168 heures.

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J'ouvre les yeux en sursaut. Mon coeur bat à une vitesse folle, enfermé dans ma cage thoracique, il m'hurle de vouloir sortir. Je reprends mon souffle comme je peux. Mes yeux s'affolent, ils parcourent chaque coins de la pièce. C'est bon, RAS... calme toi.
J'enchaîne les cauchemars, chaque nuits est pire que la précédente et je ne comprends pas ce mal en moi. Pourquoi ? Pourquoi ces démons envahissent mes nuits, ils sont si réels, les tortures qu'ils m'infligent me marques un peu plus petit à petit, j'ai l'impression de porter leurs traces sur moi toute la journée. J'ai l'impression de sentir leurs griffes froides sur ma chaire frissonnante et mouillée par la sueur. Je peux encore sentir l'odeur de mon sang, sentir ce liquide chaud couler à mesure qu'ils me lassèrent la peau, les entrailles. Je peux encore entendre mes cris stridents, reflétant ma souffrance, en vain.
C'est tremblante, victime d'une douleur sourde, que je me lève, sortant de mon lit.
Il est 4h50 et comme chaque matin, mes pensées sont destinés à John.
Ça fait 1 semaine, 7 jours, 168 heures que ce qu'il s'est produit... s'est produit. 1 semaine que je fais ces foutus cauchemars. 1 semaine qu'il est en vacances et que je ne le vois plus au travail. 1 semaine que j'ai ces foutues interrogations dans ma tête.
Mais aujourd'hui, aujourd'hui c'est pire que tout. J'ai cette affreuse sensation, celle qui me dit que je suis en danger. Celle qui nous fait frissonner le dos alors qu'un immense vide nous entoure. Et la solitude... je suis seule dans cette merde, sans défenses.
Je secoue ma tête, raconte pas de la merde, il n'y a personne avec toi. Alors pour la énième fois, je vérifie toutes les pièces de mon petit studio. Je sors de ma chambre et ouvre la porte qui se trouve directement à ma droite. Le salon : personne, s'en suis directement de la cuisine : personne. Je referme cette porte derrière moi et affronte de nouveau le couloir, éclairé uniquement par la lampe dans ma chambre. J'ouvre la porte en face de moi, à gauche de ma chambre, la sale de bain : personne. J'en ressors et regarde avec crainte le bout de mon petit couloir, mon regard se dirige vers le fauteuil plongé dans l'obscurité juste à côté de la porte d'entrée. On dirait qu'une forme s'y dessine, pourtant...
personne.
Je retourne dans la pièce qui me rassure le plus : ma chambre, mon cocon. Je m'habille doucement, trop doucement. J'ai l'impression d'être à bout de force. Mes mains, non, tout mon corps continu de trembler. Je ne comprends pas, d'habitude ça se calme en quelques minutes après mon réveil.
Et ces tremblements ne font qu'accentuer mon sentiment de panique, de terreur, je dirai même de paranoïa.

C'est avec le coeur tambourinant que je sors dehors, dans l'obscurité de la nuit, dans la fraîcheur du matin encore privé de son soleil, me dirigeant vers ma petite voiture. Je traverse la route pour me diriger vers le trottoir d'en face, plus que quelques centimètres avant le réconfort et la sécurité. Plus que quelques centimètres avant de me débarrasser de cette sensation dans mon dos, de ce frisson, de cette griffe qui me touche.
Je me réfugie à la hâte dans ma carcasse en métal et verrouille toutes les portes. Respire. Je jette un œil à mon visage dans le rétroviseur, je suis affreusement pâle et en plus de ça, je suis totalement gelée malgré mon pull et ma grosse veste.
Mais ce n'est pas à cause de la fraîcheur automnal que j'ai froid comme ça. 
Je prends ainsi la route, peu rassurée, vers l'hôpital auquel je dédis toute ma vie depuis maintenant 3 ans.
3 années de paix, je dirai même de joie, réduis en poussière.
John... que m'as-tu fais ?
Pourquoi imprègnes-tu mes pensées ?
Je donnerai tout ce qu'il me reste pour revenir au jour où tu n'étais pas encore rentré dans ma vie. Car ce lien étrange qui nous uni, je suppose, me fais déjà tant de mal. Je n'arrive pas à concevoir qu'un monde, autre que celui auquel j'ai toujours appartenu, peut exister. Je n'arrive pas à concevoir que quelque part, tout le mystère de mon enfance ait une explication et qu'en plus de ça, que j'y sois importante.
Moi ? Un mage ? Mes parents biologiques ? des mages... impossible, improbable, irréel.
Des pouvoirs ? Quels pouvoirs, car moi je n'en ai aucuns.
Cependant, aussi absurde soit cette histoire, cette folle théorie, tout me paraît possible quand sa vient de lui. Ses mots graves qui résonnent en moi. J'ai l'impression de l'entendre dans mon sommeil. Il me chuchote à l'oreille à quel point je suis importante, à quel point ils ont besoin de moi. Et moi ? de qui j'ai besoin moi ?
J'aurai aimé que ma famille soit encore avec moi, pas mes parents biologiques non, je ne les ai jamais connus. Je parles de mes parents adoptifs, ceux qui m'ont élevé et aimé malgré que je ne sois pas de leur sang. Eux aussi ont disparu. D'ailleurs, leur mort m'a toujours intrigué, à vrai dire, nous ne pouvons pas parler de mort puisque leur corps ont tout simplement disparus. Du jour au lendemain, il y a 3 ans, je me suis retrouvée orpheline pour la deuxième fois, sans frère ni soeur, sans cousins, oncles ou tantes. Juste moi, Hope.
Quelle étrange ironie de littéralement m'appeler « espoir » alors que c'est une chose que j'ai arrêté de faire il y a bien longtemps maintenant.
espérer.
Le monde ne peut plus rien m'apporter.
Enfin, c'est ce que je croyais.

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