Éclairée

3) Cours de français agité

Pdv Sacha:
25 août 2027

La copie se trouve devant moi. Je ne l'a regarde pas. Je fixe la fenêtre. En cette fin d'août, le soleil brille encore, il y a un léger vent mais il ne rafraîchit pas cette journée. Je regarde les arbres dehors, le vieux parc de jeu. Une vielle balançoire qu'on adorait avec Tessy, un toboggan qui nous a occupé durant des heures... Il n'y a que deux enfants dans le parc. Deux petites filles d'environ 5 ans. Elles sont toutes les 2 brunes mais l'une a de légers reflets roux au soleil. Ce qui me plonge immédiatement dans mes songes.

Où est Sonia?

Elle qui a toujours été indépendante et plus ou moins solitaire. Ses amis devaient presque ramper devant elle pour qu'elle leurs adressent un sourire. Elle aimait être en confiance et gare à l'inconnu qui s'approchait trop près d'elle. Elle aimait les combats dès jeune, elle a toujours été spéciale. Pas envie de faire de grandes études, pas envie de mettre des jupes, pas envie de faire de la danse ou de la gymnastique, juste envie de faire le moins possibles, juste envie de mettre un vieux jogging, juste envie de faire de la course ou de la boxe...

Elle n'a pas suivis l'exemple des parents, du mien ou de sa sœur.

Quand elle s'est fait virée du collège privé où toute la famille a étudié, elle n'était pas triste. Tous s'inquiétaient de son dossier scolaire, la seule chose dont elle se souciait s'était sa réputation et ses amies.

Mais où est t'elle?

Quand maman s'inquiétait le soir du 22 août qu'elle n'était pas revenue; Tessy avait affirmé à maman que Sonia devait dormir chez une de ses amies. J'avais moi-même assuré à ma mère que Sonia s'était sûrement retrouvée sans batterie à dormir chez une connaissance, qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, que c'était bien l'habitude de Sonia de ne prévenir personne.
Mais quand j'avais entendu Tessy toquer à la porte de ma chambre, et que quand j'ai ouvert j'ai vu ma sœur en pleurs dans les bras de son copain... J'ai rapidement changé d'avis.

J'étais persuadé que Tessy accentuait. Mais quand j'ai vu la photo, le message...
Je suis tombé de mon nuage de petit aîné de famille qui pouvait tout contrôler.
A terre celui qui se prenait important.
Couché celui qui croyait réussir sa vie...

D'un coup j'entends un claquement. Je sors de ma bulle. Ma professeur de français venait de claquer ses mains sur ma table autour de la copie qu'elle avait distribué une demi-heure avant. Elle était penchée sur moi, son décolleté avantageux à ma vue. Ses longs cheveux bruns tombaient jusque sur ma table et ses yeux bleus azur me fixaient.

"Monsieur Beckers, mettez vous au travail! Je sais que l'on est en août, que nous avons commencé une semaine avant les autres lycées mais vous n'êtes pas le seul à vouloir sortir! Vos camarades aimeraient partir et pourtant, ils font le devoir! Et j'aimerais moi aussi être à la plage en bikini à bronzer au lieu de vous regarder faire une interrogation écrite, alors vous allez me faire le plaisir de mettre vos petits soucis personnels sans importance de côté et vous concentrez sur cette évaluation qui compte pour votre moyenne au bac!"

Mes soucis personnels sans importance? SANS IMPORTANCE??
Je me lève, ivre de colère:

"Non mais je rêve! Si ils veulent être dehors à tout prix, qu'ils sortent! C'est pas mon problème! Et puis vous, allez vous foutre à poil sur la plage! Exibez vous devant tous ces connards qui bavent devant votre décolleté! J'en ai rien à foutre! Mes soucis sont légèrement plus importants que de savoir que vous allez aller à la plage! Je m'en contrebalance de vous et de votre putain de contrôle qui compte pour le bac!"

Elle se relève de toute sa hauteur, étant légèrement plus petite que moi:

"Tu te fiche de moi là? T'était le meilleur élève de cette classe et tu t'en fiche du bac? T'as vu comment tu me parle? Tu mériterai que je te colle et que je t'envoie chez le directeur immédiatement!

_Bah allez y! Vous gênez pas! Et tant que j'y suis tout le bahut sais que vous êtes passé sous le bureau du dirlo!

_Tu as vu comment tu t'en prends à moi? Je Tai juste reproché de rêvasser et de penser à tes petits soucis personnels!

_Sauf que j'ai plus de soucis en ce moment que vous en aurez dans toute votre vie! Alors allez y, envoyé moi dans le bureau du dirlo, j'en ai plus rien à foutre! Au moins vous pourrez peut-être faire un détour par la plage car vous en rêver tant!"

La claque que je reçu me brûla la joue. La propriétaire de la main se tenait devant moi, raide, le bras encore en l'air. Je serra mes poings. La haine et la rage montait en moi tel un ascenseur émotionnel digne de montagne russe.

Deux bras puissants viennent me tirer en arrière contre la table suivante. La professeure recula elle aussi dans l'autre sens pour s'éloigner de moi et elle regarda sa main, comme si elle se sentais coupable d'avoir frappé un de ses élèves.

Qui est le con qui m'a tiré en arrière? Le con est en réalité une belle brune aux yeux presque translucides tellement ils sont clairs. Elle est rapidement rejointe par mes potes qui me retiennent de ne pas foutre la prof de français à terre. Je met mes affaires dans mon sac à dos, et quitte la classe avec plusieurs gars qui m'accompagnent.

"Franchement mec, elle avais qu'à pas venir te faire chier! Et puis c'est vrai... Elle nargue le monde avec ses seins! Dont le directeur d'ailleurs..."

Je regarde vaguement qui m'a suivis. Mattew, Karim, Paul, Malo et la brunette. Tous on l'air déterminés et la fille qui m'ai inconnue aussi. Je m'arrête quand elle allait parler.

"On se connaît?"

Pas que je m'y intéresse mais vu que l'on sort de cours et que c'est la seule fille qui nous accompagne, je me demande bien...

"Moi c'est Clairvie!"

Sa voix rauque me laissa surpris, aucun sourire. Elle portait des fringues déchirées et sombres. Je ne posa pas plus de question, mais elle me plaît bien...