John.

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L'eau froide coule sur mes mains. J'éteins le robinet et prends 2-3 papiers jetables pour me les sécher rapidement. Je me regarde une dernière fois dans le miroir : mes yeux sont si vitreux que mes iris paraissent beaucoup plus clairs que d'habitude. Quelques mèches s'échappent de mon chignon pour venir se poser sur mon visage. Je passe mes mains sur ma blouse blanche pour la lisser et sors des toilettes.
Je parcours le couloir multicolore de mon service. Tout est calme à cette heure-ci, toutes les portes sont fermées et je distingue seulement les rires s'échappant de la salle de soins un peu plus loin. Je fais une check-list mentale de ce qu'il me reste à faire. Je dois encore préparer quelques perfusions et faire un pansement.
Je pénètre dans la salle entièrement blanche ou mes confrères s'activent. Ils sont tous occupés à l'ordinateur, à fouiller dans la pharmacie ou à farfouiller dans les dossiers des patients. Tous sauf un, le nouveau : John. Depuis son arrivé, des choses étranges se produisent. A vrai dire, il m'est toujours arrivé des choses étranges, des coïncidences un peu trop flagrantes, des événement quasiment surnaturels, mais là, ça dépasse tout ce que j'ai déjà vécu.
J'ai déjà bossé pendant 2 jours avec lui, il est sympas, quelque chose m'intrigue chez lui. Je me sens comme attiré par sa normalité. J'ai déjà vu des hommes bien plus beau que lui mais... je ne sais pas. Ses yeux sont d'un vert fade, ses cheveux brun forme des boucles étranges sur sa tête. Il n'est ni musclé ni maigre. Il n'est pas immense pourtant il nous dépasse tous. Et que dire de son percing sous sa lèvre qui se mélange à sa barbe, je n'aurai pas aimé chez un autre mais pourtant ça ne me dérange pas chez lui.
Je me réveille soudainement, je ne sais pas depuis combien de temps je suis planté là à le regarder alors qu'il est adossé à un des murs, le téléphone du service collé à l'oreille. Je secoue ma tête et me remets au travail. Je réunis le matériel dont j'ai besoin et commence à préparer mes traitements.

- Qu'est ce qu'il te reste à faire ma belle ? me demande ma collègue.
- Un simple pansement, tu veux que je t'aide pour quelque chose ? Lui demandais-je.
- Non ça va aller, merci.

Je prends un charriot en métal et disperse ce dont j'ai besoin dessus. Boite de gant, une charlotte, un kit avec des compresses et des pinces, des pansements de différentes tailles. Il ne me manque plus qu'une chose... là ! De la Biseptine, ma collègue vient de la poser à sa place. Je m'avance pour la prendre quand tout à coup, ma main rentre en contact avec celle de quelqu'un d'autre.
BOUM.
Une lumière blanche m'envahit, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Je sens un vent glacial me fouetter et tout devient sombre. Une horrible migraine s'appart de moi. Il pleut, je me trouve au milieu d'une ruelle en pierre, je porte une... une cape ?
- Hé ! me crit John à quelques mètres de moi.
Lui aussi porte une grande cape noire.
Je ne comprends rien, j'ai à peine le temps de cligner des yeux et ça y est, la chaleur de l'hôpital me réchauffe de nouveau.
La lumière de la salle de soins m'éblouis.
Je regarde John avec des yeux ronds, je suis à deux doigts de vomir et cet horrible mal de tête et toujours là. C'est lui, il m'a touché la main et... et... comment expliquer ce qu'il vient de se passer ?
- Tu es gelé, me dit-il en fronçant les sourcils.
Je m'apprête à répliquer quand ma collègue de tout à l'heure m'interpelle pour que je vienne l'aider.
Je ne comprends rien, tout es flou, j'ai l'impression d'être dans le brouillard et... ça devait être une simple hallucination.

La journée passe avec une telle lenteur, j'ai été prise de nausées et de maux de tête tout le reste de l'après midi. Tout est de nouveau calme et moi, je me sens mal. Je n'ai pas arrêté de penser à la vision plus qu'étrange que j'ai eu tout à l'heure. Ça avait l'air si réel, je ressentais tout comme si j'y étais.
D'un coup, mes oreilles commencent à siffler et je suis prise de vertiges. Je m'en vais me réfugier dans la réserve, je tangue et renverse quelques produits sur mon passage. J'ai horriblement chaud et m'appuie sur le mur tout à fond. J'entends quelqu'un entrer derrière moi. C'est lui. Tous mes sens se bouleversent. Est-ce que c'est à cause de lui que je suis comme ça ?
Je me colle contre le mur gelé alors qu'il ferme la porte derrière lui. Mon coeur tambourine contre ma poitrine et ma respiration se bouleverse.
- Tu l'as vu toi aussi... je le sais, dit-il en s'approchant prudemment de moi.
Je suis en sueur, sa voix résonne dans ma tête et des flashs de ma vision de tout à l'heure me reviennent.
- Je... je vois pas de quoi tu parles, repondis-je faiblement.
La situation me paraît insoutenable.
- Depuis quand tu sais que tu as ces pouvoirs ? Continu-t-il.
- Quoi ? soufflais-je alors qu'il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.
Sans me répondre, il défait les boutons de sa blouse blanche.
Je panique, à quoi il joue là ?
Je m'apprête à agir mais mon corps est trop faible pour répondre.
Il dénude son épaule devant moi et je reste bouche bée. Cette marque qu'il a sur l'épaule, je la reconnais, j'ai la même sur la hanche. J'ai toujours cru que c'était une tache de naissance. Mes parents adoptifs n'ont jamais su m'expliquer pourquoi elle était là, et pourquoi elle a cette forme si particulière. Comment ça se fait qu'il ait la même ?!
- Tu en as une toi aussi, n'est ce pas ?
Je me contente d'hocher la tête.
- Et tu n'as jamais cherché à comprendre ce que ça voulait dire ?
- Je... Je ne comprends pas...
- Alors laisse-moi te montrer, souffle-t-il en portant sa main à ma joue.
J'y crois pas, ça recommence. La lumière blanche, le vent froid, ...
J'ouvre les yeux et retrouve la nuit, la pluie et cette cape qui me couvre de la tête au pied.
C'est étrange mais ma migraine est passé.
- Viens vite, il ne faut pas qu'on te voit ! Dit-il en me prenant la main et en m'entraînant dans le grand bâtiment en face de nous.
Un bibliothèque ? vraiment ?
- Qu'est-ce que c'est ? on est où là ? qu'est ce que ça veut dire ? Lui demandais-je complètement perdue.
- Calme-toi, je vais tout t'expliquer mais il ne faut pas te faire remarquer.
Je ne comprends vraiment rien.
La pluie tombe à flot, on est trempé. Nous montons les marches du bâtiment et rentrons vite fait, tel des voleurs.
Je ne prends pas la peine de regarder autour de moi, c'est un rêve, une hallucination, ça ne peut pas être vrai.
Comment avons-nous pu passer de la réserve de mon service à cet endroit où il fait nuit noire. On se croirait dans un monde parallèle.
Nous sommes définitivement dans une immense bibliothèque remplis d'étagère en bois, de sculpture et d'un grand escaliers centrale.
Je suis John dans les escaliers jusqu'à l'étage. Il me fait slalomer en silence entre les étagères pleines de vieux livres, je n'ai jamais vu ça.
Il s'arrête subitement et prend un gros livre couleur bordeaux et or dans ses mains.
- La ligue des 10.
Je fronce les sourcils et ouvre le livre alors qu'il le tient encore. Je suis frappé, sur la première page se trouve ma tache de naissance, la meme que celle de John.
- Il y a bien longtemps, le monde était dirigé par 11 mages, les plus puissants que nous n'ayons jamais vu, me dit John. 11 hommes et femmes qui avaient lié leur puissance et leur destin pour assurer l'ordre et la sérénité. Mais un jour, le 11ème mage déclara la guerre aux 10 autres. Cet événement divisa notre monde en deux, nombreux sont ceux qui passèrent du côté obscur et nombreux sont ceux qui y périr.
Au bout de 100 années de conflits, les 10 mages confrontèrent leur ancien ami pour l'anéantir. Malheureusement, la tâche fut si rude qu'ils y perdirent toute leur puissance et ils furent obligés de léguer le pouvoir de la Ligue de 10 à une nouvelle génération de mage : leur enfant. Depuis ce jour, la tradition est née : les mages s'aideront le pouvoir de la Ligue des 10 à leur enfant tous les 100 ans. Cependant, il y a 25 ans, un mage obscur émergea de l'ombre et enleva un des nouveaux nés, l'enfant du 9ème mage. Cette tragédie fit que les nouveaux mages n'ont jamais connus l'apogée de leur puissance, plongeant notre monde dans une nouvelle guerre contre l'obscurité et les privants de leur 10ème membre, les privants de toi.

999Où les histoires vivent. Découvrez maintenant