LOLITA

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Au loin voguent des réverbères tête nue

Dénudés de lumière ils quittent l'avenue


Des parfums de brume colorés d'habitude

Déplument leurs ailes d'albatros à bitume


Ils ne parlent plus du silence des vagues

Les algorithmes de leur enfance divaguent


L'eau figurant des galaxies en écume

Lit la transparente pureté qui allume

Ta bouche fluviale où ma vie transhume


Avec leurs becs de gaze en taffetas foudroyé

Ces étrangers sur terre ont leurs rêves broyés


Ailleurs leur vie de chagrin en fjords de chair

Les fait marins en mal de bouche coronaire


Ils pourraient suer tout le sang des toisons noires

Et toiser sans peur toutes les mousselines du soir


Lot amère des veines qui font naufrage

Lit d'un quartz inspiré par le rivage

Tas de charge en sable d'une cathédrale-mirage


Des réverbères en allée sur la mer nue

Virevoltent comme des nids de grèbe déchus


Leurs cheveux-cyprés les portent au lointain

Un papillon les tire les envolant plus loin


Près du bruit copain d'un ressac utérin

Où l'écume cosmique a des gestes câlins


Les branches écartelées qui s'entrechoquent

Ont l'air de grands squelettes désarticulés

L'air marin fait un tohu-bohu qui se moque

Ironiquement de nos amours mutilés

Tendre chimère des cris d'oiseaux de vagues

Ange-nébuleuse petite trublion musarde

LeucothéaWhere stories live. Discover now