse alors, à demain ma belle! Dors bien! Je te laisse le plateau repas dans l'escalier."

Puis après avoir dit ça, il remonta les marches, éteint la lampe et referma la porte.
Le noir revint aussitôt. On n'entendais plus que mes sanglots étouffés.
Je resta très longtemps dans cette position.

Lorsque je bougea enfin, je me leva du lit. Mes jambes étaient engourdies après être restées dans une position inconfortable durant longtemps. J'eus extrêmement froid aux pieds. Je jeta un œil vers la petite vitre. Il faisait maintenant nuit. L'air frais devait entrer par le sol. Je n'avais rien pour couvrir mes pieds ni mon corps. Je portais seulement une légère culotte et un soutien-gorge. C'était lui qui m'avait arraché mes vêtements et m'avait donné des sous-vêtements de rechanges. Je fila vers le miroir qui se trouvais près des toilettes. Je portait encore la marque sur mon bras de l'enlèvement. Ma joue était rougie par la claque précédente mais ce n'était que temporaire.

Je regarda rapidement le plateau repas. Une bouteille d'eau d'un litre et demi, une demie baguette accompagnée d'une tranche de viande et deux prunes.
Même si j'ai faim, même si les prunes sont mes fruits préférés, je ne touche pas au plateau, le laisse dans l'escalier et va me coucher sur le matelas...

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